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 » Scheisse, nous montons « 

Jacques Sys
Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

L’Union Berlin frappe à la porte de la Bundesliga mais en fait, ce club culte n’a jamais voulu monter.

Les supporters de l’Union Berlin forment une communauté soudée. C’était déjà le cas avant la chute du Mur, quand l’Union tentait de suivre sa propre voie, dans l’ancienne RDA, et était systématiquement désavantagée. Les meilleurs joueurs rejoignaient les clubs soutenus par l’armée, la police ou la sécurité d’Etat. Les supporters rappelaient régulièrement qu’ils ne se retrouvaient pas dans le camp politique de la RDA et les tribunes étaient le décor d’une résistance courageuse et anxieuse à la fois.

Ces supporters ont désormais leur mot à dire dans la gestion du club. En 2005, quand l’Union a été au bord de la faillite, ils ont rassemblé un million et demi d’euros, par diverses actions. Trois ans plus tard, quand le stade a été jugé inapte à accueillir des matches, ils se sont retroussé les manches pour le rénover et le moderniser. Des équipes TV d’Amérique et d’Australie se sont déplacées à Berlin pour filmer l’événement. Le club continue à écouter ses supporters. Il les consulte par internet avant de prendre la moindre décision importante.

L’Union Berlin dispute sa neuvième saison d’affilée en deuxième Bundesliga et elle s’y sent très bien. Mais ses résultats sont si bons que l’Union lutte maintenant pour la promotion, avec deux grands clubs, le VfB Stuttgart et Hanovre 96. Ça en inquiète plus d’un. A commencer par les supporters. Ils chantent :  » Scheisse, wir steigen auf » (merde, nous montons, ndlr). Ils redoutent qu’en Bundesliga, l’Union perde son identité. Le club vit entre passé et présent, entre folklore et réalisme, entre romantisme et réalité.

Pourtant, l’Union Berlin a bel et bien l’intention de risquer le saut à l’étage supérieur. Le président, le jeune entrepreneur Dirk Zingler, a été clair, malgré les critiques. Par exemple, le club devra penser en termes plus commerciaux, ce qui ne colle pas à son ADN. Pour le moment, il a 300 petits sponsors. Il risque donc de perdre sa culture si typique. Un exemple : l’Union possède un stade d’une capacité de 22.000 places dont seulement 3.500 assises. Le stade est comble à chaque match car de plus en plus de gens veulent goûter à cette ambiance unique. Mais en Bundesliga, les clubs doivent avoir un minimum de places assises et l’Union en est loin. Le stade sera donc aménagé en été, pour atteindre une capacité de 28.000 places.

L’Union est-elle mûre pour la Bundesliga ? Ça reste à voir. Berlin est certes assez vaste pour aligner deux clubs parmi l’élite. Le Hertha BSC personnifie toujours l’ancien Berlin-Ouest tandis que l’Union reste le club de l’Est. L’équipe forme un bloc solide, parfaitement composé et entraîné par Jens Keller, qui a coaché le VfB Stuttgart et Schalke 04. Mais le club reste animé par son ancienne mentalité, un restant du passé, style  » nous contre le reste du monde « . Et en fait, tout le monde souhaite que ça reste tel quel.

JACQUES SYS

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