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Vous pensiez tout savoir, ou presque, sur la vie et l’oeuvre de l’entraîneur du Standard ? En route pour une visite de son jardin secret.

Liège a vu naître un champion le 24 janvier 1959. Quelques jours après la venue au monde de la chanteuse Sade. Quelques jours avant l’apparition du tennisman John McEnroe. MichelPreud’homme fête cette semaine son soixantième anniversaire. 50 ans après son affiliation au Standard, 40 après ses débuts en équipe nationale et la mort de son père, 30 après le titre de champion avec Malines et ses trophées de Gardien de l’Année et du Soulier d’Or, 20 après les derniers matches de sa carrière avec Benfica.

Le jeune Michel Preud'homme avec son premier bolide.
Le jeune Michel Preud’homme avec son premier bolide.© baranyi

Voici plein de petites choses que vous ne saviez (probablement) pas sur l’entraîneur du Standard. MPH anecdotique, c’est ici.

Ah bon ?

Sa première expérience d’entraîneur remonte aux années 80, à l’époque où il était gardien du Standard en alternance avec Gilbert Bodart. Il a entraîné Tilff, en Provinciale. Tout est parti d’une blague de comptoir entre le trésorier du club et le tenancier de la buvette. Ils ont évoqué cette idée folle puis ont appelé Michel Preud’homme qui, à leur complète surprise, a accepté. Il a gardé des contacts avec certains joueurs de l’époque.

Dans les années 90, il a participé à une pub. Pour des matelas.

Il considère que les deux meilleurs matches de sa vie sont – évidemment – Belgique – Pays-Bas à la Coupe du Monde 94 et un bien moins sexy Cercle de Bruges – Malines du championnat 1993-1994. Il avait tout arrêté, dont un penalty de Dorinel Munteanu, et la plupart des journaux lui avaient attribué une note autour de 9 sur 10.

Après la Coupe du Monde 94, il a disputé un match au Japon au profit des victimes du tremblement de terre de Kobe.

Aucun footballeur belge n’a disputé plus de matches que lui en première division : 650 avec le Standard, Malines et Benfica.

Quand il était joueur, il était une idole de Thierry Courtois, le père de Thibaut.

Il avait une certitude sur son avenir, quand il était joueur : il ne deviendrait jamais entraîneur. Il envisageait de rester dans le milieu du football, mais dans un autre rôle.

A ses yeux, les deux meilleurs attaquants qu’il a affrontés quand il était gardien étaient Marco van Basten et Paolo Rossi.

Il n’a rejoué qu’un match après la fin officielle de sa carrière. Environ six mois après avoir stoppé, il a disputé un jubilé opposant des anciens joueurs étrangers du championnat portugais à des Angolais qui évoluaient dans ce pays.

Il a reçu trois trophées portant des noms de gens célèbres du foot : Prix Lev Yachine en 1994, RinusMichels Award en 2011, Guy Thys Award en 2012.

Dans les premières pages de sa biographie, José Mourinho rappelle qu’il doit ses débuts d’entraîneur à Michel Preud’homme, qui était allé le chercher à Barcelone (où il était adjoint) pour lui proposer de diriger Benfica. MPH faisait le tour de clubs européens pour Benfica, il avait discuté l’une ou l’autre fois avec Mourinho et était impressionné par son discours.

L’enfant

Il est né à l’hôpital d’Ougrée, de l’autre côté de la Meuse par rapport au stade du Standard. Son père était ouvrier chez Cockerill, sa mère était coiffeuse.

Il a commencé des humanités latin – sciences parce qu’il avait un but : devenir vétérinaire de campagne. D’ailleurs, il passait pas mal de temps dans une ferme de son village. Il a bifurqué vers l’éducation physique quand le rythme des entraînements au Standard a augmenté.

Vie privée

Il a trois points de chute. Une maison à Bordeaux, la région de sa compagne, un logement à Knokke et un appartement à deux chambres dans un appart’hotel tout près du Casino de Chaudfontaine, à un quart d’heure de Liège. Cet appartement est mis à sa disposition par le Standard.

Quand il entraînait Gand, il résidait à l’Auberge du Pêcheur, à Laethem-Saint-Martin, à un quart d’heure du centre de Gand. Quand il était à Bruges, il a occupé pendant deux ans un logement à l’Hôtel Weinebrugge, à cinq grosses minutes du stade.

La Scuderia, un restaurant de Chaudfontaine où il a ses habitudes, est noté 3,5 / 5 sur Tripadvisor.

Il craque toujours pour une recette que sa grand-mère puis sa mère lui préparaient autrefois : une tartine de matoufet. C’est une spécialité typique des provinces de Liège, Luxembourg et Namur. Le matoufet et une espèce d’omelette préparée avec des oeufs, du lait, de la farine et des lardons rôtis.

Il évite les plats épicés et les ingrédients piquants. Il est bon pour un mal de tête au réveil s’il boit plus qu’un verre de vin le soir.

Avant chaque match, ses enfants, Guilian et Megan, lui envoient un message d’encouragement sur WhatsApp.

Le matin d’un match, Guilian lui demande sa composition d’équipe, il la lui envoie, et le fils fait son commentaire.

Si ses enfants sont dans le stade, il les cherche du regard avant le coup d’envoi et il leur fait signe.

Guilian a joué au foot en jeunes à Malines et à Twente. Son père ne l’a jamais encouragé à jouer dans le but car il craignait les inévitables comparaisons.

Quand elle était jeune ado, Megan était une grande fan de Steven Defour, dont elle avait des posters dans sa chambre. Quand Defour a gagné le Soulier d’Or, Michel Preud’homme lui a lancé, en rigolant :  » La différence d’âge avec ma fille n’est pas si immense. Sept ans. On ne sait jamais…  »

Michel Preud’homme avait très peu de temps pour s’occuper des devoirs et de l’éducation de ses enfants. Mais sa fille voulait toujours qu’il mette sa signature sur ses bulletins.

Il regrette de s’être mis à la consommation du snus, ces boules de tabac qu’il place sous la lèvre. C’est le Suédois Ralf Edström qui avait fait découvrir ce vice à des joueurs du Standard au début des années 80. Michel Preud’homme n’est pas le seul à avoir essayé à l’époque. Eric Gerets, SimonTahamata, Gérard Plessers et d’autres ont testé.  » On a trouvé ça dégueulasse « , dit-il aujourd’hui.  » Mais j’ai réessayé.  » Il y a deux formes de snus : le tabac en boîte métallique qu’on roule soi-même en boulette, et les sachets. MPH prend la version en boîte, plus hard.

Un shake hands avec celui qu'il a remplacé dans les buts du Standard, Christian Piot.
Un shake hands avec celui qu’il a remplacé dans les buts du Standard, Christian Piot.© baranyi

Juste avant, pendant et après les matches : ce sont les moments où il a le plus besoin de son tabac.

Stromae est en partie à l’origine de son initiative de quitter l’Arabie saoudite pour rentrer en Belgique. Son fils lui a envoyé le morceau Papaoutai, qui décrit l’absence du père. Ça lui a fait un choc, il en a conclu que c’était un message de son gamin, un manque.  » Deux ou trois mois plus tard, je décidais de revenir.  »

Quand Michel Preud’homme joue à Benfica, Bruno Govers, de ce magazine, fait un reportage à Lisbonne avec lui. Au moment de prendre la route pour rentrer chez lui à Cascais, il est prévenu par le gardien réserviste de Benfica que le trafic est complètement saturé. Il va donc passer la nuit dans le même hôtel que notre journaliste, le Zurique. Et ce sera carrément dans la même chambre, vu que l’établissement est sold-out. Au lever, ils partagent peigne et nécessaire à raser. Pour une brosse à dents, Preud’homme s’adresse à la réception.

Un tour en luge sous  le regard amusé de Raymond Goethals.
Un tour en luge sous le regard amusé de Raymond Goethals.© belgaimages

Superstitions

C’est Aad de Mos qui a achevé de le rendre superstitieux. Le coach hollandais l’obligeait à distribuer des cure-dents à tous les joueurs. Une fois devenu entraîneur, quand il avait Manu Ferrera comme adjoint, ils prononçaient tous les deux des mots-clés à certains moments de la journée. Il n’a jamais voulu marcher sur les lignes du terrain. Après un match, si l’équipe de télé a placé le panneau publicitaire de telle façon que Michel Preud’homme est obligé de se planter sur une ligne pour l’interview, il ne veut pas commencer aussi longtemps que le panneau n’a pas été bougé.

MPH et son pull orange :  supersition, quand tu nous tiens !
MPH et son pull orange : supersition, quand tu nous tiens !© belgaimages

À cause de ses superstitions, quand le Standard jouait pour le titre en 2008, sa femme ne prononçait pas devant lui le mot  » champion.  »

Ses superstitions touchent aussi son comportement vestimentaire. Il y a eu son fameux pull orange. Et quand il était directeur technique du Standard, il avait une grosse veste d’hiver et une grosse écharpe qu’il abandonnait rarement. Il a même été surpris en tribune avec cet accoutrement en plein mois de mai.

Standard, première

Au Standard, la fonction de directeur technique n’existait pas, on l’a créée pour lui quand il en a eu marre d’entraîner. Quand il a pris cette décision, Ivica Dragutinovic lui a dit :  » Tu es fou d’arrêter.  » Sa décision s’expliquait par un ras-le-bol de la mentalité d’une partie des joueurs.

Steven Defour a été le premier joueur du Standard à l’appeler après sa décision de quitter le club après le titre de 2008.

Il a conservé deux regrets de son premier séjour au Standard, comme entraîneur. Une élimination en demi-finale de la Coupe contre Gand. Si les Rouches l’avaient gagnée, ils auraient signé le premier doublé de l’histoire du club. L’autre, c’est une élimination par le Zenit Saint-Pétersbourg, futur vainqueur de la Coupe de l’UEFA. Une élimination dans laquelle l’arbitre a joué un rôle clé, selon lui.

Médias

Il existe plusieurs faux comptes Michel Preud’homme sur Twitter. On en trouve un qui se qualifie de  » parodique « , un autre se dit  » satirique « , etc. On peut par exemple lire ce post mis en mai dernier, mais donc il n’est pas de lui…  » Ricardo Sa Pinto peut déjà faire sa valise. Dans deux semaines, il rentre au Portugal. Je lui réserve son billet, je le conduis moi-même à l’aéroport, je le mets dans l’avion et je l’inscris au chômage. Et après tout ça, qu’il n’aille pas encore dire que je lui manque de respect.  »

Il était l’invité de 69 minutes sans chichis, l’émission de Joëlle Scoriels, en janvier de l’année dernière. La RTBF a fait une exception en enregistrant l’émission, alors qu’elle se déroule toujours en direct. La présentatrice a alors justifié la décision par des  » facteurs techniques « . En fait, Preud’homme ne pouvait pas garantir qu’il serait à Bruxelles le soir de la diffusion parce qu’il était alors en pleines négociations avec Bordeaux. C’était ça, l’explication. Il était le deuxième invité foot de l’histoire de l’émission. Le premier, c’était Daniel Van Buyten.

Un coach brugeois qui sait pousser la chansonnette aussi.
Un coach brugeois qui sait pousser la chansonnette aussi.© BELGA

Dans le football actuel, le joueur qui l’inspire le plus est Gianluigi Buffon. Il a été interviewé dans le cadre d’un reportage sur la longévité du gardien italien, comme lui encore actif à 40 ans.

Loisirs

Avec les années, il a dû commencer à s’échauffer avant d’entamer une partie de golf, pour éviter les douleurs post-effort.

Deux Liégeois célèbres qui ont déjà joué au golf avec lui ? L’ex-pongiste Philippe Saive et l’humoriste Bruno Taloche.

A côté du golf, il y a eu le snooker dans sa vie. Il a déjà eu une table chez lui. C’est dans une salle de snooker appartenant au champion de billard Raymond Ceulemans qu’il avait rencontré sa future femme et mère de ses enfants. Elle travaillait là-bas et Michel Preud’homme était venu jouer avec d’autres joueurs de Malines. À cette époque, il a affronté l’Ecossais Stephen Hendry, qui n’avait pas encore fêté le premier de ses sept titres mondiaux. Ce jour-là, il était à la salle avec son coéquipier hollandais Piet den Boer.

Look

Il a commencé à se laisser pousser la barbe sur les conseils du nouveau coiffeur qu’il a dégotté à Liège. L’homme lui a proposé de ne pas se raser pendant dix jours puis de repasser au salon pour tout ajuster. Ça lui a plu. Il dit que sa compagne trouve ce nouveau look  » joli et sexy.  »

Sa coiffure était autrefois tout à fait naturelle. Maintenant, il utilise du gel pour maintenir le volume de ses boucles.

Quand il était bébé, sa mère lui frottait la tignasse tous les jours pour lui  » fortifier les cheveux.  »

Le jour où il a rencontré Raymond Goethals pour la première fois, à l’époque où il jouait au Standard, le coach s’est moqué de son pantalon trois quarts :  » C’est ridicule.  » Michel Preud’homme lui a répondu :  » C’est vrai, ça ne vous irait pas non plus.  »

Quand il travaillait à la fédération, il portait systématiquement le costume et la cravate.

Bruges

Après son dernier match comme coach de Bruges, une victoire à domicile contre Gand en mai 2017, il a offert son brassard rouge à des supporters. Ce jour-là, ses enfants étaient au stade et portaient une casquette avec cette inscription : Preud’homme Squad.

Sa décision de prendre une année sabbatique quand il était à Bruges a été en partie inspirée par le décès soudain de Dominique D’Onofrio. Il s’est dit que, dans la vie, il y avait autre chose que le foot et sa façon de le vivre à 200 %. Ce n’est pas le salaire qu’il demandait qui a fait capoter ses discussions avec Bordeaux, mais l’indemnité que le club français aurait dû payer à Bruges (750.000 euros).

Il l’a dit

Preud’homme a fait cette comparaison entre les joueurs qu’il a eus à Bruges et ceux qu’il a maintenant au Standard :  » À Bruges, j’avais une armée, c’était structuré, discipliné, professionnel. Au Standard, j’ai des guérilleros. En rue, dans les ruelles sombres, ils sont super dangereux. Mais contre une armée structurée, les guérilleros ont des problèmes. Le défi, c’est de parvenir à ce qu’ils se battent de façon organisée. En football, l’idéal, c’est la folie contrôlée.  »

Autre comparaison, toujours entre Standardmen et Brugeois :  » Au Standard, avec des joueurs comme Sergio Conceiçao et Ricardo Sa Pinto dans mon groupe, des gars déjà fort bouillants, je devais un peu tempérer. À Bruges, je les trouvais gentils, ordonnés, je devais les faire sortir de leur coquille. Devant mon banc, j’essaie de compenser le trop ou le trop peu de mon équipe.  »

Ce qu’il a retiré des entraîneurs qu’il a côtoyés pendant sa carrière de joueur ? Le sens du foot offensif d’ ErnstHappel, le sens de l’organisation et de l’analyse de Raymond Goethals, la gestion d’un groupe de Robert Waseige, la rage d’Aad de Mos.  » J’ai pris un peu de tout ça et je me suis créé moi-même « , nous a-t-il expliqué.

MPH avec ses fidèles : Manu Ferrera et Stan van den Buijs
MPH avec ses fidèles : Manu Ferrera et Stan van den Buijs© belgaimages

Team MPH

Stan van den Buijs, qui s’est retrouvé comme scout à Zulte Waregem l’été dernier, a un long passé dans les staffs de Michel Preud’homme. Il l’a accompagné au Standard durant son premier passage, à Gand, à Al-Shabab et à Bruges. Avant ça, ils ont été coéquipiers à Malines. Et plus tôt que ça encore, Van den Buijs travaillait pour une marque d’équipement sportif et il fournissait MPH en godasses. En Arabie saoudite, ils habitaient ensemble et Van den Buijs a donné des minis-cours de cuisine à son T1.

Le déclencheur de la collaboration entre Yannick Ferrera et Michel Preud’homme, qui se sont retrouvés ensemble en Arabie Saoudite ? En 2010, Ferrera fait pour Preud’homme, alors entraîneur de Gand, le scouting du Cercle avant la finale de la Coupe. MPH tombe sous le charme de son travail. Il voudrait ensuite l’emmener à Twente mais ce club a déjà un analyste vidéo. Il le récupère quand il déménage une nouvelle fois, vers Riyad.

L’actuel préparateur physique du Standard, Renaat Philippaerts, a mis sa vie de prof d’université (à Gand) entre parenthèses pour bosser à temps plein avec MPH. Michel Preud’homme l’a recruté au moment où il a signé à Gand (qui n’avait pas d’entraîneur physique spécifique avant ça), vu qu’il ne pouvait pas emmener Guy Namurois, son préparateur au Standard. Philippaerts a ensuite suivi Preud’homme à Al-Shabab, à Bruges et donc maintenant chez les Rouches. Il n’a pas pu l’accompagner à Twente mais il s’y rendait occasionnellement pour donner des conseils.

Une de ses premières décisions à Gand : il demande qu’on transforme une grande pièce du centre d’entraînement en bureau pour tout le staff (trois adjoints, l’entraîneur des gardiens, le préparateur physique). Avant ça, par manque de place, chacun terminait son travail le soir à la maison.

Il a un ami intime qui travaille comme ostéopathe à Braine-le-Comte : Olivier Auquier est très connu dans le sport de haut niveau. Ils se sont rencontrés par l’intermédiaire d’ AlainDenil. MPH est parrain de la fille du praticien. Dont le fils, Raphaël, fait du rallye à ses heures perdues. Il y a une dizaine d’années, il a carrément goûté au championnat du monde.

Accro au café, il a longtemps privilégié, à l’apéritif, le kir royal : champagne et crème de pêche. Jusqu’au jour où un certain William Wouters, dont le fils était ami avec la fille de MPH, lui a fait découvrir le gin tonic. Dans son gin, on trouve généralement des zestes d’orange, de pamplemousse et de citron.

Ce William Wouters est un sommelier réputé qui a travaillé pendant près d’un quart de siècle au prestigieux resto Comme chez soi. Il a aussi oeuvré à La Villa Lorraine. Et il a été élu Premier sommelier de Belgique en 2003.

Il s’est fait un ami intime à Bruges : Walter Van Steenbrugge, homme de loi, fondateur d’un bureau d’avocats, auteur de livres juridiques et défenseur d’ IvanLeko dans l’affaire en cours.

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