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 » Sinan fonctionne à l’adrénaline et à la passion « 

La Gantoise compte sur le gardien belgo-turc Sinan Bolat (32 ans) pour briller en Europa League et pour remonter la pente en Jupiler Pro League, voire accrocher les play-offs 1 grâce à quelques clean-sheets.

L’information est tombée sur le site officiel des Buffalos le 27 août : Sinan Bolat s’est vu offrir un contrat de deux ans. Un soulagement, car depuis la mi-mars, en raison de la crise du coronavirus, l’international turc (douze sélections) n’avait plus joué. Son contrat à l’Antwerp n’ayant pas été prolongé, il n’avait pas pu disputer la finale de la Coupe de Belgique au Stade Roi Baudouin, ce qui le privait ainsi d’une ligne à son palmarès.  » Il doit nous apporter toute son expérience « , expliquait La Gantoise sur son site.  » Sinan a déjà disputé plus de 200 matches en championnat de Belgique, 32 en Coupe d’Europe, dix en Ligue des Champions (dont trois en tours préliminaires) et 22 en Europa League (dont quatre en tours préliminaires). Il a été deux fois champion de Belgique et a remporté une fois la Coupe, mais a aussi gagné la Coupe et le championnat de Turquie avec Galatasaray.  » De belles références, assurément.

Voie royale

 » En début de saison, j’estimais que La Gantoise n’avait pas besoin d’un Bolat, car elle avait déjà trois bons gardiens : Thomas Kaminski, Davy Roef et Colin Coosemans « , dit Philippe Vande Walle (58 ans).  » Quand László Bölöni est arrivé, je me suis dit qu’il était évident qu’il allait amener Bolat, car il voulait pouvoir s’appuyer sur un gardien qu’il connaissait bien et qui avait joué un rôle déterminant dans le succès de l’Antwerp. Mais je trouve qu’ils ont trop vite changé de gardien pour créer un choc psychologique. C’était négatif, on a fait payer l’addition à Thomas, qui est parti aux Blackburn Rovers. Roef a fait ses preuves, mais on savait déjà que Sinan allait automatiquement prendre sa place. La pression sur Davy était forte. On lui a fait payer sa première petite erreur. Pour Sinan, c’était une voie royale : comme Thomas, Davy n’avait plus droit à l’erreur.  »

C’est aussi le sentiment de Wim De Coninck (61 ans).  » À Gand, toutes les prestations des gardiens et des défenseurs centraux sont passées à la loupe, car le club veut davantage de clean-sheets. Mais c’est une donnée globale, qui dépend de toute l’équipe « , dit le consultant de Proximus Sports.  » J’avais prédit que la combinaison Kaminski-Roef allait poser des problèmes, car c’étaient deux gardiens similaires : bons, mais sobres et introvertis. Deux gardiens qui ont eu des problèmes à Anderlecht, mais qui ont du potentiel et sont ambitieux. Kaminski avait même admis qu’il voulait détrôner Silvio Proto. Ça l’a poursuivi, et le doute aussi. À Gand, il ne s’est jamais senti soutenu par la direction. Un gardien est rarement bon dans ces conditions. On le montre trop vite du doigt quand on encaisse.  »

Autorité et charisme

Quand on lui demande quel est le point fort de Bolat, Vande Walle, actuellement à la recherche d’un nouveau défi comme entraîneur des gardiens, ne doit pas réfléchir longtemps.  » Il est impressionnant. Surtout par son jeu au pied, ce qui est un atout spécifique important dans le football moderne. Au niveau international, ça fait la différence entre un bon et un excellent gardien. Mais il en impose aussi par son coaching, tant verbal que gestuel. La Gantoise veut des leaders sur le terrain, surtout au poste de gardien. Quelqu’un qui fasse autorité. Sinan est un gage de présence et de constance dans les prestations et ces gardiens-là sont rares. Kaminski a pris des points la saison dernière, il était au même niveau que l’équipe. Mais Sinan, c’est encore un autre calibre.  »

Pour De Coninck aussi, Bolat est un grand gardien et a du charisme.  » Contre le Beerschot, on a vu qu’il donnait confiance à l’équipe « , dit l’ex-gardien.  » Évidemment, cela demande confirmation, mais Sinan Bolat est un produit fini. Malgré son manque de taille, il est toujours aussi souple, agile, explosif et puissant qu’un félin. C’est sa marque de fabrique. Sur les ballons aériens, les défenseurs centraux savent qu’il sera là et qu’il n’hésitera pas. Il n’a pas eu beaucoup de blessures graves et ça l’aide. Il est resté inactif pendant un certain temps, mais il a directement répondu présent. C’est la preuve qu’il peut compter sur son corps.  »

Échecs au top

Pour Vande Walle, Bolat est un gardien expérimenté et complet.  » Il doit juste parfois apprendre à contrôler ses émotions « , dit le consultant de RTL Sport.  » Ça va venir avec l’âge. Sur le plan sportif, il me convainc sous tous les aspects : il a de bons réflexes, il est fort sur sa ligne et dans le trafic aérien, il joue bien au pied et excelle en un-contre-un. Il fonctionne à l’adrénaline et à la passion, il aime quand il y a de l’ambiance, ça l’aide à repousser ses limites.  » De Coninck est plus nuancé :  » Ces extravagances, ce sale caractère, ça fait partie d’un tout. Sinan a besoin de ça pour tenir le groupe en éveil. Il ne peut pas se relâcher, car ça engendrerait de la nonchalance, un manque de concentration.  »

En Belgique, Bolat s’est imposé à Genk, au Standard et à l’Antwerp, mais il a échoué au Club Bruges. » Il a raté son premier match et ça a faussé l’idée qu’on se faisait de lui « , dit De Coninck. Ses expériences au FC Porto et à Galatasaray ont tourné court également.  » Il s’est retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment « , dit Vande Walle.  » Différentes raisons expliquent ces échecs : une intégration difficile, une équipe en méforme, la mentalité… Mais ce n’est pas pour cela qu’il n’a pas de qualités intrinsèques. Moi, je pense qu’il peut jouer un rôle important dans la reconstruction de La Gantoise. « 

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