SON MATCH NUL AVEC MARADONA

Ils s’étaient déjà croisés à trois reprises durant leur carrière active, aux Coupes du Monde 1982 et 1986, sous le maillot de leur équipe nationale. En Espagne, la Belgique avait vaincu l’Argentine, tenante du titre (1-0) sur un centre banane de Frankie Vercauteren, froidement converti par Erwin Vandenbergh. Quatre ans plus tard, au Mexique, Diego Maradona a mis les Diables Rouges au supplice (2-0). Vercauteren ne se souvient plus du déroulement de leur troisième match, si ce n’est qu’il a eu lieu lors d’un tournoi estival à Barcelone, où jouait alors Maradona et auquel Frankie participait avec Anderlecht…

Jeudi dernier, les deux hommes se sont rencontrés pour la première fois en tant qu’entraîneurs, à Abu Dhabi. Vercauteren dirigeait Al Jazira, Maradona Al Wasl. La rencontre constituait le coup d’envoi de l’ Etisalat Emirates Cup, un tournoi auquel participent les douze principaux clubs des Emirats Arabes Unis avant le début du championnat, en octobre. Cette Coupe n’est pas la plus importante mais les cheikhs ne sont pas insensibles au prestige, surtout quand le match oppose Abu Dhabi et Dubaï, deux émirats rivaux. Pourtant, le stade Bin Zayed est pratiquement vide. Il peut accueillir 42.000 spectateurs et un projet prévoit son agrandissement à 60.000 sièges mais en annonçant, à la mi-temps, une assistance de 3.760 personnes, le speaker semble avoir grossi les chiffres. Pourtant, il s’agissait des débuts de Diego Maradona, contre le champion en titre.

Quand Vercauteren s’avance vers le banc d’ El Pibe de Oro et l’enlace, aucun photographe local ne le remarque. Le football est en plein boom aux Emirats ? Non.

Le score est de 3-3 quand, à dix minutes du terme d’un match désespérant, Al Wasl heurte le poteau pour la seconde fois. Jusque-là, Maradona ne s’est quasiment pas assis et a surtout volé le show à ses joueurs en maîtrisant un ballon de la poitrine, en s’énervant sur l’arbitre et en entamant un pas de danse avec son compatriote Mariano Donda, quand celui-ci a marqué. Cette fois, il lève les mains au ciel, le visage empreint d’incompréhension. Ses jambes arquées semblent s’effondrer sous son buste imposant. L’Argentin plie les genoux et pointe pouces et index, imitant des cornes, vers Vercauteren. C’est tout juste s’il ne crache pas le feu.

Une heure plus tard, la salle de presse est envahie par des femmes et des enfants, parmi lesquels quelques bébés. La plupart arborent le maillot bleu et blanc de l’équipe nationale d’Argentine. C’est tout sauf une conférence de presse. Les supporters du dieu argentin ont envahi la place. Maradona raconte n’avoir vu ni l’équipe locale ni Bercauteren en seconde période, qu’il n’y a eu qu’une seule équipe sur le terrain et qu’elle ne méritait certainement pas de perdre (4-3). Il impose alors le silence à son interprète anglophone. Le Geste s’exprime. Même ceux qui ne comprennent pas l’espagnol entendant Maradona marmonner à propos de mujeres et d’ hombres, en haussant les épaules. La salle se tord de rire. Maradona rigole aussi, il distrait encore un peu son public puis se lève. C’est l’heure des autographes.

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