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 » Sans Mo, je ne serais pas l’athlète que je suis aujourd’hui « 

Ils illustrent l’affiche du Mémorial Van Damme, où ils vont s’attaquer au record du monde de l’heure. Bashir Abdi (31 ans) et la légende de l’athlétisme britannique Mo Farah (36 ans) sont avant tout des amis pour qui tout a commencé dans la Corne de l’Afrique.

Mars 1983. Mohamed (Mo) Farah voit le jour à Mogadiscio. Il est le fils d’un Anglais et d’une Somalienne. Un an plus tard, la famille fuit la capitale de la Somalie en raison de la guerre civile. Mo grandit chez sa grand-mère, à Djibouti, avec son frère jumeau Hassan et sa soeur. À l’âge de huit ans, il peut rejoindre son père à Londres avec ses deux autres frères. Une nouvelle vie commence. Un professeur de gymnastique découvre son talent. À onze ans, alors qu’il rêve de jouer au football à Arsenal, on l’inscrit à un club d’athlétisme. Cela lui vaudra quatre titres olympiques, six titres mondiaux et cinq européens sur les 5.000 et 10.000 mètres.

À l’époque, je regardais de nombreuses vidéos des courses de Farah sur YouTube. J’étudiais son style, sa tactique, son placement…  » Bashir Abdi

Février 1989. Bashir Abdi voit le jour à Mogadiscio. La guerre civile y fait toujours rage et, en 1997, à l’âge de huit ans, son père, ses deux frères aînés et sa petite soeur sont envoyés dans un camp des Nations Unies. Ils y sont séparés de leur mère, qui était partie à l’étranger et ne pouvait plus rentrer en Somalie. Heureusement, les Abdi peuvent trouver refuge chez leur famille, à Djibouti, où Bashir va vivre jusqu’à l’âge de onze ans. Entretemps, sa mère obtient le statut de réfugiée politique en Belgique. En 2002, le reste de la famille obtient son visa. Après quatre ans, Bashir retrouve sa mère par une froide soirée d’octobre, à Gand. Il découvre la neige pour la première fois. C’est le début d’une nouvelle vie, mais aussi d’une carrière sportive, d’abord comme médian droit du SKV Oostakker puis, à partir de 17 ans, comme coureur de fond au Racing Club Gent Atletiek. En 2018, après une lente évolution, Abdi perce définitivement en décrochant la médaille d’argent sur 10.000 mètres au championnat d’Europe, puis en battant deux fois le record de Belgique du marathon à Chicago (2019) et à Tokyo (2020).

Première rencontre

Retour en 2008. Mo Farah (25 ans) arrive au sommet. Deux ans plus tôt, il a décroché l’argent sur 5.000 mètres aux championnats d’Europe sur piste et l’or à l’EURO de cross-country. Son style gracieux a attiré l’attention de son ex-compatriote, six ans plus jeune. Ils se croisent pour la première fois aux championnats d’Europe de cross-country, à Bruxelles. Bashir Abdi raconte comment ils sont devenus amis.

 » Je m’étais inscrit comme volontaire au championnat d’Europe avec Bert Misplon, mon partenaire d’entraînement et ami du club d’athlétisme. Je tenais absolument à rencontrer Mo, car je prenais déjà beaucoup exemple sur lui. Au départ, j’ai essayé de le faire venir vers moi, mais en vain : tout au plus avait-il vu un noir faire de grands signes (il rit). Heureusement, mon badge me permettait d’avoir accès à la zone des athlètes. Après une longue attente, j’ai pu lui parler. Il était très déçu, car il avait été battu de toute justesse, mais quand je lui ai demandé un autographe et une photo, il s’est montré particulièrement gentil. Je lui ai brièvement raconté mon histoire dans un mélange de somalien et d’anglais. Je n’oublierai jamais cette première rencontre, j’ai même encore son autographe dans ma chambre.

Je l’ai revu deux ans plus tard, en juillet 2010. Tout à fait par hasard, cette fois. Avec quelques membres du club d’athlétisme de Gand, nous étions partis assister aux championnats d’Europe à Barcelone. Nous faisions le voyage en minibus et nous avions fait étape à Font-Romeu, dans les Pyrénées. Mo s’entraînait sur la piste d’athlétisme. Il s’est souvenu de notre rencontre à Bruxelles et a accepté de poser sur la photo avec tout le groupe. Nous avons un peu parlé, il m’a demandé pourquoi j’aimais courir, si je ne prenais pas ça pour une obligation. Je lui ai raconté qu’avant, je jouais au football, que l’esprit d’équipe me manquait, mais que j’aimais courir seul dans un bois, dans le calme absolu. Il s’est un peu retrouvé dans cette histoire. Il m’a conseillé d’augmenter progressivement mes entraînements, sans brûler les étapes. Je me disais : si seulement je pouvais un jour m’entraîner avec lui…

Nous avons alors pris la direction de Barcelone. Depuis la tribune, nous avons vu Mo remporter le 5.000 mètres. Pendant qu’il faisait le tour d’honneur, j’ai vu sa femme. Je voulais la saluer, mais j’étais tellement stressé que je suis retourné m’asseoir (il rit). Le fait de l’avoir vu gagner après avoir assisté à la victoire de Kevin Borlée sur 400 mètres m’a terriblement motivé. J’ai dit à Johan De Beule ( speaker dans de nombreux meetings d’athlétisme en Flandre, ndlr) que je voulais représenter la Belgique dans un grand championnat et décrocher une médaille pour mon pays. Ce jour-là, j’ai appris l’hymne national belge, pour me  » préparer  » (il rit).  »

Bashir Abdi lors de sa victoire au semi-marathon d'Egmond, au début de cette année.
Bashir Abdi lors de sa victoire au semi-marathon d’Egmond, au début de cette année.© Belgaimage

Premier titre belge

 » Malheureusement, ma carrière a eu du mal à démarrer. L’année suivante, ma mère est décédée. À 22 ans, je me retrouvais seul à devoir m’occuper de ma soeur. Je ne pouvais pas le faire tout en m’entraînant et en étudiant. De plus, en novembre, lors du cross de Mol, je me suis déchiré le fascia plantaire (une membrane fibro-élastique du calcaneum, ndlr) et je n’ai pas pu m’entraîner pendant plus de deux mois. J’étais au plus bas, tant mentalement que physiquement. C’est alors que mon ami Bert m’a proposé de partir en stage en Éthiopie, en février 2012. Une bonne idée, car je m’y suis très bien entraîné et j’y ai retrouvé le moral. Peu après, à la surprise générale, je suis devenu champion de Belgique. J’étais totalement inconnu, certaines personnes confondaient même mon nom et mon prénom (il rit). C’était un hommage à ma mère, qui avait tant fait pour moi.

En avril 2012, je suis reparti en stage en altitude, au Kenya, où Mo s’entraînait également. Il logeait dans un complexe hôtelier très cher et moi, dans une toute petite maison. Pour la première fois, nous nous sommes entraînés ensemble à quelques reprises et ça a porté ses fruits, car peu après, j’ai réalisé le temps de qualification pour les championnats d’Europe d’Helsinki. La première partie de mon rêve devenait réalité : je représentais la Belgique dans une grande compétition. Notre équipe nationale logeait dans le même hôtel que Mo et nous avons beaucoup parlé dans sa chambre. De notre passé en Somalie, des aléas de nos vies, de notre avenir, de sa vision très particulière de l’entraînement. À deux jours de la finale du 5.000 mètres, nous avons couru ensemble. J’étais très surpris qu’il démarre aussi lentement alors que j’étais habitué à faire tout l’entraînement à la même allure. Tu dois laisser à ton corps le temps de s’éveiller, puis augmenter lentement le rythme, m’a-t-il dit. Il s’est avéré qu’il avait raison, car nous avons pratiquement terminé au sprint.

C’est lors de ce 5.000 mètres à Helsinki que, pour la première fois, nous avons participé à la même course. Je me suis un peu laissé bousculer et j’ai dû lâcher prise lorsque Mo a placé sa fameuse accélération sur la fin – comme à l’entraînement – mais j’ai tout de même terminé huitième. Mo m’a félicité et, quelques jours plus tard, libéré de tout stress, j’ai terminé quatrième du 10.000 mètres, à un souffle de la médaille de bronze. Dans un premier temps, j’étais déçu, mais ce résultat m’a boosté. Et j’étais encore plus motivé lorsque quelques semaines plus tard, à la télévision, j’ai vu Mo décrocher deux médailles d’or aux Jeux Olympiques, devant son public. J’en avais la chair de poule ! Je me disais que, s’il en était capable, pourquoi pas moi ? À l’époque, je regardais de nombreuses vidéos de ses courses sur YouTube. J’étudiais son style, sa tactique, son placement…  »

Contrat pro

 » Ce qui est bien, c’est que ces deux places dans le top 8 à l’EURO m’ont valu un contrat pro à la fédération flamande. Dorénavant, mes stages étaient payés. Comme en 2014, lorsque je suis parti au Kenya, où Mo s’entraînait également. Nous étions dans le même hôtel, nous prenions de temps en temps un café, nous jouions à la PlayStation et nous nous entraînions parfois ensemble, même s’il était encore beaucoup plus fort que moi.

C’est là que nous avons décidé qu’en juin, nous partirions pour la première fois en stage ensemble, à Font-Romeu, pour y préparer l’EURO de Zurich. Une expérience extraordinaire, même si j’ai dû faire l’impasse sur ses entraînements les plus durs. J’ai pu me faire soigner par ses kinés et il m’a présenté à ses trois filles, ainsi qu’à sa femme, que je n’avais pas osé approcher quatre ans plus tôt à Barcelone (il rit). Nous sommes partis ensemble à Zurich, où une équipe de la télévision me suivait pour le documentaire La route de Rio. Quand on lui a demandé de quoi je pouvais rêver, Mo a répondu que je pouvais décrocher une médaille européenne et, plus tard, devenir un des meilleurs du monde.

Depuis ces Jeux de Rio, j’ai compris qu’il était possible de s’entraîner trop, que le repos était aussi très important pour éviter les blessures.  » Bashir Abdi

Là aussi, j’ai pu bénéficier de ce que l’équipe britannique mettait à disposition de sa star. Il m’a même invité à une séance de cryothérapie. J’étais dans un bain glacé avec un double champion olympique (il rit). Avant la finale du 10.000 mètres, nous nous sommes échauffés ensemble et il m’a conseillé de courir devant lui pendant la course, histoire qu’il puisse me voir et me conseiller. C’est ce qu’il a fait, en me donnant des instructions très brèves en somalien : accélère, ralentis. Malheureusement, en fin de course, je n’ai pas pu accélérer et le suivre. Je suis passé à côté de la médaille, j’ai terminé cinquième. Certains ont dit que j’avais trop travaillé pour Mo, mais la vérité, c’est que je n’étais pas assez fort. De plus, j’avais trop mal au pied. Il était d’ailleurs très gonflé par la suite. Le médecin m’a déconseillé de participer au 5.000 mètres, mais j’ai quand même pris le départ. Après un tour, la douleur était déjà bien présente. J’ai terminé seizième et j’ai dû m’arrêter pendant deux mois : c’était le prix de mon entêtement.

Bashir Abdi (à gauche) :
Bashir Abdi (à gauche) :  » Mo m’a également appris qu’on pouvait surmonter tous les coups durs. « © Belgaimage

Au cours de cette période, et même dans les années suivantes, j’ai commis l’erreur de m’entraîner trop dur, de trop me comparer à Mo. Mon corps n’était pas prêt. J’étais souvent trop fatigué au moment des grands championnats. Comme aux Mondiaux 2015 de Pékin, lorsque je me suis déchiré les ischios à l’échauffement avant le 10.000 mètres, en faisant des sprints avec Mo. Le soir, Mo m’a dit de faire des étirements contre le mur : j’avais du mal à appuyer sur mon talon. Mo jurait, il se sentait coupable : est-ce que ça valait bien la peine de faire ces sprints ? Têtu, j’ai quand même voulu prendre le départ le lendemain, mais j’ai dû abandonner après quelques tours. J’avais trop mal. La victoire de Mo a quelque peu atténué ma peine. Il m’a téléphoné le soir, très tard, après toutes ses obligations. Viens demain à l’hospitality space de Nike, on mangera quelque chose. Il devait encore prendre part au 5.000 mètres, mais il a tout de même pris la peine de me remonter le moral et de parler de la façon dont je devais me soigner.

L’année suivante, malheureusement, rebelote : lors de l’EURO d’Amsterdam, à un bon mois des JO de Rio, j’étais le grand favori du 10.000 mètres, mais trois jours plus tôt, je me suis à nouveau occasionné une petite déchirure aux ischios. J’ai fait l’impasse, par mesure de précaution, et je suis parti en stage à Font-Romeu, avec Mo. À Rio, mon pic de forme était dépassé. De plus, je souffrais de la chaleur et du décalage horaire. Je ne me suis classé que seizième, loin de mon niveau. Une nouvelle fois, Mo a adouci ma peine : à un tour de la fin, je l’ai vu sprinter vers le titre sur le grand écran. Pendant quelques secondes, j’ai oublié mon chagrin.

Depuis ces Jeux de Rio, j’ai compris qu’il était possible de s’entraîner trop, que le repos était aussi très important pour éviter les blessures. Mes amis et mon entraîneur ( Peter Robbens, ndlr) me l’avaient souvent dit, mais il fallait que je m’en rende compte. Ce n’est donc pas un hasard si, depuis, je ne cesse de progresser. Comme prévu, je suis passé sur le marathon après un dernier rendez-vous sur la piste : l’EURO 2018 de Berlin, où je voulais au moins décrocher une médaille. Ce fut… l’argent, juste derrière le Français Morhad Amdouni ( qui pourrait encore perdre son titre pour dopage, ndlr). Dans un premier temps, j’étais très déçu, mais une fois rentré à l’hôtel, je me suis dit que j’avais tenu la promesse faite en 2012 : j’avais offert une médaille à la Belgique. J’étais tellement ému que je me suis mis à pleurer. Idem quand Mo m’a téléphoné un peu plus tard. Cet été-là, au Mémorial, j’ai battu mon record personnel sur 5.000 mètres et en octobre, ma fille est née. J’étais plus heureux que jamais.  »

Invité surprise

 » Ces dernières années, je me suis encore rapproché de Mo. À mes yeux, après son nouveau doublé olympique à Rio en 2016, il est aussi fort qu’ Usain Bolt. Mais surtout, c’est un ami. Début 2017, il était special guest à mon mariage avec Nimo, une réfugiée somalienne comme moi. Nous nous sommes rencontrés aux Pays-Bas, après un match de football de mon frère. Celui-ci avait tout réglé pour Mo : le vol vers Amsterdam, l’hôtel… Je n’étais au courant de rien, jusqu’à ce que je le voie descendre l’escalier. Je n’en croyais pas mes yeux. D’autres invités somaliens non plus. Soudain, tous les regards étaient braqués sur lui (il rit). Pourtant, il n’aime pas spécialement ça, au contraire : malgré son succès, il est très simple, très modeste. Il se soucie beaucoup des autres et aime partager ses connaissances. C’est un ami avec qui je peux parler et rigoler de tout, jouer à la PlayStation et discuter de football : il est fan d’Arsenal et moi, de Manchester United. ( il rit)

En tant qu’athlète, avant, j’avais besoin de lui pour me tirer – parfois même un peu trop – mais ces dernières années, nous sommes devenus de véritables partenaires d’entraînement, nous nous soutenons mutuellement. Surtout depuis l’été 2018, moment où j’ai intégré son groupe d’entraînement sous la direction du célèbre Gary Lough ( le mari de Paula Radcliffe, ex-recordwoman du monde du marathon, ndlr). Les connaissances, la confiance et les plans d’entraînement de ce dernier m’ont beaucoup aidé à progresser. Et j’ai même réussi à attirer mon maître, Mo, sur le marathon.

Il n’a jamais fait de difficultés. Même pas en octobre 2019, à Chicago, lorsque j’ai amélioré le record de Belgique ( le portant à 2h06’14 », ndlr), après être resté longtemps avec lui et l’avoir lâché pour la première fois en course. Blessé, il avait éprouvé des difficultés à terminer, mais en arrivant, il m’a directement dit : Tu m’as si souvent félicité que, cette fois, c’est mon tour. Il était sincèrement heureux et fier. Et il avait raison, car il avait dit que je pouvais courir en 2h06. Après tous ces stages, il me connaît par coeur.

Il était dès lors convaincu que je pouvais encore aller plus vite, car à Chicago, j’ai fini très fort. Au début de l’année, lorsque nous nous sommes entraînés ensemble en Éthiopie pour préparer le marathon de Tokyo, Mo a dit que, dans de bonnes circonstances, je pourrais courir sous les 2h05. Une nouvelle fois, il avait vu juste : 2h04’49  », deuxième performance européenne de tous les temps. Le point culminant de ma carrière. Jusqu’ici, du moins. (il rit).

Je le dois en partie à Mo, qui m’a admis dans son cercle restreint, qui m’a permis de faire appel à son entourage professionnel, qui m’a appris à repousser mes limites de la meilleure des façons qui soient, à me préparer physiquement et mentalement en n’omettant aucun détail.

Mo m’a également appris qu’en restant patient et en travaillant dur, on pouvait surmonter tous les coups durs. Et qu’on était finalement récompensés de ses efforts, de ses sacrifices, de ces semaines loin de chez soi, de sa femme, de ses enfants. Sans lui, je ne serais jamais allé aussi loin, je ne serais pas l’athlète que je suis aujourd’hui. Je lui en serai toujours reconnaissant.  »

Bashir Abdi et Mo Farah, côte-à-côte :
Bashir Abdi et Mo Farah, côte-à-côte :  » Ces dernières années, je me suis encore rapproché de Mo. « © Belgaimage

Rencontre avec le président somalien

Outre leur amitié, Bashir Abdi et Mo Farah ont aussi en commun l’amour des enfants et des autres. L’histoire a débuté en 2012, lorsque Abdi et son ami Bert Misplon sont partis en stage en Éthiopie.  » Bashir et moi avons vu beaucoup d’enfants dans la misère « , dit Bert.  » Ils ne pouvaient pas faire de sport et n’avaient aucun espoir d’avenir meilleur. C’est pourquoi, de retour en Belgique, nous avons décidé de créer l’ASBL Sportaround, afin de donner à des enfants pauvres de Belgique et d’Éthiopie la chance de faire du sport et de rêver.

Mo a aussi eu sa fondation, qui permettait de construire des puits, des écoles et des hôpitaux en Afrique. Il a dû y mettre un terme en raison d’un tas de problèmes, mais il a l’intention de lancer un nouveau projet avec Bashir au terme de sa carrière. L’objectif est de permettre à des enfants en Éthiopie et en Somalie d’accéder à l’enseignement et au sport.

Cette année, lors de leur stage en Éthiopie, Bashir, Mo et moi avions déjà travaillé au projet. Lors du sommet des chefs de gouvernements africains à Addis-Abeba, ils ont même rencontré le président et le ministre de l’Enseignement somaliens. Moi, j’ai dû les attendre en bas (il rit), mais Bashir et Mo sont des stars en Somalie, ça ouvre des portes. C’est chouette qu’ils veuillent faire quelque chose, car peu d’enfants africains ont la chance qu’ils ont pu saisir.  »

À l’assaut du record mondial de l’heure

Jusqu’à mardi dernier, Bashir Abdi était à Font-Romeu, où il prépare, avec Mo Farah, la tentative de record du monde de l’heure qu’ils effectueront lors du prochain Mémorial Van Damme. Ça doit être le point culminant du meeting comptant pour la Diamond League, et dont les autres temps forts seront la tentative de la Néerlandaise Sifan Hassan pour le record du monde de l’heure féminin, et celle de la Kényane Faith Kipyegon sur 1.000 mètres.

Autres moments à suivre : le 1.500 mètres avec les frères norvégiens Henrik, Filip et Jakob Ingebrigtsen, ainsi que le saut à la perche avec Armand Duplantis (le Suédois franchira-t-il à nouveau largement la barre des six mètres ?) et le recordman de Belgique Ben Broeders.

Dans leur tentative, Abdi et Farah seront accompagnés par le Norvégien Sondre Nordstad Moen, qui a porté le record européen de l’heure à 21.131 mètres il y a peu. L’ancien record appartenait depuis 1976 au Néerlandais Jos Hermens (20.944 mètres). Pour battre le record du monde, l’un d’entre eux devra courir 155 mètres de plus, histoire de faire mieux que les 21.285 mètres de l’Éthiopien Haile Gebreselassie en 2007 à Ostrava. Difficile, mais pas impossible avec l’émulation.  » Tout est possible « , dit Abdi.  » Même si, actuellement, Mo est encore plus rapide que moi sur semi-marathon. Il part donc avec les faveurs du pronostic, mais je courrai à domicile. Même si, hélas, il n’y aura pas de public.  »

Si l’événement a lieu lors de ce Mémorial, ce n’est pas un hasard. Le 20 septembre 1972, Gaston Roelants, à la recherche d’une revanche après son échec aux Jeux Olympiques de Munich, avait amélioré le record du monde de l’heure au stade du Heysel (20.784 mètres). C’est toujours le record de Belgique. Il avait été établi lors d’une des soirées les plus mémorables de l’athlétisme belge, car trois athlètes du Daring Club Louvain avaient battu pas moins de cinq records du monde.

Willy Polleunis avait établi la meilleure performance de tous les temps sur dix miles, puis Roelants avait battu le record du monde du vingt kilomètres et le record du monde de l’heure. De plus, Miel Puttemans avait réussi les meilleurs chronos de l’histoire sur trois miles et sur 5.000 mètres (le légendaire 13’13 »).

Près de 48 ans plus tard, Bashir Abdi et Mo Farah écriront-ils une nouvelle page d’histoire ? Pour le savoir, rendez-vous vendredi peu avant 22 heures.

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