Sauce anglaise

Le joueur de Charlton Athletic était l’arrière droit de l’équipe nationale avant de claquer la porte.

Coup de théâtre, voici 15 jours en Bulgarie : Radostin Kishishev, l’arrière droit de la sélection, a claqué la porte et pris une retraite internationale anticipée. Il était l’un des candidats au brassard de capitaine après la fin de carrière de Krasimir Balakov, mais le groupe des joueurs a désigné Stiljan Petrov. Vexé, il a décidé d’en rester là. Plamen Markov, l’entraîneur, a encore essayé de le raisonner, mais apparemment sans succès. Nous l’avions rencontré avant le match amical contre l’Albanie, à un moment où rien ne laissait encore présager une telle issue.

Radostin Kishishev, originaire du petit club de province du Litex Lovech qui fut champion deux saisons d’affilée à la fin des années 90, se consacre désormais exclusivement à son club de Charlton Athletic, en Premier League anglaise, où il évolue depuis trois saisons.

Qu’est-ce que cela représente, pour un footballeur bulgare, d’évoluer en Premier League ?

RadostinKishishev : C’est un grand honneur. Je suis très fier d’avoir séduit les recruteurs de ce club londonien qui, même s’il ne fait pas partie des clubs les plus médiatisés, n’en dispute pas moins l’un des championnats européens les plus relevés.

Comment avez-vous été repéré ?

Probablement grâce à l’équipe nationale. Grâce aussi, sans doute, aux deux titres de champion conquis avec le Litex Lovech. Vous savez, actuellement, il y a des scouts de la Premier League dans quasiment tous les pays. Mais, pour avoir accès à cette compétition, il faut d’abord avoir disputé 75 % des matches de son équipe nationale, afin d’obtenir un permis de travail. N’entre pas qui veut en Angleterre, lorsqu’on n’est pas issu de la Communauté Européenne. Cela accroît encore ma satisfaction d’avoir pu trouver de l’embauche dans les Iles. La saison prochaine, j’espère être rejoint par mon compatriote Svetoslav Todorov, qui va monter avec Portsmouth. Deux Bulgares en Premier League, plus Stiljan Petrov au Celtic Glasgow, ce serait bien, non ? Avez-vous des footballeurs belges en Angleterre ? Je me souviens de Branko Strupar, mais Derby County est descendu en First Division.

Qu’avez-vous appris en Angleterre ?

Quand on arrive de Bulgarie, on se trouve forcément confronté à un football beaucoup plus rapide et beaucoup plus engagé. Il faut absolument changer sa mentalité, sous peine de courir à l’échec. Chaque match requiert un engagement de tous les instants. Chaque pouce de terrain est disputé énergiquement. Là-bas, la technique n’est rien si l’on manque d’agressivité. Je joue désormais en Angleterre depuis trois ans. Ma première saison avait été très bonne, j’avais disputé la majorité des rencontres. La saison dernière, j’avais malheureusement été blessé. Cette année-ci, je suis plutôt satisfait de mes prestations, mais l’équipe a disputé un championnat relativement anonyme. Nous n’avons jamais été menacés de relégation, mais nous n’avons jamais joué les premiers rôles non plus. Nous nous sommes sauvés à 12 journées de la fin. Après il y a eu une décompression et nous avons subi sept défaites d’affilée. Mes meilleurs souvenirs en Angleterre ? L’ensemble de ce que je vis là-bas et, surtout, le plaisir de pouvoir me mesurer chaque week-end à quelques-uns des plus grands noms du football mondial. Je n’oublie pas, non plus, les deux buts que j’ai inscrits durant la cinquantaine de matches que j’ai disputés. Ce n’est pas énorme, mais pour un défenseur, chaque but est un événement.

Déçu par les Diables Rouges

Quels souvenirs gardez-vous de vos deux titres avec le Litex Lovech ?

Vous savez, ici en Bulgarie, il est très rare qu’un club de province puisse battre en brèche l’hégémonie des clubs sofiotes. Alors, vous pensez si ces deux titres resteront à jamais ancrés dans ma mémoire. Je suis très fier, aujourd’hui, de pouvoir officier comme ambassadeur du Litex Lovech en Angleterre. Grâce à ma présence, le nom de ce petit club est désormais connu dans les Iles.

A combien évaluez-vous les chances de la Bulgarie de se qualifier pour l’EURO 2004 ?

Nous devons absolument battre la Belgique, samedi prochain à Sofia. Ce ne sera pas facile. Nous sommes conscients que les Diables Rouges ont besoin, eux aussi, d’une victoire. Ou, au minimum d’un partage. Sinon, c’en serait fini de leurs chances de qualification. Ils viendront donc à Sofia le couteau entre les dents.

Quelles leçons tirez-vous du match aller ?

Je n’ai pas tellement été surpris par notre prestation, car j’avais confiance en nos moyens. Par contre, j’avais été surpris par la faible réplique offerte par les Diables Rouges. Je m’attendais à beaucoup mieux de leur part. Ils ne s’étaient pas créé la moindre occasion de but digne de ce nom. Je suppose qu’ils seront autrement plus dangereux samedi.

Daniel Devos, envoyé spécial à Sofia

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