Ses chances de remonter

L’Albert-Elisabeth a basculé en deuxième division en mai 2009. Bientôt plus qu’un mauvais souvenir ?

Mons reste Mons : les entraîneurs défilent. Trois coaches sont passés la saison dernière et l’équipe a finalement chuté en D2. L’été dernier, Rudi Cossey était soi-disant l’homme de la situation. Encore un ! Mais il n’a pas résisté à un début de championnat moyen et a volé dehors en novembre. Avec son successeur et ex-adjoint Geert Broeckaert, la machine tourne à plein régime et Mons joue clairement le titre. L’année de son centenaire. Témoignages.

LEONE, LE PRÉSIDENT : 33,3 %

A combien estimez-vous les chances de titre de Mons ?

Domenico Leone : 33,3 %. Pour moi, c’est impossible de dire si Mons est plus ou moins favori que le Lierse ou Eupen. On ne doit pas non plus enterrer KVSK United. Tout est clair en D1 : Anderlecht est l’équipe la plus en forme et a un paquet de points d’avance sur ses poursuivants. En D2, c’est beaucoup plus serré. Il reste près de 15 matches et tout sera possible aussi longtemps qu’un club n’aura pas pris au moins cinq points d’avance sur le deuxième.

Les conséquences financières seraient graves si vous ne remontiez pas dès cet été ?

Il y aurait des changements dans notre gestion. Cette saison, je n’ai pas eu le choix : j’avais encore une petite dizaine de joueurs sous contrat, avec des chiffres de D1. J’ai donc été obligé de les conserver et de les entourer par des gars susceptibles de nous aider à remonter directement. Dans six mois, il n’y aura plus que deux contrats de D1 dans l’effectif et notre politique changera si nous sommes toujours en D2. Nous n’aurions plus un budget tournant autour des 3 millions comme cette saison. C’est la crise pour les sponsors, il n’y a pas de droits TV et les recettes sont presque inexistantes en D2.

Mons a quand même la troisième moyenne de spectateurs !

Oui mais nous ne dépassons pas les 2.500 personnes. Loin derrière le Lierse avec ses 8.000 spectateurs et l’Antwerp qui en attire entre 4.500 et 5.000.

Vous étiez obligé de limoger Cossey ?

Les résultats parlent pour nous. Je n’ai rien à redire à propos du comportement et de l’honnêteté de Cossey. Je constate seulement que Broeckaert est plus ouvert, qu’il met moins la pression sur les joueurs et qu’il pratique un football plus offensif. Chez Cossey, c’était surtout la prudence qui prenait le dessus. Et il fallait du changement à partir du moment où Mons abandonnait autant de points, notamment dans des petits matches. Nous avons perdu contre les deux équipes qui montaient de D3 : Boussu Dour et Turnhout. Sans tous ces points bêtement gâchés, nous aurions aujourd’hui de très bonnes chances de monter. Elles existent encore mais rien n’est sûr. Je sais en tout cas que si nous remontons en mai, nous serons en mesure de faire directement bonne figure en D1, même avec le noyau actuel. Il y a les qualités footballistiques, mais aussi la mentalité des joueurs. Je n’avais jamais connu cela à Mons.

ROUSSEL, LE BUTEUR : 80 %

A combien estimez-vous les chances de titre de Mons ?

Cédric Roussel (attaquant) : 80 %. Si on m’avait posé la question avant la trêve, j’aurais été beaucoup moins optimiste. Mais aujourd’hui, je crois à fond au titre. Notre début de deuxième tour a été extraordinaire, nous avons réussi plusieurs gros matches. Il y avait déjà eu des premiers signes en décembre quand nous avions battu sans discussion Tubize et Ostende, deux candidats au titre. Et nous avons continué sur cette voie en janvier en atomisant Wetteren 4-1. En ce moment, Mons est clairement la meilleure équipe de D2. Physiquement, nous sommes au-dessus du lot, personne n’est capable de nous résister. Le noyau est large et tout le collectif monte en puissance. Quand un joueur clé est indisponible, ce n’est pas un problème. Alors que le Lierse rame dès qu’il doit se passer de Jurgen Cavens ou de Tomasz Radzinski. Notre match récent contre le Lierse m’a encore un peu plus réconforté : cette équipe est venue arracher un point à Mons mais nous l’avons baladée pendant une heure et demie. Nous avons fait la même chose avec Eupen, un autre club du peloton de tête. Je ne pense même plus au tour final : je vise le titre et rien que le titre.

Le retour au premier plan de Mons coïncide avec votre retour en forme et il y a d’autres individualités qui cassent la baraque.

Tout à fait. Depuis quatre ou cinq semaines, Zola Matumona est incroyable. Dans l’entrejeu, Julien Bailleul fait un boulot de fou et Tom Van Imschoot joue à fond son rôle de capitaine. Chaque joueur se sent fort et tout le monde a passé un palier. Tout est réuni pour que notre saison se termine bien, dont les conditions d’entraînement. Malgré la météo, nous avons pu travailler convenablement. C’est un des avantages des clubs qui sont restés professionnels. Ceux qui ne le sont pas devraient bientôt payer les pots cassés : avec la succession des matches, il arrive un moment où les joueurs qui travaillent en journée et s’entraînent le soir connaissent un gros creux.

Expliquez votre propre retour en forme…

Chez moi, c’est toujours dans la tête. Je me sens à nouveau important et il suffit de cela pour que je sois en pleine confiance. En plus, je n’ai plus de blessures sérieuses et j’ai un entraîneur qui croit en moi. Cossey m’avait tendu la main et ça continue avec Broeckaert. Je suis occupé à faire une jolie mise au point : ce n’est pas juste d’enterrer un footballeur aussi vite. J’étais tombé tellement bas que j’ai moi-même cru, la saison dernière, que tout était fini pour moi. Le foot ne me procurait plus aucun plaisir.

Vous êtes prêt à rejouer en D1 ?

Bien sûr. Ceux qui voient les matches de Mons n’en doutent pas. Je n’ai pas perdu le sens du but, l’expérience est là, le physique est impeccable et la tête suit. J’ai fait de très bons matches en Coupe de Belgique contre Mouscron et Westerlo : c’est révélateur. C’est plus facile pour moi de jouer contre des adversaires pareils, comme contre Eupen, le Lierse ou KVSK United que face aux équipes qui rentrent dedans et ne laissent pas deux mètres carrés d’espace. J’ai toujours ma place en D1 et je ne suis pas le seul : il y a plein de joueurs de Mons qui valent la première division sans problème.

COSSEY, L’EXCLU : 33,3 %

A combien estimez-vous les chances de titre de Mons ?

Rudi Cossey (entraîneur de Mons jusqu’à la fin novembre) : 33 %. Pour moi, trois équipes ont les mêmes chances : le Lierse, KVSK United et Mons. Le Lierse est favori depuis le début de la saison et il vient de corriger ses lacunes défensives en engageant deux joueurs, Gonzague Vandooren et Roel Van Hemert. United est fort régulier, ce qui est très important en D2. Ce club a aussi bien recruté en janvier en transférant Wouter Scheelen et Philippe Janssens. Et Mons a un noyau pour réussir une très bonne saison. Je pensais que la direction allait faire venir l’un ou l’autre ailier au mercato, elle a préféré transférer Hervé Oussalé, un attaquant burkinabé qui arrive d’Aix-la-Chapelle : c’est aussi un bon choix car il est percutant et pèse sur les défenses. Derrière ces trois clubs, il y a un outsider, Eupen. Mais je ne crois pas trop à ses chances de montée car cette équipe a perdu beaucoup de points depuis quelques semaines.

Que manque-t-il à l’équipe de Mons pour être encore plus haut dans le classement ?

Il a manqué du temps. Quand on a reconstruit tout un groupe, ça ne peut pas marcher tout de suite et ça coûte des points. C’est comme cela que j’explique les résultats du premier tour. J’avais des priorités : d’abord mettre au point une bonne organisation défensive. Aujourd’hui, je vois que Mons a un jeu plus offensif : ça marche, tant mieux pour Broeckaert.

Votre licenciement vous a surpris ?

Oui, beaucoup. Je ne l’avais vraiment pas senti venir. Tout le monde semblait content de mon travail, il manquait seulement quelques points. Je reconnais que nous n’avions pas le jeu le plus attractif de la D2 mais je croyais vraiment que l’équipe allait grandir progressivement. J’étais persuadé qu’on allait voir le vrai visage de Mons au deuxième tour. J’espérais aussi que le mercato allait nous aider. Mais à trois matches de la trêve, Domenico Leone a décidé de ne plus me laisser de temps. Je n’ai même pas eu l’occasion de me défendre. Mais vu l’évolution de l’équipe, je comprends qu’il ne regrette pas de m’avoir licencié. Cela me fait mal de ne plus faire partie de ce groupe que j’ai mis plus de deux mois à construire. Aujourd’hui, Leone dit qu’il n’avait jamais vu un noyau aussi sain à Mons : c’est un compliment à mon adresse ! Et c’est vrai que par rapport à la saison passée, c’est incomparable au niveau de la mentalité et de l’engagement. Cela prouve que j’ai mes mérites dans le classement actuel. Et c’est bien pour Broeckaert s’il peut récolter quelque part les fruits de mon travail.

Vous pensiez vraiment que vous étiez devenu un maillon fort d’un vrai projet à long terme ?

Oui. Je savais que Mons était un club à risques pour un entraîneur mais je croyais que Leone avait changé, qu’il avait tiré les leçons de la saison passée, quand il avait consommé trois coaches.

Vous avez surtout eu le tort de perdre contre Boussu Dour, le voisin et l’ennemi juré. Le lendemain, vous étiez dehors !

C’est vrai, c’était le match à ne pas perdre. Mais après cette défaite, le président n’avait plus le choix. Il avait déclaré dans la presse régionale qu’il exigeait dix points sur douze avant la trêve. Il s’était mis lui-même le dos contre le mur. Après cette défaite, on ne pouvait plus réaliser l’objectif et son orgueil a joué : il m’a licencié. Mais bon, mon C4 a réveillé les joueurs et provoqué un déclic : Leone avait donc raison.

VAN DER ELST, L’ADVERSAIRE : 33,3 %

A combien estimez-vous les chances de titre de Mons ?

Franky Van der Elst (entraîneur de KVSK United) : 33,3 %. Le Lierse, Eupen et Mons se valent. Lors de la dernière journée, Mons ira à Eupen : ça risque d’être un match pour le titre. Pour moi, Mons a peut-être même un peu plus de chances de montée que les deux autres car cette équipe a plein de qualités : un bon gardien, une défense solide, des gars costauds dans l’entrejeu et deux joueurs fort différents mais très efficaces devant, Cédric Roussel et Hervé Oussalé. Dans le groupe, il y a un grand nombre de joueurs qui ont une expérience de la première division. Mons est ainsi capable de jouer par moments à un rythme plus élevé que la plupart des autres équipes de D2. Et cela permet aussi de tout cadenasser quand l’équipe mène. Une fois que Mons a l’avantage, l’adversaire revient très rarement.

Vous ne parlez pas de KVSK United !

Nous sommes actuellement dans le groupe de tête mais nous n’avons jamais pensé au titre. C’est surtout une très bonne série de 22 points sur 24 qui nous a permis de faire une belle remontée. Nous nous accrocherons le plus longtemps possible, mais une participation au tour final serait déjà très bien. Nous ne voyons pas plus haut parce que trois autres équipes ont beaucoup plus de qualités que nous.

Vous avez pourtant battu Mons 2-0 en novembre.

Oui, parce que nous étions simplement meilleurs ce jour-là. J’en ai été le premier surpris, surtout que Mons était déjà occupé à faire une belle série.

« L’équipe actuelle ferait directement bonne figure en D1. (Domenico Leone) »

« C’est bien pour Broeckaert s’il peut récolter les fruits de mon travail. (Rudi Cossey) »

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