Scotché par les stats

L’autre samedi, je me suis fait une réflexion. Si, si, ça m’arrive. Le foot est quand même fou. Il est complètement irrationnel, surréaliste et possède mille vérités. Bon j’en suis convaincu depuis longtemps mais là, une stat me scotche. Après deux mois de compétition, Wolverhampton a cadré 17 tirs en sept matches, 630 minutes de jeu. Tout ça pour ça. Et oui, à peine un peu plus de deux tirs cadrés par match.

Imaginez, six semaines de préparation. Les centaines d’heures d’entraînement, les exercices spécifiques. Les séances de tableau noir, les phrases, les encouragements, les gueulantes, les explications de Mick McCarthy pour en arriver là. Faut vraiment qu’il se mette aux incantations.

Tout ça pour une victoire, pour sept buts inscrits. Mais attendez, sept buts inscrits en 17 tirs cadrés : c’est incroyable ! Ça nous fait presque un but tout les deux tirs cadrés. On en revient aux chiffres et à l’irrationnel. Oui le foot est fou, car on peut en conclure que Wolverhampton est une des équipes les plus efficaces au monde. En foot, pour faire des résultats, la seule vérité, c’est l’efficacité. Voyez le Bayern. On va prendre le chemin inverse avec les Bavarois : après huit journées, c’est l’équipe avec la plus grosse possession de balle, surtout dans le camp adverse ; c’est l’équipe avec le plus haut pourcentage de passes réussies (86 % au total et surtout 81 % dans le camp adverse) ; c’est le plus de duels gagnés ; c’est le plus de centres et c’est 109 tirs en sept matches. Tout ça pour… cinq petits buts inscrits. Le Bayern possède des attaquants de classe mondiale et pourtant, avant le réveil de MarioGomez, aucun n’avait trouvé le chemin des filets en 630 minutes. Ce n’est pas tout, défensivement, c’était seulement 22 tirs autorisés à l’adversaire en sept matches… mais huit buts encaissés. Faut dire qu’avec un gardien qui s’appelle Butt, ça inspire les attaquants adverses. On encaisse une fois sur trois, on marque une fois sur 20.

Le foot n’est qu’efficacité devant et derrière. Wolverhampton pourrait viser le titre en Bundesliga. Irrationnel, le foot l’est aussi avec Arsenal. Une équipe qui justement place les stats après le plaisir. Mais il y en a une implacable : trois Gunners ont déjà été exclus. C’est le plus avec Bolton. Et oui, c’est ça aussi le foot. Arsenal, c’est l’apôtre du beau jeu. C’est l’exposition hebdomadaire d’orfèvres ciblés par ceux qui aimeraient l’être. Dire qu’avant son match contre Birmingham, on pouvait lire dans le programme du match, un petit texte rédigé par Arsène Wenger dans lequel il demandait au coaches et adversaires de penser plus à l’intégrité physique de ses Gunners et des footballeurs en général.

Mais bon, si le constat chiffré est implacable, les faits sont nuancés. LaurentKoscielny est exclu dans le premier match de la saison, c’en est presque normal. La Premiership va trois fois plus vite que la Ligue 1. Rien de méchant dans ses gestes. Simplement, le temps de l’apprentissage se paye parfois de maladresses.

Jack Wilshere du bas de ses 18 ans se fait exclure à la 93e d’un match gagné. Une faute au milieu du terrain : le poids de l’inexpérience. Inexpérience ou trop d’expérience dans l’intention, peu importe. Le problème c’est le poids du constat. Les séquelles d’un attentat sont souvent une sale… expérience.

Pour Nigel de Jong c’est le poids de l’indécence. L’aboyeur devenu massacreur est indécent au vu des conséquences de ses actes. Deux jambes cassées, une cheville broyée, un genou en compote, un plexus balafré. De Jong est le Citizen d’un monde qui n’est que le sien mais dans lequel HatemBen Arfa et les autres doivent vivre (on n’ose dire jouer) au moins deux fois par an. Le plus fou c’est qu’on espère vraiment que Ben Arfa sera là pour le match retour. On espère aussi qu’il aura envie de le jouer. On espère aussi que de Jong aura appris ce qu’est le respect de ses compagnons de jeu.

Joueur : 6 clubs, 3 pays, 400 matches (1 bon), 2 buts en Coupe d’Europe. Batteur : 3 groupes, 130 concerts (1 sold out).

par frÉdÉric waseige – journaliste be/tv

 » Nous avons dominé pendant 99 % du match. Ce sont les 3 % restants qui nous ont coûté la victoire.  » Ruud Gullit

« De Jong est le Citizen d’un monde qui n’est que le sien mais dans lequel Ben Arfa et les autres doivent vivre au moins deux fois par an. »

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