Ses 50 meilleures formules

S’il n’avait pas choisi le foot, il serait (peut-être) devenu prof…

Depuis son arrivée chez nous en 2004, l’actuel coach d’Eupen a souvent le mot qui fait mouche, la phrase qui marque les esprits, l’expression qui étonne, voire la formulation superbe tout en ne voulant pas dire grand-chose. Il fêtera ses 50 ans le 22 novembre. Hit-parade de ses 50 plus belles sorties verbales sur notre sol.

 » Je m’éclate « 

1  » Le déclic s’est produit quand j’ai rencontré Arsène Wenger à Nancy. Il a été un vrai détonateur. Dès ce moment-là, j’ai su que je me recyclerais comme coach. J’étais sous le charme de Wenger : peut-être parce qu’il est discipliné comme mon père et Alsacien comme ma mère.  »

2  » Un entraîneur traverse une phase de formation, d’apprentissage et de mise en situation entre 30 et 40 ans. La suite, c’est la période de concrétisation, entre 40 et 50 ans. La période pendant laquelle on est le plus susceptible de réaliser ses objectifs parce qu’on est en pleine possession de ses moyens physiques et psychologiques. Passé 50 ans, soit on gère ses acquis, soit on se bonifie, soit on décline. « 

3  » Si un joueur a généralement l’occasion de tracer sa trajectoire, c’est rarement le cas pour un coach. Dans ce métier, votre parcours finit forcément, un jour ou l’autre, par vous échapper. « 

4  » Pour moi, entraîner, c’est l’envie d’un jeu et l’enjeu d’une vie. « 

5  » Il y a une phrase du poète romain Horace qui résume bien notre métier. Elle dit à peu près ceci : il faut avoir la patience de supporter ce qui ne peut être changé, le courage de changer ce qui doit l’être et la force de distinguer l’un de l’autre.  »

 » Mes méthodes « 

6  » J’organise des entraînements au stress. Exemple : silence absolu pendant cinq minutes, je ne veux rien entendre à part le bruit des ballons. On passera à 10 minutes puis à 15. Et soudain, après ces cinq minutes, j’exige qu’on mette le feu. C’est une façon d’apprendre à gérer le stress provoqué par un changement d’environnement. « 

7  » Je n’ai pas besoin que mon groupe m’aime. Je n’ai jamais fait l’unanimité dans mes clubs et je ne la ferai jamais nulle part. Mais je ne veux pas non plus me faire détester. Il faudrait être fou. Je ne suis pas venu sur Terre pour être un homme de conflits. « 

8  » Attaquer, tout le monde peut le faire. Défendre, tout le monde doit le faire.  »

9  » Si le tireur désigné pour un penalty ne se sent pas bien, j’insiste pour qu’il passe son tour. Moi, si je ne suis pas en forme avant d’entamer un long trajet en voiture, je cède le volant. Même si c’est ma voiture.  »

10  » La défense, c’est le placement. L’attaque, le déplacement. « 

11  » Je fais répéter 10, 20, 100, 1.000 fois certains exercices. Jusqu’au moment où ça devient non pas un réflexe mais un mouvement programmé. Avoir un réflexe, c’est retirer subitement votre main quand elle touche la taque de cuisson. Un mouvement programmé, c’est le fruit des répétitions. Je ne suis pas d’accord quand on parle de réflexe pour un gardien qui sort un ballon impossible. Non, il l’a tellement répété que c’est devenu un mouvement programmé. « 

12  » La communication est essentielle dans ce milieu. Elle passe parfois par des phrases élaborées ou simplement par un regard. Et même si l’objectif consiste à dire la même chose à Frédéric Herpoel, Momo Dahmane ou Alessandro Cordaro, je n’utiliserai pas les mêmes mots, les mêmes lieux, le même tempo.  »

13  » Avant chaque match mais aussi tout entraînement, je sens l’adrénaline monter. L’odeur du terrain, voir le ballon rouler, aider les joueurs, ça me procure du bonheur. Je coache depuis l’âge de 39 ans et je me suis promis de faire un bilan à 50 ans. S’il le faut, j’irai prodiguer mes conseils à des gamins de 5-6 ans dans mon village. Mais je n’arrêterai jamais. « 

 » Les limites de l’homme « 

14  » L’être humain n’utilise généralement que 15 à 20 % de son potentiel physique et intellectuel. C’est l’éducation moderne qui veut cela. On se fixe des limites trop facilement accessibles, puis on se satisfait du niveau atteint. Je veux renverser cette habitude dans mon travail. Je ne demande pas à mes joueurs de tourner à 200 % de leur potentiel : 100 %, ce serait déjà bien. « 

15  » Il y a cinq composantes dans le football : le ballon, le partenaire, l’adversaire, l’espace et le temps. Quand je suis arrivé à La Louvière, les gamins n’en connaissaient qu’une seule : le ballon. Et encore ! Ils avaient des problèmes avec cette balle : ils se battaient avec elle pour bien l’utiliser et ça se transformait souvent en grosse bagarre parce qu’ils ne parvenaient pas à la maîtriser complètement. S’ils n’avaient pas un mental exceptionnel, je ne les aurais même pas gardés un mois dans le groupe, tellement leurs lacunes étaient marquées. « 

16  » Lorsque je voyais certains joueurs du Brussels, je me disais : -Lui, il n’a pas de pied gauche. Avant d’ajouter quelques secondes plus tard : -Il n’a apparemment pas de pied droit non plus.  »

 » Gagner « 

17  » Pour les Latins, la défaite a quelque chose de honteux parce qu’ils considèrent que leur orgueil est atteint. Dans les pays anglo-saxons, on ne voit pas les choses de la même façon : elle est intégrée dans l’acte sportif. Elle fait partie des possibilités, au même titre que la réussite. Je hais la défaite parce que c’est le meilleur moyen pour aimer la victoire, mais je refuse de parler d’échec. En sport, il n’y a pas d’échec mais seulement des réussites différées. On ne gagne pas aujourd’hui mais on peut s’imposer demain. « 

18  » Il est temps que les Belges arrêtent de se sous-estimer. Les Français l’ont fait pendant des années. Ils se croyaient plus petits que tous leurs voisins et ils prenaient des claques. Un jour, ils ont enfin pris conscience que, comme les Anglais, les Espagnols et les Allemands, ils avaient deux bras et deux jambes. Ils ont hurlé : -Stop, basta ! Et, comme par hasard, ils se sont mis à tout gagner.  »

19  » Il y a des leaders techniques : ceux qui occupent une position déterminante dans l’entrejeu. Il y a des leaders émotionnels : ils calment l’équipe quand la tempête se lève. Pas nécessairement par des mots durs mais par leur attitude générale : ils écartent les bras ou font le petit geste indispensable au bon moment. Moi, j’étais un leader institutionnel à Nancy : je représentais les valeurs de mon club, la formation, la solidarité, l’attachement au maillot. « 

 » Mes hommages « 

20  » La présence et le travail d’ ArielJacobs planeront éternellement sur le Tivoli. Et je n’ai surtout pas envie de voir disparaître cette ombre. L’homme a marqué l’histoire de ce club.  »

 » Quand j’étais joueur « 

21  » Au début, je n’étais franchement pas bon balle au pied. Mais comme je n’aurais jamais supporté d’être considéré le dernier, j’ai mis les bouchées doubles. Deux ans après avoir enfilé mes premières godasses, je faisais partie de la sélection lorraine. Je savais que je ne devais pas miser sur la technique mais sur le physique et le mental. J’étais dur et rigoureux, mais jamais méchant. « 

22  » Quand j’étais joueur, j’avais des offres de Marseille et du Matra Racing mais je préférais être un grand chez les petits que l’inverse. « 

23  » Je n’étais pas un stoppeur qui passait les 90 minutes du match dans ses 16 mètres, hein ! Si cela peut vous rassurer, je suis un ancien attaquant reconverti en arrière. « 

 » Oui, Papa ! « 

24  » Quand j’avais sept ou huit ans, mon père m’a fixé dans les yeux et m’a dit : -Ecoute-moi petit, un Cartier n’abandonne jamais.  »

 » Etre une femme « 

26  » Si une femme n’a pas de charme aujourd’hui, elle n’en aura pas demain. Cela ne se cultive pas. Si elle en a maintenant, elle en aura toujours. Une femme qui a du charme à 30 ans en aura encore à 70. Elle n’aura sans doute plus cette beauté qui faisait tourner les têtes quand elle était jeune, mais son charme ne l’aura pas abandonnée. Ce n’est pas une question d’habillement, de bijoux ou d’autres accessoires, mais une attitude, un verbe, un regard. Avoir du charme, ce n’est pas être dans le paraître mais dans l’être. « 

27  » Je trouve les prénoms de mes filles jolis, surtout en regard des personnes qui vivent à l’intérieur. « 

 » Le mal est fait « 

28  » Je ne savais même pas qu’on pouvait parier sur des matches en Belgique à l’autre bout du monde . Si tu doutes de tes joueurs, tu ne t’en sors plus. Si à chaque match, tu commences à te dire qu’il y a un coup de Trafalgar, autant arrêter d’entraîner.  »

29  » Le Chinois, je ne l’ai jamais vu ni entendu. Quant à Pietro Allatta, je me souviens qu’à mon arrivée au Tivoli, Monsieur Gaone m’a demandé de me montrer très prudent à son égard. J’ai donc toujours veillé à le rencontrer en présence de témoins.  »

30  » Le mal est fait puisque mon nom a été cité dans l’affaire des matches truqués. Je ne peux empêcher les commentaires mais ceux qui ont parlé ou qui parleront encore assumeront les conséquences. J’ai porté plainte contre les responsables de l’émission de la VRT. Depuis des années, je défends des valeurs qui m’ont été inculquées par mes parents et dans mes clubs. Elles ne sont absolument pas en adéquation avec ces accusations.  »

31  » Après le match Mons-La Louvière, j’avais la bave aux lèvres, la haine de la défaite. Je me suis même empoigné, dans le couloir du stade, avec un Montois qui avait insulté un de mes joueurs. Tout a failli dégénérer en bagarre générale. C’est vous dire si j’étais démonté ! Pour couronner le tout, la police judiciaire nous attendait ensuite dans les locaux de l’Albert pour nous interroger au sujet du match contre Bruges. Au terme de cet interrogatoire, nous sommes rentrés au Tivoli à 1 h 30 et j’ai tenu mes joueurs jusqu’à 3 heures du matin pour leur passer le savon de leur vie. « 

 » L’argent « 

32  » Mon premier salaire était de 2.000 francs français (300 euros). Brut. Le montant n’avait pas beaucoup d’importance. Ce qui m’importait, c’était d’entrer dans la vie active, de voir mon travail reconnu et de contribuer comme citoyen à la société. « 

33  » L’argent n’est pas ma priorité mais il en faut pour faire vivre ma famille et il est normal que je sois rémunéré en fonction des services prestés. Je passe environ 10 à 12 heures au club chaque jour. Je crois avoir d’autant plus de mérite que je travaille avec des moyens limités. « 

 » Forrest Gump « 

34  » Lors de ma dernière saison de foot, je me suis juré que, la première chose que j’arrêterais une fois ma carrière terminée, c’était de courir. La première année, j’étais déjà à quatre sorties d’une heure par semaine. Il y a l’envie mais aussi le besoin de souffrir derrière le sport. Et puis, quand on a souffert de la compétition pendant 20 ans, on ne peut abandonner son corps du jour au lendemain. Le fait de m’entretenir, cela me permet d’avoir moins mal au genou ou au dos. « 

35  » Il y a toujours un petit fond de narcissisme, mais j’accepte de vieillir. Je me dis seulement que c’est plus facile de ne pas prendre du poids que d’en perdre. « 

36  » Mes premiers mots à Dieu au paradis ? -Salut, on va faire un jogging ? « 

 » C’est évident « 

37  » Un stade vide est toujours triste. Il ne devient gai que quand il y a du monde dans les tribunes. « 

38  » Je refuse les excuses toutes faites, du style : -On a perdu parce que la literie était mauvaise ou parce que la collation de la mi-temps était trop lourde.  »

39  » Mon plus grand malheur serait de ne plus croire au bonheur. « 

40  » On est toujours plus petit que quelqu’un d’autre. « 

Keskidi ?

41  » La Louvière est un club rigoureux, organisé et sérieux qui ne se prend pas au sérieux. On m’a fait comprendre qu’il voulait s’inscrire dans la durée et c’est enivrant de pouvoir participer à ce grand projet. « 

43  » Les succès se préparent, ils ne se commandent pas. Tu peux commander deux bières au bar, pas un titre ou un avenir dans un tout grand club. « 

44  » Avec La Louvière, ce n’est pas la première fois que j’entraîne un club qui a un des plus petits budgets de la série. Ce n’est pas un problème. L’argent vous permet de payer un médecin mais pas d’acheter une bonne santé. C’est un outil important mais pas le facteur le plus déterminant. « 

45  » Je ne recherche pas à tout prix de la publicité, mais mes origines lorraines me font attendre de la reconnaissance et de la gratitude. « 

46  » Mon animal préféré est mon chien, un westy. Le même, pour ainsi dire, que celui que l’on retrouve sur les étiquettes des boîtes de César. « 

47  » Les statistiques, c’est comme les mini-jupes : ça donne des idées mais ça cache l’essentiel. « 

48  » L’entraîneur est là pour faire l’alchimie entre tradition et professionnalisme, entre convivialité et compétition. « 

49  » Dites plutôt joueur sans contrat que chômeur. « 

50  » Un joueur de 35 ans continue à apprendre. Ce qui fait la différence, c’est la vérité, la véracité du moment. Cela donne l’efficacité. « 

PAR PIERRE DANVOYE

25  » Comme le disait mon père, si on a la clef, il faut savoir quelle serrure elle ouvre et ce qu’il y a derrière la porte. « 

42  » On pourra toujours faire d’un homme un footballeur. Alors que le contraire est impossible. « 

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