Se BOUGER !

Le gardien marocain Khalid Fouhami estime que pour rester en D2, il faut se secouer.

Rien ne va plus à Visé cette saison. Ce n’est pas nouveau ! Le club de Guy Thiry n’a cessé de revoir ses objectifs à la baisse depuis deux ans. Envolées les grandes ambitions de D1 depuis le licenciement de Gilbert Bodart. Les Visétois sont lanterne rouge et ont la deuxième plus mauvaise défense de la série, après Deinze. Pour contrecarrer cette déferlante de buts, Visé a transféré Khalid Fouhami (32 ans), l’ancien gardien international marocain de Beveren et du Standard. C’est un pas en arrière pour celui-ci mais également un passage obligé. Fouhami a presque vécu l’enfer dans son ancien club : Alania Vladikavkaz. Il se confie et explique le pourquoi de son transfert à Visé.

Khalid Fouhami : J’ai signé à Visé pour me relancer. Je viens de vivre une expérience douloureuse en Russie et j’ai éprouvé des difficultés à trouver un club de D1. En réalité, je suis resté presque quatre mois sans club. Je veux donc travailler à nouveau avec un groupe et rejouer tous les week-ends. A 32 ans, j’estime encore avoir de belles années devant moi. J’ai acquis une certaine expérience et elle m’aidera à m’imposer dans un club de l’élite. Mais avant tout, je vais faire de mon mieux pour que Visé se maintienne. En foot, un jour, t’es un héros et le lendemain, un zéro ! Mais c’est normal. Il faut alors faire preuve de patience et travailler le plus possible. Il faut rester ambitieux et ne jamais laisser tomber les bras. Rares sont les joueurs qui ont une carrière magnifique. On ne peut vivre que des bons moments. C’est la première fois que j’évolue en D2. Je ne voulais pas être chômeur de longue durée. Il fallait impérativement que je recommence à m’entraîner. De plus, je suis heureux de revenir en Belgique. Les gens ont toujours été très gentils avec moi. Et ma femme s’y plaît !

Quelles sont vos premières impressions ?

Jean-Pierre Philippens, notre coach, est très sympa. L’entraîneur des gardiens Gaston Lejeune ne rechigne jamais à me dispenser une demie heure d’entraînement supplémentaire. J’apprends encore. Les joueurs me donnent l’impression de ne pas être très conscients de la précarité de la situation du club. Ils doivent absolument se remettre en question et se bouger. Car au niveau du potentiel, il n’y a pas une différence flagrante par rapport aux autres équipes mais ils doivent faire plus d’efforts et sur le terrain, plus se dépenser afin de compenser les erreurs de placements et de marquage. Ils sont jeunes, cela ne devrait pas poser de problèmes. J’essaye de leur parler un maximum.

J’ai joué une cinquantaine de matches avec le Maroc. Je peux donc les conseiller et les replacer. Ils ont des qualités qui ne sont pas totalement exploitées. Ils devraient prendre les entraînements un peu plus au sérieux. Il n’y a que le travail qui paie. Surtout dans une série telle que la D2. Elle est plus physique que la D1 et beaucoup moins tactique. La plupart des joueurs courent après le ballon au lieu de marquer leurs adversaires. On peut donc redresser la barre.

Se relancer en Belgique

Comment êtes-vous entré en contact avec Visé ?

Par l’intermédiaire de mon manager, Eric Depireux. Quand je suis rentré de Russie en Belgique, je lui ai demandé de trouver un club, même en D2. Je voulais recommencer à m’entraîner et n’en ai pas fait une question d’argent. Si je joue à mon niveau, je retournerai en D1 sans problème.

Comment s’est déroulée votre expérience en Russie ?

Une catastrophe ! J’avais évolué deux ans à l’Académica Coimbra, un club de D1 portugaise. Avec le Maroc, j’avais été élu meilleur gardien de la dernière CAN. Nous avons perdu la finale 2-1 contre la Tunisie de Roger Lemerre, à Rades. J’avais donc une belle carte de visite. C’est alors que l’Alania Vladikavkaz s’est manifesté. Les dirigeants russes étaient prêts à payer beaucoup d’argent. Le club portugais ne m’a pas retenu car il m’avait acquis gratuitement. Il souhaitait donc réaliser une belle opération financière. Ce transfert m’intéressait financièrement et sportivement. Rolland Courbis était alors entraîneur et m’a certifié que j’obtiendrais un très bon contrat. Je me suis alors dit pourquoi pas. J’étais rassuré et signé pour deux ans. La ville de Vladikavkaz est située à 1700 kilomètres au sud de Moscou. On ne s’y sentait vraiment pas bien ma femme et moi. Les gens ne parlaient que russe et ne se débrouillaient même pas un minimum en anglais. C’était rare de trouver une personne avec laquelle on pouvait communiquer. De plus, la plupart des gens y sont racistes. Ils nous observaient comme des extraterrestres. Mon nouveau club était, lui, très mal géré et très mal organisé. Les trois premiers matches, j’ai été payé à l’heure. Mais pour les autres rencontres, non. Le sponsor principal, une marque de vodka, a décidé de rompre son contrat avec le club et je n’ai plus été payé pendant les trois derniers mois. A cette époque, j’avais trouvé un accord avec le club turc de Diyarbakir Sports qui me proposait un contrat de deux ans. J’ai donc proposé à l’Alania de me laisser partir sans me payer et sans que j’aille me plaindre à la FIFA. Malgré cela, il ne voulait pas et souhaitait me louer ! J’ai participé à plusieurs entraînements du club turc mais on n’est pas parvenu à trouver un terrain d’entente avec les Russes. Ces gens sont vraiment malhonnêtes !

Préjudices financiers et moraux

Avez-vous fait appel à un avocat ?

Oui, à Laurent Denis. On a mis le club en demeure. Puis, on a été se plaindre à la FIFA. Vladikavkaz a finalement accepté ce que je leur avais proposé. Mais j’ai subi un préjudice financier et moral. Je ne joue plus en D1 et je ne suis plus sélectionné en équipe nationale. Je suis vraiment content d’être en Belgique. En Russie, même les joueurs sont jaloux. Cédric Roussel en sait sûrement quelque chose. Ma femme ne voulait pas qu’on parte là-bas. J’aurais dû l’écouter ! Ce fut une sacrée erreur de ma part ! Au Portugal, tout allait bien là-bas. J’y ai gardé des amis. Le stade avait été rénové pour l’EURO. J’ai joué de bons matches et rencontré des personnes extraordinaires comme Arthur Jorge, l’actuel sélectionneur du Cameroun. Je suis toujours en contact avec lui. Il a été mon entraîneur au début de mon expérience portugaise mais l’Académica Coimbra n’était pas un club assez ambitieux pour lui.

Avez-vous toujours le moral ?

Oui, ça va mieux. Avant, il y avait des jours où je me levais dégoûté. Ma femme en souffrait aussi beaucoup. Maintenant, ma situation s’est stabilisée et elle ne peut que s’améliorer. Le niveau des gardiens de D1, avec tout le respect que j’ai pour eux, me pousse à persévérer ! Je vis actuellement un période creuse due à un très mauvais choix. Mais j’assume. On va être patient.

Espérez-vous retrouver l’équipe nationale ?

Oui, évidemment ? J’ai toujours la cote au Maroc. Tout le monde m’a contacté pour m’encourager. J’ai tout raconté à la Fédération et au sélectionneur. Ils savent que je ne suis en D2 que pour cinq mois. Le Maroc a prouvé ce qu’il valait à la CAN. J’espère au plus vite recouvrer mes galons de titulaire car je veux jouer la Coupe du Monde en Allemagne. Je suis encore jeune pour un gardien. Le souvenir de mes bonnes prestations me permet de garder le moral.

Où vous voyez-vous dans un an ?

J’espère rester en Belgique. Je connais bien le championnat, hein !

Tim Baete

 » Le niveau des GARDIENS DE D1 me motive !  »

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