Slalom géant

Anthuenis passe d’un paradoxe à l’autre comme les skieurs passent des portes. Il voulait attaquer à Bruges, il aime Stoica, etc.

Lundi 11 Junior avec les seniors?

Le match face au Lierse, n’aura fait en tout et pour tout qu’une seule victime de marque: Bertrand Crasson, qui a reçu un troisième avertissement, suspensif contre Bruges, suite à un tackle trop appuyé sur Stijn Huysegems. Face au Club, Aimé Anthuenis est toutefois assuré de pouvoir récupérer Olivier Doll, qui a purgé sa peine, lui, contre les Anversois. Au même titre d’ailleurs qu’ Yves Vanderhaeghe. Mais si, dans le premier cas, un simple relais s’impose, la donne est différente en ce qui concerne l’imbrication du Flandrien dont la place ne se discute pas. Car qui faut-il sacrifier? Besnik Hasi, qui se rapproche le plus de son profil? Pas vraiment car le Kosovar a prouvé depuis le début de la saison, tant au milieu qu’à l’arrière, qu’il était vraiment bon à tout faire. Même comme back, une position qu’il avait par ailleurs occupée déjà contre La Gantoise au Parc Astrid.

De là à envisager le retrait de Junior lors du match au sommet, il n’y a qu’un pas. Le jeune Sportingman en est conscient. « Même si je me suis signalé pour la toute première fois contre cette même équipe, au match aller, je suis suffisamment grand pour mesurer le chemin qu’il me reste à parcourir », observe celui qui, en réalité, répond au nom de Gabriel Ngalula Mbuyi.

« Personnellement, je suis extrêmement satisfait d’avoir eu ma chance, ces derniers mois, à plusieurs reprises déjà. Ma performance contre le Lierse, qui fut sans doute ma moins bonne jusqu’ici, atteste que j’ai encore beaucoup de détails à peaufiner. Aussi, je comprendrais fort bien que l’on se passe de mes services au profit d’un élément beaucoup plus expérimenté, pour une rencontre aussi importante ».

Mardi 12 Kader Keita dans le viseur

Un match capital a beau se profiler à l’horizon, ce futur immédiat n’est pas, pour autant, la seule et unique préoccupation des dirigeants anderlechtois qui s’activent en prévision de la saison prochaine. Après avoir enrôlé le gardien de Lokeren, Daniel Zitka, les priorités vont vers un flanc gauche (où le Limbourgeois Mark Hendrikx est singulièrement livré à lui-même suite aux absences conjuguées d’ Alexander Ilic, Tarek El Said et Davy Oyen) ainsi que vers un attaquant. Deux Ivoiriens sont, pour l’heure, dans le collimateur des Mauves. Le premier a pour nom Monbakan Mahan, un gaucher de 18 ans actif à l’ASEC Abidjan, l’ancien club d’ Aruna Dindane, et qui est appelé incessamment à passer un test de deux semaines au Parc Astrid. Le deuxième s’appelle Kader Keita. Il a 20 ans, joue à l’Etoile Sportive du Sahel, en Tunisie, et présente la particularité d’avoir barré Aruna Dindane en sélection lors de la récente Coupe d’Afrique des Nations.

« Nous présentons quand même des caractéristiques différentes: je suis davantage un joueur de débordement tandis que Kader Keita est plutôt un finisseur », observe Aruna Dindane. « C’est sûr qu’il a d’énormes qualités, sans quoi il n’aurait pas relégué au deuxième plan des garçons comme Bonaventure Kalou de Feyenoord ou encore Kandia Traoré. Il a eu plus de chance que moi, lors de la CAN, dans la mesure où tout était fini pour moi dès le premier match, face au Togo. Kader Keita, lui, a pu s’exprimer non seulement contre cet adversaire mais aussi devant le Cameroun et le Congo, lors du match décisif pour les quarts de finale. Pour lui, cette compétition aura été tout profit. En ce qui me concerne, ce n’était franchement pas la joie, à Sikasso, où nous avons vécu en vase clos pendant 15 jours. Je n’avais qu’une seule envie: revenir le plus vite possible en Belgique. Pas étonnant que j’aie livré un bon match contre le Lierse. J’ai évacué toutes mes frustrations ce soir-là ».

Mercredi 13 Départ différé pour Walter Baseggio

Journée de repos sauf pour les blessés, appelés à se présenter aux soins, et aussi, bien sûr, pour les internationaux. Comme Besnik Hasi, qui joue avec l’Albanie contre le Luxembourg, mais aussi Walter Baseggio, titularisé par Robert Waseige contre la Norvège. Pour le Clabecquois, c’est une première depuis le match Croatie-Belgique disputé à Zagreb, en octobre dernier. Walt est suivi lors de ce match par des émissaires de l’AC et de l’Inter Milan, de même que de Parme. Mais il ne parvient pas à s’exprimer à bon escient sur une pelouse à la limite du praticable:

« Je suis flatté par l’intérêt de ces clubs mais je pense qu’il vaut mieux jurer fidélité un an de plus au Sporting. Je m’en suis d’ailleurs ouvert à mon manager Luca Pelizon et il s’est rangé à cet avis. J’aurais espéré pouvoir continuer sur ma lancée de l’année dernière; j’avais réellement pu franchir un palier, non seulement par mes prestations en championnat mais aussi en coupe d’Europe. J’avais été sacré Joueur Pro de l’Année par mes collègues. Mais j’ai plutôt effectué du surplace.

J’ai été blessé en tout début de saison, lors d’un match contre le Sherif Tiraspol et n’ai pu affûter ma condition comme mes partenaires. Pendant le premier tour, j’ai couru après la bonne forme, désespérément. Ce n’est que lors du stage hivernal de La Manga que j’ai su remettre enfin les pendules à l’heure. Je n’en ai pas moins perdu plusieurs mois précieux dans mon développement comme footballeur. C’est pourquoi une année de plus s’impose, pour moi, à Anderlecht. Comme le Sporting lui-même n’y est nullement opposé, nous devrions trouver rapidement un terrain d’entente ».

Jeudi 14 Pleins feux sur Ivica Mornar

Après la séance de préparation du matin, quelques joueurs se retrouvent au Green Park, le café-resto en face du stade du RSCA, pour prendre le verre de l’amitié ou manger un petit morceau. Une table est occupée par la quasi-intégralité de la division offensive du club puisque s’y pressent Nenad Jestrovic, Gilles De Bilde et Ivica Mornar. Trois joueurs aux fortunes diverses. Après avoir repris le collier à l’Antwerp et brillé contre les Loups, le Yougoslave a peiné contre le GBA et le Lierse, une rencontre à l’occasion de laquelle il fut méconnaissable. Rien de grave, dans la mesure où Jestrogoal subit plus que vraisemblablement le contre-coup des efforts qu’il a produits ces derniers mois pour revenir au sommet après son opération à la jambe. Le Ket, lui, pète des flammes, comme il l’a prouvé en paraphant un but superbe face au Lierse. S’il persévère sur la même voie, c’est sûr qu’il se rappellera au bon souvenir de Waseige.

Reste le cas Ivica Mornar. De tous les transférés, le Croate est incontestablement celui qui a le plus répondu à l’attente. Ses stats plaident d’ailleurs en sa faveur puisqu’il a marqué six buts et délivré huit assists depuis son arrivée au Parc Astrid. Personne n’a fait mieux. Depuis la reprise, Moka souffre toutefois d’un syndrome de friction au genou. Le matin, pour la première fois depuis trois semaines, il a pu s’atteler au même programme que ses équipiers. Mais après un bon quart d’heure, il doit décrocher.

« Il est heureux que nous possédions en Aruna Dindane un ouvre-boîtes similaire », observe l’entraîneur anderlechtois Aimé Anthuenis. « Il n’empêche que je ne me prive pas volontiers d’un footballeur qui pèse comme nul autre sur une défense. C’est lui qui a pris le relais de Jan Koller à cet égard. Et chacun sait combien le Tchèque était très important pour nous ».

Vendredi 15 Les doublures donnent le bon exemple.

En raison de l’état lamentable de la pelouse du Heysel et de son aire annexe, les réservistes du Sporting sont appelés à donner la réplique à leurs homologues brugeois sur le terrain de Wolvertem. L’engouement est tel pour cette joute que le club brabançon est à court de tickets. L’éclairage aussi, n’est pas préparé pour un match de cette importance car à 12 minutes du coup de sifflet final, l’obscurité est soudainement totale.

Si le match reprend finalement avec un bon quart d’heure de retard, la cause est entendue: 3-1 en faveur du RSCA qui aligne une très jeune équipe face à un team brugeois où l’on reconnaît Tjörven De Brul, Ebou Sillah, José Duarte, Tim Smolders et Koen Schockaert. Au beau milieu des Goran Lovre, Melvin Fleur, Joerie Vastmans, Mark De Man et autre Karel Gerits, deux joueurs volent la vedette aux autres: le teenager Sherjill McDonald, auteur d’un deuxième but fabuleux, et Alin Stoica, à la base du goal d’ouverture, dès la cinquième minute, par Joris Van Hout. Le Roumain est dans tous les bons coups et est retiré à la pause. Il a pourtant vécu quelques heures sombres puisqu’il vient d’être cambriolé à son domicile de Dilbeek.

« Je n’ai qu’à me louer de lui ces dernières semaines », dit Anthuenis. « Il se livre corps et âme à l’entraînement, ce qui n’était pas toujours le cas par le passé. Il a compris qu’il avait intérêt à se montrer… Personnellement, je souhaite qu’il reste. Et je pense que tout le monde au Sporting abonde dans le même sens, qu’il s’agisse de ses partenaires, des dirigeants ou des supporters. La balle est dans son camp ».

Samedi 16 Anthuenis fait ses comptes.

Une dernière séance est fixée à 18 heures, après quoi les Anderlechtois prennent la direction de leur lieu de retraite habituel à Grimbergen. Anthuenis fait ses comptes: « Si le Club engrange le maximum des points contre nous et Genk, j’ai bien l’impression que le championnat sera plié. Si nous voulons entretenir le suspense, un bon résultat s’avère nécesssaire à Bruges. C’est pourquoi nous nous rendrons là-bas avec la ferme volonté de gagner, comme la saison passée. Spéculer sur un nul, qui ne serait pas un mauvais résultat, est beaucoup trop risqué. Dans ce cas, nous aurions 90% de chances de nous retrouver les mains vides. Or, compte tenu du programme qu’il nous reste à livrer, avec des rencontres à six points contre Genk, le Standard et La Gantoise, nous devons à tout prix limiter les pertes. Parmi les cinq premiers, Anderlecht a de loin la tâche la plus difficile au cours du dernier tiers de la compétition. Genk, qui a la chance d’accueillir toutes ces formations dans ses installations, au deuxième tour, a la mission la moins rude. Reste à voir comment cette jeune équipe gérera le stress à ce moment. Sous cet angle-là, nous sommes probablement les mieux armés vis-à-vis de nos rivaux. Mais je m’insurge contre ceux qui prétendent que nous avons le meilleur potentiel. Maintenir sur le banc un Nzelo Lembi, un Tjörven De Brul ou un Andrés Mendoza, comme Bruges l’a parfois fait cette saison, c’est un luxe que je ne pourrais pas me permettre au Sporting. Certains diront que Stoica (sans doute notre plus beau joyau), s’est retrouvé souvent dans le dug-out lui aussi. D’accord, mais les raisons sont différentes: à Anderlecht, je n’ai simplement pas la possibilité d’aligner en même temps un Gilles De Bilde, un Aruna Dindane, un Ivica Mornar ainsi que le jeune Roumain sans nuire à l’équilibre de l’équipe. Au Club, ce n’est pas le cas: un Philippe Clement ou un Josip Simic ne rompent pas l’harmonie de l’ensemble. C’est pourquoi je ne comprends pas que cette équipe se glisse constamment dans la peau d’ underdog. Elle a au moins autant de possibilités que nous ».

Bruno Govers,

« J’en avais assez de la CAN, je voulais rentrer » (Aruna Dindane)

« Cette saison, j’ai surtout fait du surplace » (Walter Baseggio)

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