SOULE ET SOLLEN

Le premier à s’épancher, dans les écritures, sur les origines du ballon rond dans notre pays fut le DrRaeymaeckers. Dans les Annales de la Société d’Archéologie de Bruxelles, on trouve sous sa plume un article intitulé : Une sorte de football au Moyen-Age à Tirlemont et à Jodoigne. (8)

Cette variante était, à l’époque, connue sous le nom de Jeudela Souille ou de la Soule. Auteur de l’Histoire de la Ville de Jodoigne (9), l’abbé Robert Hanon de Louvet indique que  » souille et souiller (pousser, jouer à la souille) sont des formes dialectales des vieux mots français soule et souler, déjà employés au 12e siècle. Le premier terme désignait une boule ou balle à jouer, qu’elle fût, comme à l’origine, de peau remplie de crin ou, ensuite, de cuir bourré de son voire de bois, de plomb, de terre cuite. Suivant les régions et les patois, on disait soule ou solle, choule ou chole à Mons et dans le Tournaisis. L’autre terme exprimait, lui, l’action de jeu, qu’il fût joué par des enfants ou des grandes personnes « .

Quant aux règles du jeu, elles furent décrites au 18e siècle par l’un de ses témoins oculaires, l’échevin Philippe-André Crehen, qui rapporte que  » le 25 mars, jour de l’Annonciation de la Vierge, le Bailli de la ville de Jodoigne avait coutume de jeter sur l’une ou l’autre campagne une boule, de la grosseur d’une forte tête humaine, pour éprouver si la force des jeunes, d’un côté, l’emportait sur la valeur des hommes mariés, de l’autre, et qu’à cet effet, on délimitait deux bornes tout à fait opposées, pour voir celle des deux parties qui aurait la force de pousser la boule, ou bien la personne qui était en sa possession, jusqu’à l’endroit marqué pour signe de la victoire. Les gagnants étaient alors complimentés par le chef de la municipalité et conduits au son du tambour, suivis des vaincus, jusqu’à l’hôtel de ville, où l’on célébrait la victoire par des libations de bière de Hougaerde.  »

 » Etant donné les dégâts occasionnés aux cultures et l’obligation pour la ville de payer les indemnités aux plaignants, ce jeu relativement violent fut interdit en 1780  » observe Jean-Jacques Gaziaux dans son ouvrage Echos de 75 ans de Football à Jodoigne (10).

Non loin de là , à Tirlemont, même topo. Avec des recherches menées d’abord, en 1945, par Jan Lindemans dans De Speelterreinen van onze voorouders (11) et, plus tard, par Ann Van Roey dans son mémoire de licence en éducation physique pour la KUL en 1986 : Volkssporten en toponymie : bijdrage tot de Vlaamse Volkssport Dossiers (12). Tous deux relèvent dans leur publication bon nombre de termes ou de lieux ou le mot sollen ou l’une de ses variantes est utilisé. On citera, entre autres, des noms de localité comme Sollenheide, Solleweide, Solleveld, Solhof, ou encore, pour les Bruxellois, la fameuse plaine du Solbosch, où on sait que le foot a été pratiqué aux temps héroïques. Il est symptomatique de constater aussi que le verbe sollen existe toujours en langue néerlandaise aujourd’hui.  » Niet met zich laten sollen  » équivaut à  » ne pas se laisser faire  » ou  » ne pas se laisser marcher sur les pieds « .

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