1. Arsenal et Barcelone : similitudes.

Les Londoniens et les Catalans innovent et le font parfois dans le même registre. Certes, l’occupation du terrain des deux équipes est différente. Arsenal adopte le 4-2-3-1 tandis que Barcelone se déploie en 4-3-3 (ce sont les schémas d’avant match avant l’animation… et les surprises des chefs). Mais ces deux grandes équipes sont finalement unies par des ressemblances :

Elles disposent d’un duo de pierres angulaires comparables au centre de leur ligne arrière. Les Catalans y ont posté Oleguer Presas et Thiago Motta tandis que les Anglais misent sur la paire Kolo TouréPhilippe Senderos. Ces quatre joueurs s’installent et ne sont pas des titulaires indéboulonnables mais marquent des points. Leur temps de jeu n’est pas encore énorme. Touré mis à part, lui qui a toujours été arrière central, ils ont voyagé sur la pelouse. On les a vus dans la ligne médiane et sur les flancs autant que dans l’axe défensif. Ces variations de vécu ont multiplié leurs atouts personnels. Ils annoncent peut-être l’émergence d’une nouvelle race d’arrières centraux. En général, ces joueurs s’en tiennent à leurs missions et à une culture des automatismes les concernant de près. Les stoppeurs de Barcelone et d’Arsenal s’inscrivent plus profondément dans la vie tactique de leur équipe, comprennent ce qui se passe dans d’autres secteurs et y ont un impact.

Le rôle de récupérateur est aussi en phase de mutation. Il est vraisemblable que l’époque des deux  » aspirateurs ventouses  » devant la défense se termine tout doucement. Ce concept a connu ses grandes heures de gloire, notamment lors de la Coupe du Monde 98 : le couple Didier DeschampsEmmanuel Petit avait fait merveille. Claude Makélélé est un des représentants de ces médians jurant d’abord par la récupération. A l’heure actuelle, on retrouve le plus souvent deux pions devant les défenses. Ils ratissent mais doivent aussi porter le danger dans le camp adverse. Francesc Fabregas personnifie cette nouvelle génération de médians défensifs. A Londres, il a marqué un but et signé un assist face à la Juventus. Andres Iniesta est capable d’assumer les mêmes missions dans les rangs de Barcelone, qu’elles soient défensives ou offensives. Cette richesse annonce plus que probablement une nouvelle donne tactique. Avec de tels atouts, on devrait assister progressivement au retour du 4-2-4.

Marc Van Bommel et Deco se complètent et leurs apports sont intéressants en raison de leurs diversités. Le Hollandais s’infiltre au départ de la ligne médiane. Son coéquipier portugais, Deco, travaille dans le même secteur mais il utilise d’autres armes. Ce stratège s’exprime via son registre de passeur. On retrouve des duos similaires dans le camp d’Arsenal. Alexander Hleb perfore et Fredrik Ljungberg peut en faire de même. A leurs côtés, José Antonio Reyes et Robert Pirès excellent dans l’art de délivrer des passes décisives. Ces couples infiltreurs/passeurs se retrouvent aussi bien à Barcelone qu’à Arsenal même si l’occupation de terrain n’est pas identique.

Le mot galactique fait inévitablement penser au Real Madrid avec les heures de gloire de légendes désormais vieillissantes, sur le départ ou qui ont déjà émigré vers d’autres clubs. Arsenal et Barcelone ont leur extra-terrestre Ronaldinho et Thierry Henry. Ces deux stars galactiques peuvent faire basculeur le cours d’un match à chaque instant avec l’une ou l’autre de leurs armes : dribble, course avec ballon, passe décisive, tir au but, coup franc, vitesse, coup d’oeil, précision, inventivité. Ce sont deux droitiers qui préfèrent s’exprimer en partant de la gauche.

2. La complexité du système de Barcelone

Les Catalans ont développé leur propre occupation de terrain. Ce concept tient compte, bien sûr, de leurs atouts offensifs. Dans leur 4-3-3, le trio des médians gère des missions très importantes qui sont quasiment toutes de nature offensive. Ce triangle marque des buts et pèse dans les statistiques positives du Barça. Avec ses trois médians, ce club compte six éléments portés vers l’attaque auxquels on peut ajouter les deux arrières ailes. Aucune équipe au monde n’est aussi offensive. Cela a l’air simple mais cela s’appuie sur une organisation très complexe basée sur deux grands principes :

Iniesta, Van Bommel et Deco animent la ligne médiane de Barcelone. Le principe de base consiste, au départ de son secteur défensif, à toujours transmettre un ballon à un milieu de terrain tourné face au but adverse. Pour ce faire, et quand c’est nécessaire, les milieux de Barcelone peuvent décrocher, s’écarter de leur zone d’influence habituelle. Quand il y a encombrement, c’est une façon d’agrandir leur angle de lecture du jeu tout en n’oubliant pas l’essentiel : voir à chaque instant ce qui se passe dans le camp adverse afin d’y porter le danger au plus vite. Ce trio est surtout offensif et on peut même affirmer que Barcelone n’a quasiment pas besoin de pare-chocs défensifs. Pour en arriver là, il convient d’avoir un haut niveau technique qui limite considérablement les risques de pertes de ballons. Tout cela est très difficile à mettre au point.

Contrairement aux médians, les trois attaquants ont l’autorisation de détourner leur attention du but adverse sur le premier ballon. Ils décrochent, proposent des solutions si leurs arrières ne trouvent pas de chemin via les médians. Les attaquants peuvent alors se retourner, tenter l’exploit individuel, chercher les combinaisons avec les attaquants, attendre la montée des renforts venus de la deuxième ligne. Avec des attaquants de la trempe et du talent de Ronaldinho, Samuel Eto’o ou Henrik Larsson, les solutions ne manquent pas. Mais, au-delà de leur classe, tout le système mis en place par leur coach, Frank Rijkaard, est aussi basé sur l’intelligence, la réflexion et le travail.

PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE BILIC

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