» Sans Vertonghen, je me sens libéré « 

A 24 ans, le Diable Rouge s’apprête à fêter un 3e titre de champion des Pays-Bas avec l’Ajax. Il décidera ensuite de l’orientation à donner à sa carrière.

Comment expliquez-vous l’inconstance de l’Ajax au premier tour, ce qui lui a coûté beaucoup de points ?

Cela fait plusieurs années que nous terminons le championnat en force et ce n’est pas un hasard. Chaque été, le club perd des joueurs importants et nous devons reconstruire. Il faut donc un peu de temps avant que les rouages s’imbriquent, d’autant que le club lance chaque année pas mal de jeunes. De plus, à cette époque, nous jouons toujours sur trois fronts tandis qu’au cours des derniers mois de la saison, le calendrier est moins chargé et nous avons déjà trouvé les automatismes. A partir du moment où la machine est bien réglée, la production s’améliore.

Avant l’entame de la saison, vous vous demandiez comment vous pourriez jouer sans Jan Vertonghen à vos côtés. Comment cela s’est-il passé ?

Je vais peut-être passer pour fou en disant cela mais, pour moi, le départ de Jan fut une bonne chose. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : je l’apprécie énormément, que ce soit en tant qu’homme ou en tant que joueur. Mais nous avons formé un couple pendant des années et il était le grand patron de la défense de l’Ajax. Après son départ, j’ai dû prendre davantage de responsabilités, sortir de son ombre. C’était une bonne chose pour mon évolution personnelle. Pour les gens, Jan et moi ne faisions qu’un car nous étions tous les deux défenseurs centraux, belges et du même club. Mais nous sommes des joueurs totalement différents. J’ai tenté de combler son départ à ma façon et je pense y être arrivé, même si je me dois d’ajouter que l’arrivée d’un défenseur expérimenté comme NiklasMoisander m’a aidé.

Qu’avez-vous pensé lorsque vous avez vu que, outre Jan Vertonghen, l’Ajax perdait Gregory Van der Wiel, Vurnon Anita et Theo Janssen ?

L’Ajax a souvent démontré que les départs de joueurs déterminants n’avaient pas nécessairement des répercussions négatives. Le système de jeu du club ne change jamais, nous essayons toujours que ce soit le ballon qui travaille et les buts peuvent venir de partout. C’est ce qui fait de nous un adversaire difficile. Nous ne dépendons pas de la forme d’un seul attaquant. A un certain moment, nous avons pu compter sur LuisSuárez, un buteur hors-norme. Mais nous n’avons jamais été champions avec lui.

 » Frank de Boer est le meilleur coach que j’aie connu  »

Frank de Boer affirme être toujours en pleine évolution comme entraîneur. Vous en rendez-vous compte ?

Absolument pas. S’il estime qu’il a encore beaucoup à apprendre, je me demande ce que cela va donner une fois qu’il sera complètement formé car pour moi, c’est très simple : FrankdeBoer est le meilleur entraîneur que j’aie connu jusqu’ici.

De plus en plus d’équipes se mêlent à la lutte pour le titre aux Pays-Bas. Cela veut-il dire que le niveau augmente ou diminue ?

Le niveau du championnat de Hollande est sous-estimé. On en rigole, à tort selon moi car beaucoup de joueurs qui quittent la Division d’Honneur pour l’étranger s’y adaptent sans problème : Suárez, Dembélé, Vertonghen et je pourrais en citer beaucoup d’autres. Ce n’est pas un hasard si beaucoup de grands clubs étrangers recrutent aux Pays-Bas. Les joueurs qui quittent la Belgique pour un grand championnat doivent souvent s’accrocher. Et voyez l’équipe nationale hollandaise : elle livre une campagne de qualification formidable. Or, la plupart des joueurs évoluent en championnat de Hollande. Le niveau n’est donc pas aussi moyen qu’on le dit bien souvent.

Vous aviez dit qu’un de vos objectifs était de hausser votre niveau de jeu. Y êtes-vous arrivé ?

J’étais déjà assez constant la saison dernière mais, cette année, j’ai encore progressé d’un cran. J’arrive à un âge où on peut attendre de moi que je sois un des piliers de l’équipe. Je suis plus fort physiquement, j’évalue les situations plus rapidement et j’ai davantage confiance en moi. MartinJol me reprochait de ne pas gagner suffisamment de duels. Je devais être plus viril et j’y ai beaucoup travaillé. Aujourd’hui, on accompagne mieux les joueurs dans l’amélioration de leurs points faibles. Les entraîneurs sont plus précis. Sur le plan physique, des tests ont démontré que j’étais au top. Mon taux de graisse n’a jamais été aussi bas depuis que je suis professionnel et je le sens. C’est en partie dû au fait qu’on surveille beaucoup le rapport entre le temps de travail et le temps de repos. Voici peu, tous les internationaux se sont vu accorder trois jours de congé. Cela nous a fait le plus grand bien, tant sur le plan physique qu’au niveau mental. Tout le monde est revenu plein de fraîcheur, prêt pour le sprint final.

 » Quand on a porté le maillot de l’Ajax, on peut jouer n’importe où  »

Lors de la trêve hivernale, De Boer avait affirmé que vous quitteriez le club cet été.

Je ferai le bilan en fin de saison. Je ne veux pas signer n’importe où car j’aime beaucoup l’Ajax. Un transfert doit être synonyme de progression sur le plan sportif. C’est peut-être un cliché mais je n’éprouverais aucun problème à rester quelques années de plus à l’Ajax. Jan Vertonghen a deux ans de plus que moi et n’est parti à Tottenham que l’an dernier. Tenant compte de cela, j’ai donc encore un an devant moi.

Selon des journaux anglais, Liverpool et Newcastle s’intéressent à vous.

SörenLerbyet mon père s’occupent de moi. Je leur ai dit que je voulais me concentrer sur la course au titre et qu’il serait encore temps de parler de cela par la suite. Je n’ai pas de préférence en matière de championnat. Pour moi, quand on a porté le maillot de l’Ajax, on peut jouer n’importe où. J’ai remporté des trophées avec l’Ajax et j’ai le niveau suffisant pour évoluer dans un grand championnat. Je n’opterai pas pour un club qui a déjà six ou sept défenseurs centraux. Je veux ensuite être sous le charme de la ville car il n’est pas question de signer dans un club comme Anzhi Makhachkala. Je m’y enterrerais. Et d’un point de vue sportif, ça ne m’attire pas non plus. Le salaire n’arrive qu’en dernier lieu de ma liste de préoccupations. Pour moi, l’aspect sportif est prioritaire.

En équipe nationale, vous jouez au poste d’arrière droit. Est-ce un avantage ou un inconvénient par rapport à votre avenir ?

Pour moi, c’est une plus-value. C’est bon pour mon évolution et je m’adapte facilement à cette place. A l’Ajax, l’entraîneur m’y a aligné cette saison face à Vitesse. Pour moi, c’était une preuve de confiance. Mais je reste un défenseur central de formation.

Lors des adieux officiels de Jan Vertonghen, la saison dernière, Erwin van der Sar a dit que le petit Belge était devenu un joueur du top mondial. Etait-ce perceptible ?

C’était un fameux compliment pour Jan et il était tout à fait justifié. Il s’est d’ailleurs affirmé bien plus vite que moi. Jan a plus de bravoure, il est moins réservé mais je suis satisfait de mon évolution personnelle. J’avais 15 ans quand je suis arrivé à l’Ajax, c’était la grande aventure et cela m’a beaucoup apporté. L’Ajax m’a formé dans bien des domaines.

PAR SIMON ZWARTKRUIS – PHOTO: IMAGEGLOBE

 » Le sportif prime toute autre considération.  »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire