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Philippe Hoornaert a fait monter le club en D1 à trois reprises. Les deux fois précédentes, l’expérience s’était limitée à un aller-retour.

En remportant le tour final de D2 au printemps dernier, PhilippeHoornaert a hissé pour la troisième fois Vilvorde parmi l’élite, après 1996 et 1998. Les deux fois précédentes, l’expérience au plus haut niveau s’était toutefois limitée à un simple aller-retour. « La première fois le club était redescendu avec moi, mais la deuxième j’avais été remplacé par LouisCasteels après deux journées », se souvient-il.

La question brûle donc les lèvres: quels arguments Vilvorde peut-il présenter cette saison-ci pour éviter que l’histoire se répète? « Son enthousiasme et sa collectivité », répond le coach. « Il n’y pas d’individualitémarquante : la seule vedette de Vilvorde, c’est l’équipe ».

Le principal argument en faveur du maintien doit toutefois être cherché dans le contexte général de la D1: voici quatre ans, il y avait encore deux descendants. Cette fois, il n’y en aura qu’un, et encore ce n’est pas certain, car on veut retrouver 12 clubs au sommet et tout le monde n’est pas assuré d’obtenir la licence. « Cela permettra peut-être à Vilvorde de travailler sereinement et de se stabiliser progressivement », estime Philippe Hoornaert.

Vilvorde n’a pas fait de folies. « Par rapport à la formation qui a remporté le titre en D2, nous avons conservé quatre anciens du club », poursuit le coach. « Nous avons transféré trois joueurs expérimentés avec BenoîtRasquin, DavidKalut et MarkMcSwain. Nous étions décidés à maintenir un effectif majoritairement belge et à mettrelepaquet sur deux très bons Américains. Cela ne s’est pas révélé aussi facile que prévu, car le gratin est devenu très cher et nous n’avons pas pu réunir un budget aussi important qu’espéré. Néanmoins, je pense que nous avons eu la main heureuse avec DarrenFenn, qui a joué une saison en Pro A française à Limoges, et MekeliWesley, qui nous a été conseillé par BrianRufner, un ancien joueur US du club ».

Deux Américains blancs? « C’est une pure coïncidence: nous ne sommes pas racistes à Vilvorde ».

L’objectif? « D’abord le maintien. Puis, si possible, la 8e place, qui nous dispenserait des playouts. Cela n’a rien d’utopique à mes yeux. La réussite ou l’échec dépendra d’une ou deux victoires en plus ou en moins. La fin octobre et le début novembre seront cruciaux. Nous rencontrerons alors nos six adversaires directs. Six, car je place Charleroi, Ostende, Bree, Mons et Liège comme quasi certains pour le Top 5 ».

Après avoir débuté contre Mons samedi dernier, Vilvorde sera déjà bye le week-end prochain. « Cela permettra de poursuivre une préparation qui a été fortement perturbée par les blessures. Sur les six semaines de préparation, nous en avons effectuées deux au complet ».

Professeur d’éducation physique au Collège St-Pierre de Jette et dans un institut pour enfants caractériels à Lasne, Philippe Hoornaert est l’un des derniers coaches semi-professionnels de D1. « Je pense même être le seul. Est-ce un handicap? Peut-être au niveau de la vidéo. Je n’ai pas le temps d’effectuer des montages, comme la plupart de mes collègues. En dehors de cela, je ne loupe que les entraînements du lundi midi et du vendredi midi ».

Maio veut sa revanche

Vilvorde possède trois joueurs liégeois dans ses rangs. Et même trois anciens de Pepinster. SébastienMaio, le seul qui avait participé à la montée, a fait ses classes en Cadets et Juniors FIBA chez les Pepins, avant de passer à Fléron (D3 et D2), puis à Bree et Louvain en D1. « J’attends énormément de cette saison », avoue-t-il. « J’espère démontrer que j’ai le niveau de l’élite et prouver ainsi que l’on avait eu tort de ne pas me faire confiance à Bree et à Louvain, où j’avais très peu joué ».

Après avoir découpé le filet de la salle de Wilsele, où Vilvorde s’était imposé dans la manche décisive des playoffs de D2, il avait rêvé de conserver son poste de premier distributeur de l’équipe. « Depuis lors, les données ont un peu changé », reconnaît-il. « Vilvorde a eu l’opportunité d’engager Benoît Rasquin, laissé libre par Pepinster, et aurait eu tort de s’en priver. Par la force des choses, j’ai glissé vers le poste n°2. Pourquoi le cacher? J’ai eu du mal à m’y habituer au début de la préparation. Je me console en me disant que, pour la première fois de ma carrière, on m’a offert un vrai contrat pro en D1 et plus un contrat de jeune. C’était aussi l’un de mes rêves. Je devrai retrouver mes marques comme shooting guard, mais je me fais fort d’y arriver ».

Rasquin pour diriger la manoeuvre

Benoît Rasquin arrive de Pepinster où il a passé trois ans. La raison de ce transfert? « J’étais arrivé en fin de contrat au Hall du Paire. La direction a préféré miser sur le jeune GuyMuya et l’encadrer par un distributeur étranger. C’est un choix sportif que je ne conteste pas. Je conserverai un excellent souvenir de mes trois saisons sur les bords de la Hoëgne:nous formions un groupe très solidaire et j’avais un très bon contact avec les supporters. Il y a parfois eu quelques tensions avec le coach, mais qui n’en a pas eu? Plusieurs opportunités se sont présentées à moi. J’ai opté pour Vilvorde parce que j’avais la garantie d’obtenir un temps de jeu appréciable en tant que premier distributeur. Le challenge, aussi, m’a séduit. C’est une équipe qui monte et qui entend se fixer de façon stable en D1. Cette saison, nous évoluerons sans pression, en essayant de jouer les trouble-fête lorsque l’occasion s’en présentera. Et pourquoi ne prendrions-nous pas exemple sur Liège et Tournai, qui avaient surpris pas mal d’observateurs pour leur première saison en D1? Pour l’instant, tout se passe bien. Il faudra voir comment l’on réagira après une lourde défaite ».

Avec seulement les trois Américains (en ce compris le naturalisé Mark McSwain) et les trois Liégeois comme professionnels, Vilvorde détonne un peu dans l’évolution actuelle de la D1. « Cela peut paraître curieux de se retrouver à quatre ou à cinq lors de l’entraînement du matin, et sans l’entraîneur principal, mais les absents peuvent tous invoquer une bonne raison. Il faut faire abstraction des circonstances et s’entraîner pour soi-même. Cette situation n’est peut-être que transitoire. Si le club se maintient, rien ne dit que le nombre de professionnels n’augmentera pas au fil des ans ».

Kalut a le malheur d’être Belge

Troisième Liégeois de la bande, David Kalut a quitté Pepinster après huit années de fidélité au club hoëgnard. Pour quelle raison? « Mon intention première était de demeurer au Hall du Paire », explique-t-il. « J’habite à 20 minutes de la salle, c’était pratique. Mais le temps passait et je ne recevais pas de nouvelles du club. J’ai été averti assez tard que Pepinster ne comptait plus sur moi. Les joueurs belges coûtent trop cher, surtout au niveau de la taxation: c’est plus avantageux de recruter hors frontières. J’ai pu me mettre en quête d’un nouvel employeur, mais au début du mois de juillet, la plupart des équipes de D1 étaient déjà formées. Je m’apprêtais à redescendre en D2 lorsque Vilvorde m’a contacté. DominiqueJacobs, l’un de mes coaches précédents, et Benoît Rasquin ont sûrement plaidé ma cause. J’ai sauté sur l’occasion. A Vilvorde, j’ai trouvé un club chaleureux et familial, qui me rappelle à plusieurs égards le Pepinster de mes débuts, en 93-94. Une équipe qui pratique un jeu ouvert et qui accorde une certaine liberté aux joueurs. Cela me changera de NiksaBavcevic. J’ai beaucoup appris avec le coach croate, mais il était extrêmement exigeant. Avec lui, pas question de mettre un pied de travers à l’entraînement ou de s’accorder une demi-seconde de déconcentration. C’est dur de tenir très longtemps sous sa direction ».

Ces dernières semaines, David Kalut a souffert du déplacement d’une vertèbre du cou qui l’a contraint à rester sur la touche. « Depuis lors, l’équipe semble trouver ses marques », rigole-t-il. « J’ai l’impression qu’elle joue mieux sans moi. Blague à part, j’ai abouti dans une bonne petite formation où l’on ne trouve pas de grosses têtes. J’espère pouvoir lui apporter mes points, ma défense, mes rebonds ».

Daniel Devos

« La vedette de Vilvorde, c’est l’équipe »(Philippe Hoornaert)

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