Sciences et ballet

Entre votre doctorat en biochimie et le football, vous reste-il des loisirs?

Dirk van Oekelen (30 ans): On ne vit qu’une fois. C’est ma devise. J’ai déjà prouvé que je suis sérieux et je continuerai en ce sens mais je dois vivre aussi. En combinant études et football, j’ai eu peu de temps à consacrer à des sorties mais Eveline et moi sommes très sociables. Il ne s’agirait pas de laisser tomber nos amis et de nous repointer une fois mon doctorat achevé. Nous aimons les contacts, c’est spontané. Le téléphone fonctionne beaucoup!

L’amitié est importante pour vous.

Au début, mes amis étaient des universitaires de la VUB. Je vivais en kot et je jouais à Turnhout, en D2. Je vivais contre le chrono. D’un autre côté, mes deux activités étaient complémentaires. Le football me permettait de me libérer l’esprit. Nos amis se sont maintenant dispersés dans toute la Belgique! Ils ne connaissent rien du foot mais nous aimons rire. Du football, j’ai deux bons amis, Kurt Mertens et Filip Fiers. Quand nous organisons quelque chose, nous rassemblons tout le monde.

Comment avez-vous rencontré Eveline?

Par hasard, il y a trois ans. Je sortais à Gand avec Fiers et Mertens. Une première. Nous avons dansé et ce fut le coup de foudre. Vous voyez, ça existe! Nous habitons ensemble depuis deux ans.

Vous avez achevé vos expériences et vous entamez la rédaction de votre doctorat. Est-ce plus facile à gérer?

Avant, mes journées étaient longues, de 8 à 22 heures, mais bien programmées. Le football est devenu mon travail principal. J’achève mon doctorat à la maison. Je suis donc maître de mon programme, ce qui nous permet, par exemple, d’aller au cinéma, au restaurant. D’autre part, se motiver seul requiert beaucoup plus d’énergie. A Janssens Pharmaceutica, où que je regarde, je ne voyais que des scientifiques. Ici, je suis seul et je peux être tenté de remettre quelque chose au lendemain. J’écris des synthèses en anglais, la langue scientifique. Ça implique de lire beaucoup d’articles et d’en tirer des conclusions. J’en ai encore pour trois ou quatre mois. Ensuite, je devrai défendre ma thèse devant un jury. Et puis ce sera la fête! Je dois dire que mon maître de doctorat, Josée Leysen, comprend bien la vie et apprécie que je combine football et études. C’est une chance.

Eveline est danseuse de haut niveau. Qu’en pensez-vous?

Lorsque je l’ai vue la première fois, je me suis dit: -Elle n’est pas amateur mais semi-professionnelle! Nous nous soutenons mutuellement. J’estime important que chacun ait son hobby. C’est sain. Elle est absente le vendredi soir, alors que j’ai congé et qu’on pourrrait être ensemble, elle me manque parfois mais quand nous nous retrouvons, c’est d’autant mieux. Nous avons toujours des choses à nous dire. Elle est sportive, en plus, donc nous nous comprenons. Par contre, elle n’y connaît rien en football. Au début, elle ne savait pas qui était Wilmots. Elle n’est pas supporter. C’est à moi qu’elle s’intéresse, pas au foot. Elle sait relativiser les choses, ce qui est précieux car un joueur est constamment observé par le public, la presse, le club.

Pratiquez-vous d’autres sports?

Le football domine ma vie sportive. J’ai tâté du tennis, de la natation et de la course à l’école mais j’ai dû effectuer un choix. J’aime aussi les échecs.

A qui appartient le chat?

A moi! Hierro a été notre seule source de discussions. Moi, j’ai toujours eu des chats, Eveline non. Elle avait peur qu’il n’abîme l’intérieur. Pouvait-il passer la porte de la cuisine, par exemple? C’est oui, mais il ne va pas plus loin, même s’il essaie, parfois. Il ne griffe jamais. Nous ne l’avons pas appelé Hierro en pensant au footballeur. Je pensais à te quiero (je t’aime) mais c’était trop long.

La télévision n’est jamais allumée?

Non! Ça doit faire trois jours… Nous avons vécu en kot, sans TV. Nous aimons la musique, nous téléphonons beaucoup, nous regardons parfois le journal, c’est tout. Il m’arrive de zapper, en vitesse. Conclusion: il n’y a rien. Je ne suis pas non plus un obsédé des matches. D’ailleurs, il y en a trop. Il faudrait trouver une compétition pour le lundi (il grimace)!

Eveline, vous êtes danseuse classique. C’est une discipline très exigeante.

Eveline Gervoyse (22 ans): Je fais partie du ballet Olivia Geerolf. Nous nous produisons au Stadsschouwburg de Bruges et nous programmons un spectacle à Madrid, avec l’appoint de cinq danseurs professionnels. Je pratique la danse depuis l’âge de six ans. Je suis souple de nature. Je m’entraîne deux fois par semaine. Nous sommes amateurs mais nos chorégraphies sont semi-professionnelles. J’ai eu l’occasion de devenir professionnelle mais c’est un monde à part et je préférais que la danse demeure un hobby. Etre professionnelle est dur. Ça implique de suivre un régime, d’être constamment en forme. Que faire quand le corps ne suit plus? Les voyages sont nombreux, ce qui n’est guère compatible avec une vie familiale. C’est aussi un monde impitoyable. Toutefois, je suis ambitieuse.

En quoi consistent vos entraînements et quelles oeuvres interprétez-vous?

L’échauffement dure une demi-heure. Ensuite, nous travaillons la chorégraphie. Le cap de la technique est passé depuis longtemps. Il s’agit de danse classique mais nos chorégraphies sont modernes, elles comprennent des éléments contemporains. Nous interprétons Carmina Burana de Carl Orff, le Boléro de Ravel, Pink Floyd, etc… Nos spectacles durent plus d’une heure.

Votre monde est-il différent du football?

C’est un milieu féminin. Lorsqu’il est professionnel, il est dur mais mon expérience est très positive.

Comme Dirk, vous avez combiné études et sport.

Je viens d’achever mes quatre années d’études en communication. J’ai effectué les trois premières à Gand, la quatrième à Anvers, en communication internationale. Cette formation met l’accent sur les langues et j’ai suivi un stage de quatre mois dans une autre langue, le français. Je travaillais à la Croix Rouge de Bruxelles. Sur le conseil de Dirk, je me suis accordé deux mois de vacances. Je recherche un poste dans une entreprise ou dans un bureau de relations publiques. Je désire travailler, pour conserver mon indépendance.

Vous croquez la vie à pleines dents, comme Dirk.

Tout à fait. Je joue depuis peu au tennis. Dirk et moi aimons voir des films -pas d’horreur ni des comiques- et cette année, nous avons effectué une croisière sur le Nil. Nous avons passé une semaine à la plage. Nous avons fait de la plongée dans la Mer Rouge, en Egypte. C’était idyllique. Nous avons vu des poissons superbes. Dirk passait six semaines par an en Europe avec ses parents et il nageait avec un masque mais la Mer Rouge a une autre dimension. L’eau est plus bleue, les couleurs plus vives. Après sa carrière, nous ferons de la plongée sous-marine. Dirk a déjà visité le Népal, escaladé le Kilimandjaro. Nous adorons les voyages. Nous ne passons pas notre temps à bronzer mais en hiver, nous allons en congé à Ténériffe, pour nous reposer. C’est important, au milieu d’une saison.

Vous avez aménagé la maison ensemble?

Nous avons les mêmes goûts. Dirk voulait un salon en coin, convivial, j’ai embrayé. Parfois, un membre du couple a ses idées et l’autre se contente de suivre, passivement. Pas nous. Nous sommes vraiment complices. Nous avons combiné lumière et objets anciens.

Dirk vous aide-t-il à entretenir le ménage?

Pour l’instant, je suis en vacances et j’effectue logiquement le plus gros du travail mais quand j’étais étudiante, Dirk assumait plus de tâches. Il passe l’aspirateur, il fait parfois la cuisine, il s’occupe des achats et du jardin.

Songez-vous au mariage?

Ça viendra. Nous en discutons, ce qui en dit long sur notre relation. Nous nous sentons bien ensemble mais nous avons le temps. Se marier est quelque chose de spécial. Pouvoir dire « mon mari, ma femme », c’est chouette. En parler le soir est romantique. On s’amuse. Mais rien n’est programmé. Ce sera spontané. Le mariage est un choix personnel. Certains n’aiment pas, d’autres se marient pour faire comme tout le monde. Pour nous, ce sera un jour spécial. On ne se marie qu’une fois. C’est un engagement et sans que ce soit prépondérant dans notre décision, ce sera aussi une fête pour nos parents. Quant aux enfants, ils suivront aussi. Nous adorons les bébés.

Pascale Piérard

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