Snobé en Serbie, il pense devenir belge

Bojan Jorgacevic a installé son bonheur à Wetteren où il passe le plus de temps possible avec sa femme, Maja, et leurs deux filles, Macha et Mia. Quand le solide portier des Buffalos parle de  » ses trois déesses « , son regard s’illumine encore plus. Il tient à cette sérénité familiale comme à la prunelle de ses yeux :  » Ma jeunesse n’a pas toujours été facile. Je ferai tout pour qu’elles n’aient pas de soucis. Quand Macha est née, je me suis précipité chez Ikea pour acheter tout le mobilier d’une chambre pour bébé. Cela peut paraître banal mais, pour moi, c’était ultra important. Ma fille avait sa chambre… Moi, à Belgrade, je n’avais jamais connu ce luxe-là. Nous avons dû nous contenter d’une pièce qui était à la fois la cuisine, la chambre, le living. Je sais ce qu’est la pauvreté. Et le chagrin aussi. J’étais au début de l’adolescence quand mon père est mort dans mes bras. La maladie avait miné son corps. Il était chauffeur de taxi. C’était un malheur de plus, mais nous n’avons pas cédé. L’adversité a forgé mon caractère de battant. Le football m’a permis d’en sortir et d’aider les miens. J’ai fait toutes mes classes au FK RAD Belgrade, le club cher à Ranko Stojic. Je n’oublierai jamais tout ce qu’il a fait pour moi. Stojic était comme un père pour moi.

J’ai beaucoup travaillé pour arracher ma place en D1. Le FK RAD Belgrade est un des meilleurs clubs formateurs de Serbie et a hébergé des joueurs très connus : Vladimir Jugovic, Miroslav Djukic, Ljubinko Drulovic, etc. Ils ont parcouru pas mal de chemin. J’ai rapidement compris que je devrais moi aussi quitter mon pays pour réussir. Même si j’ai été le gardien le plus prometteur de D1, on m’a oublié en Serbie. Les filets de l’équipe nationale sont le plus souvent défendus par Vladimir Stojkovic qui a du talent mais ne défend pas toujours les filets de Wigan, en Angleterre. On m’ignore alors que je suis titulaire : cela me touche profondément. A un point tel que je songe à demander la nationalité belge. Si je peux me donner à fond pour le football, je le dois aussi à ma femme. Maja avait un poste en vue dans la chaîne de magasins de mode Mango à Belgrade. Elle a sacrifié sa vie professionnelle pour que je puisse réussir la mienne…  »

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