Sexe, foot, et islam

Mickael Niçoise, ancien attaquant du FC Brussels et de Mouscron, revient sur son tour du monde qui l’a amené dans des endroits chauds et surprenants.

Peut-être vous souvenez-vous de cet attaquant qui avait laissé une excellente impression lors de ses débuts au FC Brussels avant de tenter sa chance à l’Excelsior Mouscron, puis d’entamer un parcours du combattant, ou plutôt un tour du Monde façon PhileasFogg, mais avec le ballon au bout du pied qui l’a fait visiter la Turquie, la Finlande, la Suisse, l’Egypte, la Tunisie, Chypre.

A 30 ans, Mickael Niçoise se porte comme un charme. Il est au bout du monde mais pas exilé. Converti à l’islam depuis quelques années, celui qui répond désormais au prénom de  » Dawood « , d’ailleurs floqué dans le dos de son maillot, s’est posé en Malaisie. A Kuala Lumpur plus précisément.

 » Les gens me demandent souvent comment et pourquoi j’ai abouti aussi loin « , explique Niçoise.  » A chaque fois, je leur réponds que j’ai tout pour être heureux ici. Dans la vie quotidienne, c’est un pays musulman auquel je me suis totalement identifié puisque je suis converti depuis quelques années. J’ai découvert une nouvelle civilisation, de nouvelles personnes et je me sens en paix. Sportivement, j’ai le sentiment que la compétition s’améliore au fil des ans même si certaines règles, comme celle de limiter le nombre d’étrangers à trois, m’étonnera toujours. J’ai tout de même eu l’occasion de côtoyer récemment Bosko Balaban (ex-Bruges) et Pablo Aimar. Avouez que c’est sympa.  »

 » Ma vie a changé en Turquie  »

Le nom de son club actuel pourrait vous rapporter gros au scrabble : KL SPA FC. Et dans cette Malaisie partagée en deux par la mer de Chine méridionale, Mickael Niçoise vit comme un prince.

 » En Europe, si vous gagnez 10.000 € par mois, on vous retient la moitié en taxes et en frais divers alors qu’ici, je dépense à tout casser 1.500 € en mangeant deux fois par jour hors de mon domicile. La capitale est très belle et en deux heures de voiture, je suis au bord d’une plage à vous couper le souffle. C’est vraiment un cadre de vie extraordinaire. Au resto, on s’offre un festin pour 4 €. Autant vous dire que cela me permet d’économiser pour mes vieux jours.  »

Souriant, détendu, bien dans sa peau,  » Dawood  » est aujourd’hui un papa comblé :  » Ma fille est née quand j’étais actif à Genclerbirligi, qui joue à Ankara. La Turquie est aussi un super pays de football. Je dirais que c’est à ce moment-là que ma vie a réellement changé.  »

Dans son mini tour du monde, Mickael Niçoise en a vu des vertes et des pas mûres :  » Après une année difficile en Suisse où j’avais accumulé les blessures, j’ai abouti à Chypre. Sur le papier, tout était réuni pour que ce soit le paradis mais en réalité, c’était un traquenard. Je n’ai pas été payé une seule fois. Un jour, j’ai perdu mon sang froid. C’en était trop et j’ai frappé le secrétaire, ce qui m’a valu trois mois de suspension et je n’ai finalement jamais récupéré mon argent.

Je suis alors parti à Tournai. Ce fut très chouette et cette belle saison m’a ouvert de nombreuses portes. J’ai choisi l’Egypte et le club d’Al-Masry. C’était sublime. Un niveau de jeu élevé et un super tremplin pour aller au Qatar ensuite. Malheureusement, il y a eu les problèmes politiques que l’on connaît à Port Saïd et ce fameux match auquel j’ai participé où il y a eu de nombreux morts et un tas de blessés. Après dix minutes de jeu, il y a eu des affrontements dans les tribunes entre police et supporters ou plutôt des gens du peuple venus crier leur rage.

 » J’étais sur le terrain lors du drame d’Al-Masry  »

On a vite compris que ça n’allait plus quand la pelouse a été envahie en même pas 30 secondes : des chaises, de l’eau, de la fumée, j’ai assisté à une vraie scène de guerre. Les supporters adverses voulaient nous frapper ! On a vite pris refuge dans les vestiaires ou on entendait des cris, des coups de feu, c’était horrible ! L’armée est arrivée mais il était déja trop tard, les dix minutes de chaos avaient entraîné beaucoup de morts et de blessés. Le lendemain, j’étais dans l’avion pour rejoindre ma famille, je pensais arrêter le foot.

Finalement, j’ai abouti une première fois en Malaisie où j’ai joué un an. Au terme de mon contrat, je devais rejoindre Marc Brys en Arabie Saoudite mais il y a un quota de joueurs étrangers autorisés. J’ai alors accepté un contrat en D1 finlandaise ! Je ne vais pas mentir : j’ai craqué. L’hiver était trop rude, le soleil n’était de la partie que cinq heures par jour. On s’entraînait en salle. L’échauffement ? Ça n’existe pas ! Mentalement, je n’ai pas tenu le coup et j’ai fui en Tunisie où ce fut le… sketch intégral. Plus amateur tu meurs.

Ma mère connaît mieux le foot que le mec qui m’a  » coaché  » là-bas. Il nous faisait jouer à 16 h au plus fort de la chaleur, nous n’avions même pas d’eau… En plus, le coach était aussi parfois prof de math… il inventait des trucs pour créer le surnombre. Un jour, je me souviens qu’il m’a dit : –Arrête de toujours jouer avec l’intérieur du pied. Ça m’énerve et ce n’est pas du foot ça. Ah bon ? Heureusement, le peuple tunisien était super affectueux. C’est toujours ça…  »

S’il avait eu plus vite la tête sur les épaules, le feu follet aurait probablement fait une autre carrière. Albert Cartier, qui l’a lancé en Belgique, ou encore Marc Brys (  » Le meilleur entraîneur que j’aie connu « ), vous le confirmeront sans doute.  » J’aime toujours la vie mais… différemment ! C’est clair que l’argent fait tourner la tête et qui dit tunes dit femmes. Alors il fallait bien que je passe par là pour grandir. Je reconnais volontiers que j’ai perdu plus que je n’ai gagné entre les sorties et les femmes, que je qualifierai de ‘matérialistes’ pour être poli.

Le sexe n’est pas nuisible à la carrière d’un footballeur mais c’est tentant et il faut veiller à ne pas partir en cacahouète. Si j’avais trouvé la bonne personne plus vite, j’aurais été plus sérieux et équilibré. C’est la vie… J’ai fait des conneries dans ma jeunesse. C’est souvent le cas quand l’argent tombe facilement. « 

PAR DAVID DUPONT

 » Le sexe n’est pas nuisible à la carrière d’un footballeur mais c’est tentant et il faut veiller à ne pas partir en cacahouète. « 

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