Soubresauts

Pour l’entraîneur bruxellois, son club est un miracle permanent.

La vie n’est pas plus compliquée au RWDM que dans un autre club mais les répercussions médiatiques sont décuplées. Parce que le club a longtemps vécu en D1. Parce que, depuis sa culbute il y a trois ans, il clame son envie de revenir jouer dans la cour des grands. Il ne suffit pas de crier haut et fort que la D1 est une priorité, il faut également y mettre les formes et les moyens. Même si les hommes d’ Ariel Jacobs ont quelque peu décroché du tiercé de tête ces dernières semaines, ils n’en gardent pas moins une sérieuse chance d’obtenir un ticket pour le tour final.

« Tout le monde semble avoir oublié notre campagne de préparation cahotique », affirme l’entraîneur molenbeekois. « A l’époque, neuf personnes sur dix prévoyaient la culbute en D3. Même si nous sommes actuellement à notre place au classement général, ce résultat n’était pas prévisible. Personne n’a envie de revivre la mésaventure de la saison dernière où notre cinquième place n’a pas offert un billet pour le tour final. Néanmoins, notre situation actuelle est meilleure ».

Pourtant, chaque jour vaut son lot de difficultés pour Ariel Jacobs. Lui qui a volontairement quitté le nid douillet de l’Union Belge, il a d’emblée trempé dans un club où rien n’est jamais simple.

« Je ne me suis jamais posé la question : -Ai-je dû m’adapter? La situation était telle que je travaill sans arrêt. Les problèmes à résoudre sont quasi quotidiens. Cette instabilité constante était, pour moi, une découverte mais je m’y suis fait. Je ne pense pas pour autant que tout soit plus rose ailleurs. Les problèmes sont différents mais ils existent ».

Récemment, le club, pourtant sportivement en position très favorable, a été secoué par des soubresauts syndicaux. L’arrivée de Charles Simar à la tête d’un groupe de nouveaux investisseurs censés amener une bouffée financière d’oxygène à hauteur d’une centaine de millions se faisait attendre et les joueurs ont tenu à marquer leur impatience. D’ailleurs, à l’heure qu’il est, les nouveaux maîtres du club n’ont toujours pas fait connaître officiellement leurs intentions.

« M. Simar a annoncé sa venue le 23 décembre avant le match contre Strombeek. Depuis lors, je n’ai, à titre personnel, pas encore eu une discussion approfondie concernant la saison prochaine. Je ne m’inquiète pas pour moi mais pour mes joueurs. Sept joueurs sur dix arrivent en fin de contrat et tous se posent de légitimes questions. Quant à faire la grève, il n’en a jamais été question. D’ailleurs, je ne l’accepterais pas. Ce serait se mettre en porte-à-faux ».

Le RWDM parle d’un retour en D1. Pourtant, il faut se demander si le club mais aussi l’équipe sont réellement prêts à effectuer le grand saut? « Lorsque je regarde certaines rencontres de l’élite, je pense que, qualitativement, le RWDM actuel a les moyens de se maintenir en D1. Pas de jouer la coupe d’Europe évidemment. Même s’il faut se méfier des jugements hâtifs. J’étais convaincu, par exemple, que La Louvière avait sa place en D1. Quand je vois Lommel qui, avec la même équipe plus Ibrahim Tankary venu de D3, remonte sans trop de difficultés, je me dis que la stabilité a du bon. D’autant que la direction n’a pas hésité à conserver sa confiance à Harm Van Veldhoven qui, pourtant, était descendu l’an dernier! A Molenbeek, le brassage du noyau est trop important. D’autant que certains postes sont sous-occupés et d’autres abritent trop de candidats potentiels. Le club doit apprendre à raisonner à moyenne échéance et non sur le court terme ».

La qualité du centre de formation du RWDM a été régulièrement loué. Néanmoins, ces dernières années, la source semble se tarir. « Ce ne fut pas une bone solution de faire monter simultanément autant de jeunes. La plupart stagne effectivement. C’est d’ailleurs une question globale que je me pose : ne surestime-t-on pas souvent les jeunes en leur attribuant des qualités qu’ils n’ont peut-être pas? Regardez les jeunes du Lierse. En tant qu’entraîneur, il est évident que j’ai l’ambition d’un jour entraîner en D1. Je n’ai aucune idée de l’image que je véhicule. D’autant que, contrairement à de nombreux collègues, je ne possède pas un manager qui parle pour moi… ».

Jean-Marc Ghéraille

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