SHOPPING DE MARCQ

Damien Marcq a retroussé le bas de son jean, porte une longue veste kaki et des lunettes de soleil alors qu’un petit rayon chaleureux illumine les bâtiments de la célèbre rue Antoine Dansaert dans le coeur de Bruxelles. Son pick-up stationné, la rencontre avec le médian défensif des Zèbres peut commencer. Rencontre avec un joueur stylé.

Deux jours avant le rendez-vous, Damien Marcq a loupé un penalty décisif, précipitant malencontreusement l’élimination du Sporting de Charleroi en Coupe de Belgique. Il n’a pas fui ses responsabilités et assume.

 » Sur l’instant, j’ai été excessivement déçu « , explique-t-il.  » Ça me chagrine parce que nous avions les atouts pour passer et parce qu’évidemment, c’est douloureux de se sentir coupable. Heureusement, les copains m’ont tout de suite rassuré. Le coach avait établi une liste de tireurs et c’est moi qui me suis porté volontaire pour frapper le premier. Jusqu’à présent, chaque fois que j’avais pris cette décision, cela avait plutôt bien fonctionné. C’est dommage mais il faut passer rapidement à autre chose. Pour Charleroi, ce sont les PO1 qui comptent. La saison dernière, c’est pendant l’hiver qu’on a fait le pas décisif vers cette mini-compétition et on va tenter de rééditer cet exploit. On a été bon à Genk et je pense qu’on méritait mieux. Il y a peu, on a gagné à Gand, ce qui relève de l’exploit. Cela veut dire qu’on serait à notre place dans le Top 6. En comparaison avec la saison dernière, on prend un peu plus de goals mais je trouve aussi que le noyau a plus de profondeur, surtout offensivement. Avec David Pollet, Florent Stevance et Roman Ferber dans le dos de Jérémy Perbet, on est paré.  »

GÉNÉRATION 88

Le Nordiste se sent bien à Charleroi. En plus d’y avoir trouvé l’amour dans les bras d’Emilie, native de Marcinelle, il s’y est aussi refait une santé physique et morale. Issu d’une génération 88 pétrie de talents dans l’Hexagone, sa carrière avait démarré sur les chapeaux de roue. Propulsé capitaine de Boulogne-sur-Mer, alors en Ligue 1, il est promis à un grand avenir.

 » Mais j’ai fait preuve d’impatience « , rétorque-t-il.  » J’avais quitté mon club formateur parce qu’il basculait en Ligue 2 et parce que Caen me proposait un beau défi et un contrat de longue durée. En Normandie, je ne me suis pas imposé tout de suite et sur un coup de tête, je suis parti à Dijon. Il y a ensuite eu un autre prêt à Sedan. Je pense qu’après ça, j’étais grillé. Je sortais de deux saisons difficiles où j’ai joué la relégation et pour beaucoup de gens, le nom de Marcq rimait avec déception. Il fallait donc que j’efface l’ardoise, que je remette les compteurs à zéro. C’est ce que j’ai fait en rejoignant le Sporting en 2013. A l’analyse, je me dis que j’ai dû louper le train en marche. Je vis confortablement de mon métier et je suis verni mais je suis peut-être aussi passé à côté de quelque chose de plus grand. Si c’était à refaire, je réfléchirais à deux fois avant de trancher. Je me souviendrai toujours du jour où j’ai reçu le brassard à Boulogne-sur-Mer, et cette phrase du coach : –Tu représentes tout ce que Boulogne aime et possède. Il n’y a pas d’âge pour être un leader. En équipe nationale Espoirs, je côtoyais Yann M’Vila, Maxime Gonalons, Marvin Martin et Morgan Schneiderlin, même s’il a un an de moins. C’était plutôt pas mal…  »

WIKIPEDIA ET CHARLEROI

Charleroi s’offre alors à lui pour qu’il puisse y emprunter les sentiers de la renaissance. Après une brève recherche sur Wikipédia pour en savoir plus sur la ville, l’histoire du club et les membres qui composent l’effectif, il se lance. La Belgique, c’est pour lui l’occasion rêvée de tourner la page. Sa mentalité, son professionnalisme et sa passion lui permettent de s’imposer rapidement dans le onze de Felice Mazzu et un peu plus de deux ans plus tard, il en demeure un pion incontournable. A l’ombre du Mambourg, on parle de  » Marcqo-dépendance « .

 » Je suis assez vite devenu un relais du coach sur le terrain « , glisse Damien Marcq.  » Quand je suis arrivé en Belgique, je n’en savais finalement pas grand-chose. J’ai assez vite décelé que du point de vue de la mentalité, il n’y avait pas de grande différence avec le Nord de la France, mais pour le reste, j’ai été assez surpris. Quand on vit en France, on ne s’intéresse pas à la vie autour. On est centré sur soi-même. La Belgique est devenue une terre d’accueil pour moi. Je ne prétends pas que j’y resterai indéfiniment, même si j’y garderai une attache par le biais de ma compagne, mais je m’y sens bien. Et cela se ressent sur mon jeu. Je sais que j’ai un rôle à assumer et je le fais du mieux possible. Pendant ma blessure, d’autres joueurs m’ont remplacé avec brio et cela prouve que personne n’est indispensable dans l’équipe.  »

Force est pourtant de constater que sans son  » Spartiate « , les Zèbres n’ont pas la même fougue au milieu de terrain. Souriant, décontracté, Damien Marcq est un autre homme quand il monte sur le terrain. Ses traits se creusent, son regard devient plus sombre : l’homme se transforme en guerrier.

POMPIER ET BAC S

 » Emilie me dit souvent qu’elle ne me reconnaît pas quand je suis sur la pelouse « , rigole-t-il.  » Je n’ai pourtant pas l’impression d’être un méchant même si j’avoue que je ne ferais aucun cadeau. Même si mon frère jouait dans l’équipe d’en face, je me viderais les tripes. En venant en Belgique, je m’étais dit que cette compétition me servirait de tremplin mais je dois dire que j’ai révisé mon jugement. Je constate que les meilleures équipes du pays sont à l’honneur sur la scène européenne. Il suffit d’encore voir Gand récemment face à Lyon. J’ai affronté les meilleurs clubs belges plusieurs fois et je pense avoir prouvé que j’étais à ma place. Je ne cache pas que ça ne me déplairait pas d’aller dans un plus grand club belge. Je me plais et je prends du plaisir à Charleroi mais le club n’est pas encore prêt à lutter tous les ans pour une place dans le Top 5.  »

Elle est loin l’époque où Damien Marcq rêvait de devenir pompier de Paris et où le ballon rond n’était qu’un chouette passe-temps dans sa ville natale.

 » C’est vrai que jusqu’à 16-17 ans, je n’aurais jamais pensé devenir professionnel. D’ailleurs, je n’étais pas prédestiné à le devenir. Chez les jeunes, je ne sortais pas du lot même si j’affichais déjà la même mentalité. Je n’ai pas fréquenté de vrai centre de formation. Sincèrement, je voulais vraiment passer les examens pour aller au feu. J’ai d’ailleurs réussi un bac scientifique puis le foot s’est mis sur mon chemin et j’ai dû opérer un choix. Là au moins, je ne me suis pas trompé…  »

PAR DAVID DUPONT – PHOTOS BELGAIMAGE – CHRISTOPHE KETELS

 » Je vis confortablement mais je suis peut-être passé à côté de quelque chose de plus grand.  » DAMIEN MARCQ

 » Je ne cache pas que ça ne me déplairait pas d’aller dans un plus grand club belge.  » DAMIEN MARCQ

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