Sept ou huit noms en tête

L’entraîneur des Hurlus veut conserver Mbo Mpenza et encore renforcer son équipe lors du mercato.

La belle série de 16 points sur 18 enregistrée par l’Excelsior Mouscron a pris fin vendredi soir. Il est vrai que l’adversaire s’appelait Anderlecht, qui n’a encore rien laissé à ses opposants à l’exception du partage concédé contre Bruges. Pourtant, à l’issue du match, les Hurlus pouvaient nourrir des regrets.

La rencontre rappela, dans son scénario, celle qu’avait livrée les Frontaliers face au Standard en ouverture du championnat : l’équipe mouscronnoise, fortement déforcée par les blessures et suspensions, avait été disposée en 3-5-2 et témoigna, dans un premier temps, d’un trop grand respect à l’égard de son prestigieux visiteur. Menée à la marque, elle se montra plus entreprenante en deuxième période. La différence, c’est que si face au Standard, l’Excel était parvenu à égaliser, face à Anderlecht, la reprise de la tête de MarcinZewlakow fut repoussée par le poteau.

GeorgesLeekens, en bon psychologue qu’il est, avait joué finement le coup. Durant la semaine qui précéda l’affrontement, il avait déclaré à qui voulait l’entendre qu’à moins d’un miracle, son équipe n’avait aucune chance de prendre des points face au Sporting. Pourtant, en son for intérieur, nul doute qu’il croyait fermement en ses troupes.

GeorgesLeekens :  » Ce n’est pas bon de mettre trop de pression sur les épaules des joueurs. Contre Anderlecht, ils doivent faire ce qu’ils peuvent, tout simplement, et si cela ne suffit pas pour gagner, ce n’est pas grave. Il n’est pas nécessaire de les motiver : face à un tel adversaire, la motivation vient d’elle-même. Si je n’ai aligné que trois hommes derrière, c’était pour en avoir un en plus dans l’entrejeu, où j’espérais pouvoir compenser notre infériorité technique par une supériorité numérique. Nous aurions mérité de récolter un point. Le but encaissé est la conséquence d’une succession de petites erreurs. Le poteau qui sauve DanielZitka sur la reprise de la tête de MarcinZewlakow symbolise, en revanche, le petit brin de chance du… futur champion. C’est aussi ce qui fait la différence entre Anderlecht et… Bruges. Le Sporting est déjà passé plusieurs fois par le chas de l’aiguille. Il avait, par exemple, été mené à Heusden-Zolder, mais était parvenu à gagner. Bruges, dans les mêmes conditions, s’est incliné. C’est dommage pour l’intérêt du championnat que nous n’ayons pas pris la mesure des Bruxellois. Pour Mouscron, à la limite, ce n’est qu’un moindre mal. L’important, c’est de récolter des points à Westerlo le week-end prochain. Dans cette optique, je regrette surtout le troisième carton jaune dont ont écopé SamirBeloufa et GeoffreyClaeys : ils seront suspendus en Campine « .

Recréer une ambiance positive

Malgré la défaite face à Anderlecht, l’Excelsior demeure dans le haut du tableau et a retrouvé de l’ambition. L’effet Georges Leekens n’a pas tardé à se faire sentir. LongCouteau a le profil idéal pour travailler au Canonnier : s’il est exigeant dans son travail, il sait aussi s’amuser et créer une ambiance positive. Que ce soit avec les joueurs ou avec les supporters.

GeorgesLeekens :  » Lorsque j’ai débarqué, en juillet, l’ambiance n’était pas au beau fixe, mais ce n’était pas uniquement la faute de LorenzoStaelens. Il y avait tout un contexte qui n’incitait pas à l’optimisme. L’une de mes priorités fut de recréer une atmosphère positive. Comment je m’y prends ? Vous savez, j’ai l’expérience de ce genre de situation. J’avais repris Lokeren lorsque l’équipe était 18e. Idem avec Roda JC, qui était aussi 18e. J’avais repris l’équipe nationale alors qu’elle était pratiquement éliminée de la Coupe du Monde 1998. Lorsque j’avais débarqué pour la première fois au Canonnier, en 1995, c’était aussi la sinistrose qui régnait après les échecs successifs au tour final de D2. Pour redresser la barre, je fais appel à mon sens de la psychologie, de la motivation et de la communication. La recette fonctionne toujours. Aujourd’hui, à Mouscron, l’état d’esprit est redevenu positif. Contre Anderlecht, le stade était plein et les supporters ont encouragé leur équipe. Les loges étaient bien garnies également et leurs locataires se sont bien amusés. L’Espace Jeunes revit. Et j’ai encore quelques idées en tête. Mouscron a toujours été synonyme d’ambiance. Sur et en dehors du terrain. C’est le label sous lequel le club a bâti sa réputation et cela ne peut pas disparaître. Le professionnalisme n’est pas incompatible avec la convivialité. L’hommage qui a été rendu à GordanVidovic avant le match de vendredi était fantastique pour lui. Connaissant l’homme, je sais que ces marques de sympathie lui sont allées droit au c£ur. Une ambiance positive peut avoir des répercussions à tous les niveaux. Elle peut aussi redonner l’envie à certains joueurs de venir jouer à Mouscron. Et pas nécessairement parce qu’ils recevront un meilleur contrat : parce qu’ils seront placés dans un contexte favorable qui leur permettra de s’exprimer au mieux « .

Des jeunes, oui, mais pas trop

La politique de jeunes à outrance a vécu au Canonnier. Pourtant, la porte ne leur est pas fermée. Si certains, qui avaient reçu leur chance avec Lorenzo Staelens, n’ont plus guère voix au chapitre, d’autres apparaissent. C’est ainsi que l’on a découvert vendredi l’arrière gauche JulienCatrain, 19 ans et originaire de Charleroi, qui n’avait encore jamais été titularisé en équipe Première. Ce n’est sans doute pas un hasard s’il est grand et athlétique. C’est un profil qu’apprécie l’entraîneur du Canonnier.

GeorgesLeekens :  » J’ai découvert Julien Catrain dans le noyau B. Je n’avais pas beaucoup de possibilités sur le côté gauche et je lui ai offert une chance. C’est un ancien ailier, cela se voit à la qualité de ses centres et à la vitesse à laquelle il réalise ses débordements. Il doit encore apprendre à doser ses efforts et à améliorer son positionnement défensif. Il avait déjà effectué une très courte apparition à Beveren. Contre Anderlecht, il a livré une très bonne prestation, qui demande confirmation. Peut-être, avec lui, disposerai-je bientôt d’un élément supplémentaire susceptible d’entrer en considération pour l’équipe Première. Je ne suis pas allergique aux jeunes, loin de là. Seulement, l’objectif n’est pas d’en lancer cinq ou six en même temps dans l’équipe, mais d’en sortir de temps en temps un bon. Il faut aussi les lancer dans un contexte favorable. C’est plus facile pour eux si on les introduit sans pression, dans une équipe qui tourne bien, plutôt que dans une équipe qui tourne mal en leur demandant de renverser la tendance. La saison dernière, l’équipe avait été rajeunie trop rapidement et trop massivement. C’est vrai, j’ai effectué un tri parmi les jeunes. Certains, qui avaient reçu leur chance l’an passé, sont retournés dans le noyau B. Cela ne signifie pas qu’ils ne pourront pas revenir. J’ai aussi demandé à Lorenzo Staelens d’appliquer des critères plus élevés : ceux qui frappent à la porte des Espoirs ou de l’équipe Réserve doivent déjà avoir un certain niveau. Je ne recherche pas uniquement des armoires à glace. Mais ceux qui ne sont pas grands et costauds doivent au moins être explosifs. Et puis, je veux des jeunes qui, en plus de leur talent et de leur intelligence, démontrent leur hargne, leur volonté, leur passion. Ceux qui le prennent à la légère n’ont pas leur place chez moi « .

Mbo Mpenza : partira, partira pas ?

Georges Leekens peut compter, depuis le début de la saison, sur un MboMpenza en forme internationale, alors que Lorenzo Staelens en avait été privé pendant six mois. Rien que cela, c’est déjà une sacrée différence. Dès lors, beaucoup s’interrogent : qu’adviendra-t-il de Mouscron le jour où il ne sera plus là ? Le Diable Rouge était déjà annoncé en partance en juin. Aujourd’hui, son départ est û selon certains – programmé pour janvier. Son entraîneur espère toujours le conserver. Là où d’aucuns affirment qu’une rentrée d’argent serait salutaire, Georges Leekens répond qu’en gardant Mbo Mpenza, le club jouirait d’un plus grand prestige et attirerait plus facilement public et sponsors.

GeorgesLeekens :  » Je procède du raisonnement inverse, en effet. Le club a besoin de liquidités et la vente de Mbo Mpenza lui apporterait une bouffée d’oxygène bienvenue ? C’est possible. Mais, sans le Diable Rouge, l’Excel deviendrait moins attractif. Et, donc, attirerait moins de public et de sponsors. Dans un an, il faudrait de nouveau vendre des joueurs pour compenser la baisse des rentrées financières. De cette manière-là, on n’avance pas. On s’enfonce, au contraire, dans un cercle vicieux. Moi, je dis : essayons de conserver Mbo Mpenza. Cela exige un gros effort financier, certes, mais qui s’apparente à un investissement. Car une équipe attractive attire davantage de public, davantage de sponsors et… de meilleurs joueurs. Mbo Mpenza est devenu l’ambassadeur du club. Sa présence rehausse l’image de marque de l’équipe. Il est très prisé sur le marché ? C’est normal, c’est simplement la preuve qu’il joue bien : beaucoup d’équipes aimeraient l’avoir dans leur effectif et il n’y a rien d’illogique à cela. Mais son prix est fixé, et jusqu’à preuve du contraire, les offres concrètes n’affluent pas. Le jour où un club mettra l’argent sur la table, nous devrons nous résoudre à le laisser partir, mais cet argent-là, il faudra le réinvestir, et pas uniquement dans un seul joueur. Car, une copie conforme de Mbo Mpenza, on n’en trouvera pas. Il faudra donc compenser son départ éventuel en renforçant d’autres positions. Nous n’en sommes heureusement pas encore là. Mbo Mpenza se sent bien chez nous, sa famille est heureuse et ses prestations sous le maillot de l’Excel lui ont permis de reconquérir ses galons d’international, auxquels il tient beaucoup. S’il s’en va, ce sera pour un club où il effectuera réellement un bond en avant. Un club qui dispute la Ligue des Champions, par exemple. Croyez-moi, il n’est pas encore parti « .

Des renforts au mercato

La saison dernière, Lorenzo Staelens avait dû se débrouiller avec les moyens du bord et combler les places vacantes par des jeunes. En début de saison, Georges Leekens a déjà obtenu SamirBeloufa et StephenLaybutt, alors que son prédécesseur n’avait jamais pu bénéficier du moindre renfort. Aujourd’hui, il veut plus : non content de vouloir conserver Mbo Mpenza, il envisage d’encore engager d’autres joueurs durant le mercato d’hiver. Pourtant, il n’y a pas d’argent.

GeorgesLeekens :  » Ce n’est pas la première fois que je travaille dans un club dont les finances ne sont pas florissantes, et que je parviens à renforcer l’équipe. On prétend que j’ai longtemps frappé du poing sur la table pour obtenir l’engagement de Samir Beloufa et de Stephen Laybutt ? Ces joueurs n’ont pas coûté cher, ils étaient libres de transfert et leur engagement était indispensable : je n’ose imaginer à quoi aurait ressemblé ma défense sans eux. Ils ont été engagés sur base d’un contrat d’un an, avec option. Pour l’hiver, il n’y aura pas beaucoup plus d’argent en caisse, mais je suis persuadé qu’il y aura encore moyen de réaliser quelques bonnes affaires. J’ai déjà sept ou huit noms en tête. Je continue à visionner des matches et des cassettes. Gordan Vidovic, qui a déjà rendu un rapport fantastique au retour de sa mission précédente, repartira bientôt à la recherche d’autres talents. S’il n’y a pas d’argent pour payer une somme de transfert, il y a peut-être moyen de conclure des accords avec le club d’origine qui prendraient cours lors de la revente du joueur. C’est une question d’ingéniosité. J’aimerais augmenter la qualité de mon noyau, tout en diminuant la quantité. Un peu de concurrence n’a jamais fait de tort à personne. Cela oblige chacun à se remettre en question et à élever son niveau à l’entraînement. Cette concurrence risque-t-elle de déstabiliser une équipe qui tourne ? Moi, je réponds non. Celui qui n’accepte pas la concurrence n’a pas sa place dans un groupe entraîné par Georges Leekens. Pour l’instant, je n’ai pas assez de solutions de rechange en cas de blessures et de suspensions. Lorsque je dois procéder à des remplacements, le rendement s’en ressent. Un renfort dans chaque ligne serait le bienvenu. Mais il faut que ce soient de vrais renforts, des joueurs qualitativement supérieurs à ceux que l’on possède déjà. Dans le même ordre d’idées, il serait sans doute bon que ceux qui n’atteignent pas le niveau requis soient cédés. C’est la loi du jeu. On peut faire du social, mais l’objectif suprême demeure tout de même la construction d’une équipe compétitive. Je préfère que l’on investisse dans le renforcement de l’équipe, plutôt que dans des dépenses inutiles, comme les mises au vert et les séjours à Delden ou à Marbella. On peut parfaitement se préparer en Belgique « .

Défensif, l’Excel ?

A défaut de produire un jeu chatoyant, l’Excelsior est devenu une équipe efficace qui encaisse peu et û sauf lors de ses deux défaites à Genk et contre Anderlecht û parvient toujours à marquer. Certains la taxent même d’équipe défensive, surtout lorsqu’elle se produit en déplacement.

GeorgesLeekens :  » Je réfute cette accusation. L’Excelsior ne débute jamais un match avec l’intention de bétonner. Certes, on prend certaines précautions : on ne joue plus la fleur au fusil, avec huit hommes devant le ballon. Mais quoi de plus logique ? A Gand, c’était un mauvais match, mais l’équipe qui s’est créé les plus belles occasions était Mouscron. A Beveren, nous avons rapidement pris deux buts d’avance, puis nous avons été obligés de reculer sous la pression des Waeslandiens. Ce n’est pas notre faute si ceux-ci ne sont pas parvenus à concrétiser. Pareil à La Louvière. Ceux qui nous accusent d’être défensifs sont peut-être frustrés de ne pas avoir trouvé la solution, tout simplement « .

 » Sans Mbo, l’Excel deviendrait moins attractif. Et, donc, attirerait moins de public et de sponsors «  » Ceux qui nous accusent d’être défensifs sont frustrés de ne pas avoir trouvé la solution « 

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