» Scifo a déstressé l’équipe « 

A Mons, le ciel de la carrière de ce jeune attaquant de 20 ans formé à Mouscron vire enfin au bleu…

J ean-Pierre Papin, Jean-Guy Wallemme, Guy Roux,Laszlo Bölöni, Dennis van Wijk, Enzo Scifo… Quel jeune joueur ne rêve pas de travailler avec des coaches de cette envergure ? La voix de Quentin Pottiez (20 ans, 1m73, 71 kg) s’égaye quand il parle de Papin et de Scifo. Son aventure commence à Blandain, un petit club de la Belgique picarde où son pied gauche n’échappe pas au regard des scouts de l’Excelsior Mouscron. C’est un talent régional qui devait passer par le Futurosport.  » Je suis resté cinq ans chez les Hurlus « , raconte-t-il.  » Ce fut une expérience intéressante car l’outil de travail est de qualité chez les jeunes. Geert Broeckaert m’avait à l’£il…  »

A 15 ans, il se retrouve au centre de formation de Lens et fréquente en même temps toutes les équipes nationales belges de jeunes. Son itinéraire sportif est semé de pétales de rose. Les plus beaux espoirs lui sont permis. Roux est coach à Lens en 2007-2008 quand le club songe déjà à l’intégrer doucement à l’effectif pro.  » L’ancien manitou d’Auxerre n’est pas resté très longtemps en place « , se souvient Pottiez.  » J’ai commencé à m’entraîner avec les pros sous son successeur : Papin, aidé par Daniel Leclecq. Pour moi, en tant qu’attaquant, c’était une aubaine. J’étais tout jeune mais Papin m’a prodigué de bons conseils à propos de mon placement, de la façon de tirer au but et de lire le jeu. Je ne jouais pas mais c’est formidable de travailler avec un entraîneur qui, comme Scifo, a tout connu au plus haut niveau.  »

Lens traverse alors des temps difficiles qui précipitent le club vers la D2. C’est la pétaudière avec de fortes têtes comme Vedran Runje au caractère plus solide que les gaillettes du Nord. Wallemme relance la mécanique en L2. Pottiez y fait quelques apparitions en 2008-2009 avant d’être victime d’une fracture du pied gauche : opération, rééducation, rechute…  » Là, j’ai été bloqué en plein élan « , se souvient-il.  » J’aurais pu rendre des services et monter en régime. Lens a réintégré la L1 en 2009 mais je n’étais pas rétabli.  » Le stade Félix-Bollaert enchaîne les crises et les jeunes payent souvent la note. Pottiez évolue en CFA quand Bölöni succède à Wallemme.

L’été dernier, Lens lui propose de prolonger son contrat mais il est temps pour lui de changer d’air. Zulte Waregem l’a contacté en même temps que Mons. Il opte pour le stade Charles Tondreau car entre autres  » les installations sont d’un niveau plus élevé « . Pottiez y retrouve son ami Alou Dia. Si l’intégration est rapide, son temps de jeu est limité. On le voit quelques minutes à gauche et à droite, contre le Standard et au Club Bruges, mais pas de quoi le rassasier. Il rêve de grands prix mais doit rester dans le paddock.  » Je dois reconnaître que Mons a pris un tout bon départ et Zola pétait le feu à gauche « , précise-t-il.  » Je devais être patient même si c’était injuste car j’ai toujours tout donné en semaine. J’avais le niveau pour jouer régulièrement. C’était dur à accepter. Mes proches m’ont soutenu, de même que les joueurs les plus expérimentés et Broeckaert. Le T2 m’a conseillé de ne rien lâcher car, répétait-il : – Ton temps viendra. Broeckaert me connaît et avait insisté pour que je signe à Mons.  »

 » Le discours de Van Wijk était limité « 

Au fil des mois, les Dragons s’installent confortablement en D1 avant de ne pas digérer les fêtes de fin d’année. Dennis van Wijk s’énerve, s’isole, perd le contact avec le groupe, des frustrations naissent entre le T1 et des ténors du vestiaire, des tensions opposent les joueurs. Il est temps d’intervenir et Van Wijk est déboulonné.  » Une page est tournée « , dit Pottiez.  » Je ne veux pas régler des comptes. J’ai simplement été déçu par ce que j’ai appris après le divorce entre les joueurs et le coach. Il avait son style, c’est normal, mais dans un vestiaire, il faut dialoguer. Il était direct, c’est une qualité. Toutefois son discours était quand même trop limité. Je ne lui retire aucun de ses mérites mais j’ai été ébranlé en apprenant qu’il ne m’alignait pas car il aurait préféré que Mons achète un autre joueur à ma place. « 

C’est le passé. Van Wijk a géré à la dure alors que Scifo est plus cool, explique et comprend mieux ses hommes.  » Il a un très gros vécu et cela se ressent dans ses propos et ses idées. La différence entre Scifo et Van Wijk est grande. La rapidité dans le choix du nouveau coach a surpris. Mais cela prouve que la direction tient aussi à ce que son équipe termine le championnat comme elle l’avait entamé. On ne peut pas gâcher cet acquis, ce serait trop bête. Sans changement de coach, Mons aurait eu de sacrés problèmes. Le ton montait dans le vestiaire alors que c’est un groupe d’amis. Il y avait urgence. Le nouveau coach m’a immédiatement titularisé contre le Beerschot. Le groupe a été déstressé. Moi, cela m’a fait un bien fou. Je suis là pour rendre service, pour aider Jérémy Perbet, pour réussir un bon parcours en PO2. Scifo est évidemment un coach offensif. Pour moi, c’est important. Il apprécie la jeunesse. Mais si la chance me sourit enfin, c’est parce que j’ai toujours bien travaillé.  »

PAR PIERRE BILIC – PHOTO : IMAGEGLOBE

 » Sans changement de coach, Mons aurait eu de gros problèmes. « 

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