Sniper sensible

Comme pendant ses six mois à charleroi, le buteur français de tubize prouve qu’il ne faut pas lui laisser le temps de viser.

Douce France, le pays de mon enfance : Jérémy Perbet devra changer le couplet du tube de Charles Trenet. C’est chez les cousins des Ch’tis qu’il a trouvé son football et un univers d’expression qui convient à ses atouts. Le frappeur de Tubize se distingue dans des conditions pas évidentes : il est un des bons artilleurs de l’élite.

Au début de la saison, le nouveau club de cet étonnant sniper n’était qu’un oisillon pour le chat. Perdu sur son atoll, il était le Robinson Crusoë de la D1 et devait se débrouiller avec trois fois rien pour rester en vie. Au fil du temps, son envie et sa roublardise lui ont permis d’améliorer son quotidien. Alors que Tubize cherchait son petit jeu, il plantait de temps à autre un but. Quand il a le ballon dans les pieds, Perbet résiste aux charges. Dos au but, l’attaquant français constitue un point d’appui très intéressant. Collectif dans l’âme, il profite de la hausse progressive du niveau de jeu de son équipe.  » Quand il marque, Perbet partage tout de suite sa joie avec l’auteur de la passe décisive et tout le groupe « , signale Albert Cartier.  » Ce joueur mesure tout le chemin qu’il a parcouru depuis son arrivée à Tubize. Je le connais depuis des années et je l’avais à l’£il quand il marquait comme il respirait en National. Il n’a pas beaucoup joué la saison passée et il a endossé son bleu de chauffe pour résorber ce déficit.  »

Le sérial buteur de Tubize revient sur les débuts difficiles :  » Tubize a dû travailler dans la précipitation : notre club aurait eu besoin d’un mois et demi de plus pour être prêt au coup d’envoi de la première saison de son histoire en D1. Il restait beaucoup de pain sur la planche pour tout mettre en place. Certains joueurs sont arrivés après les trois coups. Je songe à Grégory Dufer ou à Nicolas Ardouin. Leur impact est important dans notre effectif. Je n’ai jamais deviné la moindre once de découragement. Au fil du temps, Tubize a même fini par susciter la sympathie. Il y a eu un premier déclic à Malines où nous avons arraché un point. Pas facile car les Malinois s’appuient sur un public génial qui pousse sans cesse ses joueurs. Tubize a tenu, c’était un acquis. Un peu plus tard, il y a le succès contre Dender. Nous existions désormais en D1 et c’était important comme affirmation mais aussi au regard de notre travail.  »

 » Après la Coupe, Cartier savait très bien ce qu’il faisait « 

 » Chez nous, tout le monde sait parfaitement que le maintien en D1 passera par la sueur, la modestie, la volonté de ne rien lâcher sur le terrain en étant les premiers sur le premier ballon, le deuxième ballon, le troisième ballon, etc. Tubize, c’est de la gnack et de l’engagement mais il y a plus que cette condition physique qui épuise les autres. Toutes les lignes s’imbriquent désormais de mieux en mieux. Nous sommes progressivement plus efficaces. La défense a trouvé ses marques. Les milieux de terrain me ravitaillent avec une plus grande facilité et j’aime bien jouer avec Santiago à mes côtés. Il apporte sa profondeur et son rendement est en hausse après une période d’adaptation au football belge. Dufer assure évidemment un rôle important. Il a du métier et s’est tout de suite fondu dans notre réalité. Vittorio Villano nous apporte beaucoup comme tous les médians. Il faut être solide au centre du terrain. Avec un zeste d’expérience en plus, je suis persuadé que Tubize n’aurait jamais été remonté à Charleroi après avoir mené 0-2 au repos. Là, sur le coup, je me suis vraiment dit : – Dommage, ce passage à vide… C’était l’occasion d’impressionner ceux qui luttent dans le bas du panier. Ce ne sera pas facile mais j’espère que Tubize précédera quatre équipes au classement général à la fin du premier tour. Ce serait une belle réussite et cela nous permettrait d’entamer la suite avec des points de repère. Moi, j’en suis sûr : Tubize peut rester en D1.  »

Si les Brabançons s’en sortent, Raymond Langendries devra contacter Nicolas Sarkozy et Carla Bruni : Cartier mériterait la légion d’Honneur. Le général Cartier mène ses troupes avec une poigne de fer. Son crédit aux yeux de ses soldats aurait un peu chancelé quand il imposa un jogging de nuit et un entraînement matinal après la piètre prestation de Tubize à Mouscron, en Coupe de Belgique. C’était un coup de poker, un coup de génie mais il y eut plus de discussions qu’on le dit en interne. Ailleurs, il aurait été question de mutinerie. Ce danger a-t-il inquiété Tubize ?

 » Non, pas du tout : je crois que cet électrochoc a permis à chacun de bien réfléchir : pas question de répéter un tel non-match « , insiste Perbet.  » Dans un autre club, il y aurait peut-être eu des refus mais Cartier savait très bien ce qu’il faisait. La réaction ne s’est pas fait attendre. C’est le vrai Tubize qu’on a vu contre le Cercle Bruges. « 

Fils d’un directeur de banque et d’une aide-soignante, Perbet progresse en Belgique. En France, il n’a jamais pu faire le bond vers la L1. Or, c’est dans cet espoir qu’il avait quitté Moulins pour Strasbourg pendant l’été 2006. Que lui a-t-il manqué ?

 » A Strasbourg, en L2, je m’étais dit que le coach, Jean-Pierre Papin, me transmettrait une partie de son savoir « , dit-il.  » Et ce fut le cas. En tant que supporter de l’OM, j’étais aux anges. Papin était une de mes idoles. Au fil du temps, je me suis rendu compte qu’il avait d’autres priorités. J’avais besoin de temps de jeu et l’offre de Charleroi est tombée au bon moment en janvier 2007. J’ai bien travaillé avec Jacky Mathijssen qui est un très bon coach. J’étais en phase avec le jeu qu’on voit ici et l’ambiance qui règne dans les stades. Une ambiance bien plus chaleureuse qu’en France où les supporters sifflent plus vite votre équipe. Le jeu est aussi moins fermé qu’en L1 où la plupart des formations jouent d’abord pour ne pas perdre. Ici, il y a plus de plaisir. A Charleroi, j’étais satisfait et cette expérience à l’étranger m’a permis d’en savoir plus sur moi. J’ai vécu quatre mois à l’hôtel, ce qui n’est pas évident. La solitude est quand même un problème et on a l’occasion de mesurer la profondeur de ses ambitions. Mais la direction des Zèbres n’a jamais manifesté l’intention de discuter pour prolonger mon contrat.  »

Blessé au genou, sa dernière saison fut noire à Angers

Durant son passage à Charleroi, Strasbourg s’était hissé en L1. Malgré cet exploit, Papin a connu des conflits avec des pièces maîtresses des Alsaciens et fut défenestré au profit de Jean-Marc Furlan.

 » J’ai participé à la campagne de préparation avant que le nouveau coach délimite mes perspectives : des bouts de matches en L1, plus de présence en CFA « , dit-il.  » En accord avec Furlan, j’ai préféré la solution d’une location au SCO Angers en L2, entraîné par Jean-Louis Garcia. C’était une bonne option mais je me suis blessé sérieusement pour la première fois de ma carrière (rupture partielle du ligament interne du genou gauche) et j’ai pris le temps de me rétablir. Cette épreuve m’a renforcé. L’été dernier, en plus du Brussels et de Tubize, j’ai eu des propositions de L2 et de National en France. J’ai préféré revoir la D1 belge car j’en gardais de bonnes sensations. Tubize est évidemment un club familial qui doit beaucoup à ses bénévoles.  »

Jérémy Perbet est né le 12 décembre 1984 à Puy-en-Velay (France)

Attaquant (1,86 m, 81 kg)

Il use ses premières godasses dès 1990 dans le club de son village (Chadrac, 3.000 habitants, à 3 km du Puy-en-Velay) avant de progresser au niveau régional (USF Le Puy-Auvergne de 1999 à 2003).

En 2003, il signe à Clermont Foot Auvergne avant de passer à Moulins en 2005, en CFA2 aujourd’hui mais en National à l’époque. Sacré meilleur buteur en National 2005-06 (31 matches/23 buts), il répond à l’appel de Strasbourg (L2) qui veut remonter en L1 avec un jeune coach : Jean-Pierre Papin. La concurrence est très forte et, en janvier 2007, il est loué une demi-saison au Sporting de Charleroi (6 buts en 13 matches).

Au retour de Charleroi, Strasbourg le prête à Angers (L2) où une blessure au genou réduit sa saison 2007-2008 à néant.

par pierre bilic photos : belga

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