Sans rivales en Belgique

La saison passée, les joueuses de Sclessin ont réussi le doublé en Belgique et il ne leur a manqué que deux points pour remporter la BeNe League, qui constitue bel et bien leur objectif cette saison.

C’est au coeur du poumon vert du Domaine du Bois St-Jean, à côté des terrains de l’Académie Robert Louis-Dreyfus, que le meilleur club féminin de ces dernières années s’entraîne chaque semaine. Le Standard de Liège a remporté les quatre dernières éditions du championnat et, cette année, il s’est également emparé de la Coupe de Belgique. Cette domination est à peu près la seule constante dans l’histoire relativement courte du football féminin belge. Depuis sa création en 1971 (à l’origine, c’était un club de basket), la formation liégeoise a décroché 17 titres. Et après avoir troqué son nom d’origine (Standard Fémina) pour fusionner avec le Standard de Liège, il y a deux ans, sa domination est plus nette encore. Lors de la deuxième saison de BeNe League, elle fut ainsi la seule équipe belge capable de rivaliser avec les grands clubs hollandais comme Twente ou l’Ajax.

Dans la lutte pour le titre en Belgique, les joueuses du Standard ont devancé Anderlecht de 20 points. FeryFerraguzzi est, depuis bon nombre d’années, une des chevilles ouvrières du club liégeois. Celle qui, en 1980, était une vedette du football italien a choisi de quitter la Lazio Rome pour venir s’établir dans la Cité Ardente.  » Quand je suis arrivée ici, j’ai constaté que le football féminin avait 20 ans de retard « , dit-elle.  » Aujourd’hui, ça va mieux : disons qu’il en compte encore cinq tout au plus.  » (elle rit). Internationale italienne à 99 reprises, elle a porté pendant 19 ans le maillot de la section féminine du Standard, dont elle est aujourd’hui directeur technique. Selon elle, le Standard n’a rien à envier à personne.  » Nous bénéficions, à l’Académie, d’un outil de travail parfait. Nous pouvons utiliser la salle de fitness et les terrains synthétiques tandis que le staff médical est à notre disposition également. Beaucoup de clubs féminins portent le nom d’un club masculin mais, en réalité, ce sont deux entités séparées. Ici, on fait nettement moins la distinction. La direction nous soutient et, quand son agenda le lui permet, RolandDuchâtelet vient voir nos matches.  »

Ferraguzzi admet que l’intérêt du public est fluctuant.  » Lors du match au sommet face à Twente, il y avait mille personnes mais pour les petits matches, il n’y en a parfois que 150. La saison dernière, nous avons systématiquement joué le vendredi soir à 20 h 30. Cela veut dire que nous subissions la concurrence de la télévision et du football masculin. C’était aussi très tard pour attirer les familles avec de jeunes enfants, ce qui nous a fait perdre pas mal de spectateurs potentiels. Cette saison, nous jouerons une heure plus tôt et j’espère que cela ira mieux.  »

Objectif EURO 2017

Il devait être écrit dans les étoiles qu’AlineZeler (31) porterait un jour le maillot du Standard. Tant dans son club qu’en équipe nationale, dont elle est capitaine, on vante ses talents de leader. De plus, elle a déjà entraîné des équipes de jeunes et elle souhaite obtenir son diplôme UEFA B.  » J’ai l’impression que nous entrons petit à petit dans une nouvelle ère « , dit-elle.  » Actuellement, j’organise des stages pour filles avec mon équipière CécileDeGernier. Les possibilités sont beaucoup plus nombreuses que lorsque nous étions enfants.  »

Zeler veut encore atteindre un objectif avec les Belgian Flames. Une participation au Championnat du monde 2015 au Canada semblant de plus en plus utopique, elle reporte ses espoirs sur l’EURO 2017. Pour elle et les filles de sa génération, ce sera sans doute la dernière possibilité de disputer la phase finale d’un grand tournoi. Un des grands problèmes du football féminin belge, c’est que le nombre de clubs formateurs est très restreint. La preuve en est qu’il y a quelques mois, la Belgique a aligné sept joueuses du Standard de Liège. Zeler admet elle-même que ce n’est pas bon.

 » Au Standard, nous avons graduellement augmenté l’intensité des entraînements mais s’il n’y a pas plus d’équipes qui suivent, l’équipe nationale ne progressera pas. Nous formons un bon groupe mais nous sommes des amatrices et nous affrontons des professionnelles et, dans les pays voisins, celles-ci sont de plus en plus nombreuses. Je ne pense pas que cela change rapidement chez nous. Au Standard, nous avons droit au même traitement que les joueurs de l’équipe masculine, excepté au niveau du salaire.  » (elle rit).

Le Standard est donc confronté à ses limites. Seul club francophone, il attire énormément de jeunes filles talentueuses mais ne peut bien souvent pas les confronter à des adversaires de haut niveau. Un problème qu’il essaye de contourner en les introduisant le plus rapidement possible dans une de ses équipes principales. Car outre la formation qui évolue en BeNe League, il aligne également une équipe en D1 et une en D3.  » Nous recrutons du Limbourg au Hainaut en passant par Bruxelles « , dit Ferraguzzi.  » Certains parents font de gros efforts et sont prêts à faire 300 km trois fois par semaine pour que leur fille puisse s’entraîner et jouer.  »

L’avenir de la BeNE League en question

Lors du mercato estival, le Standard a recruté une internationale hollandaise et quelques joueuses belges mais ses moyens financiers sont limités. Pour provoquer un véritable effet boule de neige, il faudrait que les Belgian Flames réalisent quelque chose de grand car, sans intérêt médiatique, les sponsors ne suivent pas. C’est ainsi qu’après deux ans d’existence, la BeNe League n’a pas encore trouvé de firme prête à donner son nom à la compétition. Aux Pays-Bas également, l’enthousiasme a fortement diminué, au point qu’on ne sait pas encore si ce championnat sera toujours organisé à l’issue de la saison qui débute. Pour Ferraguzzi, pourtant, il serait insensé d’en revenir à la formule classique du championnat de Belgique.  » Si on fait cela, nos meilleures joueuses deviendront professionnelles à l’étranger. Si la BeNe League ne va pas plus loin, nous demanderons de disputer le championnat de France. Il en a déjà été question par le passé mais je ne sais pas si les Français sont prêts à nous accueillir. Quoi qu’il en soit, nous ne nous occupons pas des autres : le Standard suivra toujours ses idées.  »

PAR JENS D’HONDT – PHOTOS: BELGAIMAGE

 » Au Standard, nous avons droit au même traitement que l’équipe masculine, sauf au niveau du salaire.  » Aline Zeler

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