Serena Williams

A la question « Qu’aimez-vous le plus? », Serena Williams répond sans ambages: « Jouer au football et au basket, le cinéma, bouquiner, m’imaginer actrice, le téléphone et passer du temps avec ma famille ou mes amis ». L’endroit qu’elle aime le plus visiter au monde? Là non plus la réponse ne se fait pas attendre: « Le miroir qui trône dans ma chambre ».

Même si Serena Williams a remporté l’US Open 1999, on ne sait trop où elle situe le tennis parmi ses priorités. Et d’ailleurs, en est-ce une? Nul ne le sait avec certitude. Ainsi est la cadette des Williams. Imprévisible. Mais à la différence de sa soeur Venus, tout aussi difficile à cerner, Serena se définit comme « plus marrante ».

On pourrait continuer ainsi longtemps la liste de ce qu’elle considère comme important mais qui paraît si futile. Comme sa ligne de vêtements qu’elle a créée et qu’elle affiche souvent sur les courts. Si Venus suit toujours des cours de design vestimentaire, Serena est plus avancée.

Dans toute famille nombreuse, un des enfants sort toujours du lot. Chez les Williams, c’était Serena. Dès l’apparition de Venus sur le circuit professionnel en 1997, Richard, le père, proclama: « Venus est forte mais j’ai une autre fille, encore plus douée. Elle s’appelle Serena. Elles seront bientôt numéros un et deux mondiales ».

Il se garda de préciser laquelle précéderait l’autre… Pour l’heure, les palmarès parle en faveur de l’aînée. Aux quatre titres du Grand Chelem remportés par Venus, Serena n’en a qu’un à opposer. Rayon classement mondial, Venus a déjà atteint la deuxième place tandis que Serena a « calé » deux échelons plus bas. Et quand les deux soeurs sont contraintes de s’affronter, comme ce fut le cas la dernière fois en finale à Flushing Meadows, c’est toujours Venus qui s’impose. Mais Richard n’en démord pas: « Le meilleur de Serena est encore à venir ».

C’est sans doute vrai mais il devra encore attendre. Blessée à la cheville au tournoi de Sydney préparatoire à l’Open d’Australie, Serena a dû faire l’impasse sur le premier Grand Chelem de l’année.

La durée de son indisponibilité est longtemps restée un mystère mais les organisateurs du tournoi d’Anvers croisaient les doigts pour que l’Afro-Américaine les honore de sa présence.

C’est en 1998 que Serena fait ses premiers pas sur le circuit WTA. Elle a 18 ans et y est précédée d’un an par sa soeur, mais frappe aussi fort. Elle a fait ses premières gammes à l’âge de cinq ans et demi sur les courts publics de Compton (Californie) et présente un physique puissant.

Là où le public reste fasciné par les longues jambes de Venus, il se dit profondément impressionné par la largeur des épaules de Serena. Plus petite, celle-ci développe un tennis plus athlétique.

Sa première victoire intervient tôt dans l’année 1999, au tournoi de Paris-indoor, soit à peine plus d’un an après ses premiers pas parmi les professionnelles. Dans l’aquarium du stade Pierre de Coubertin, Serena bat la star des lieux, Amélie Mauresmo au terme d’un match haletant. Quelques heures plus tard, Venus gagne à Oklahoma City marquant ainsi une première: deux soeurs gagnent le même week-end sur le Tour.

A Flushing Meadows, au mois de septembre, elle devient la première Williams à remporter une épreuve du Grand Chelem. Classée seulement septième tête de série, elle est la joueuse la moins bien classée à s’imposer à New York depuis le début de l’ère open. Plus spectaculaire encore est la liste de ses « victimes »: Seles, Davenport et la numéro un mondiale Martina Hingis en finale. Serena s’est fait une place parmi les grandes.

On croit alors « la petite Williams » placée sur orbite. Mais tandis que la pression semblait n’avoir aucune emprise sur elle, Serena marque le pas. Les engagements sont subitement trop importants. Les blessures succèdent aux blessures et lui permettent de prendre du recul par rapport au tennis et de s’adonner à ses passe-temps favoris. Mais à chaque fois qu’elle réapparaît sur les courts, elle joue mieux que jamais. Comment fait-elle ? Mystère.

On ne sait pas trop ce que l’on doit attendre de la saison 2002 de Serena. L’an dernier, elle avait remporté trois titres (le Masters, Indian Wells et l’Open du Canada), portant à 11 le nombre de ses trophées. Son avenir semble plus que jamais lui appartenir. Elle a déclaré vouloir jouer davantage parce qu’elle dit avoir compris que la première place ne s’obtiendra qu’à ce prix-là.

Mais en Australie, Venus a apporté un bémol à ce subit entrain: « La première place mondiale? Je ne sais pas si c’est ce que je veux parce qu’une fois acquise, elle nécessite un dévouement complet au tennis. Et je veux pouvoir continuer à faire les choses que j’aime ».

Elles seront toujours imprévisibles.

Florient Etienne

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