Sans fantaisie

Le jeune stoppeur brugeois nage entre rêve et réalité.

Birger Maertens n’a que 22 ans. Il est arrivé à Bruges en 1994, à 14 ans. La saison passée, il ne disputa que 17 matches. Costaud (1m82 et 85 kilos), il a été international Espoirs, mais l’année dernière, il a été suspendu pendant quatre mois par la FIFA parce qu’il avait signé deux contrats en même temps : un avec Bruges et un autre avec MVV, Aux Pays-Bas!

Mais il est très heureux d’être resté à Bruges: « Il y a un an, j’étais déprimé. Mais Trond Sollied m’a laissé dans le noyau A et j’ai pu m’entraîner à fond durant ces quatre mois. Il m’a montré qu’il croyait totalement en moi en faisant ça, et maintenant, je vois des supporters du Club qui se baladent avec des maillots frappés de mon nom et de mon numéro 26. C’est incroyable. Et j’ai pu jouer contre Barcelone »…

Mercredi dernier, dans le Camp Nou, il ne fut cependant pas particulièrement à la fête dans la défaite 3-2. Il dévia tout d’abord du pied un shot de Motta qui arrivait chez LuisEnrique qui fit 1-0 après cinq minutes de jeu. Et à la 40e minute, il commit une faute sur Saviola dont Mendieta profita en transformant le coup franc. Pour le reste, Birger continua de jouer comme si de rien n’était. Pour lui, c’est comme si tout commençait vraiment.

La qualification en LC

« Elle a été très difficile mais nous le savions », a déclaré Birger lorsque le Club Brugeois s’est qualifié pour sa première Ligue des Champions depuis dix ans, après deux nuls 1-1, des prolongations et des tirs au but contre Shaktar Donetsk, le champion d’Ukraine.

« Nous avions déjà constaté que Shaktar était une équipe très compacte en Ukraine. Elle est très forte en défense et a deux attaquants de classe. Quand vous êtes mené 0-1 après un quart d’heure, vous le savez: marquer deux buts sera extrêmement difficile. Nous étions nerveux et nous avons été trop précipités. Au repos, l’entraîneur nous a dit: -Allez les gars, ce n’est pas encore joué mais il faut essayer de procéder plus sereinement. Les brèches et les occasions finiront par suivre. Nous nous sommes préparés à nous serrer les coudes. On ne peut pas dire aux supporters que les autres sont plus forts . On ne peut pas abandonner aussi près du but. Au lieu de nous livrer à 100%, nous nous sommes donnés à 150, 200%. Nous avons couru, nous nous sommes battus pour chaque mètre, pour chaque ballon. L’erreur de l’un était réparée par l’autre. Heureusement que Nastja Ceh est entré et qu’il a brillamment converti son coup franc: ça a rouvert la rencontre. Les deux équipes se sont alors créé des occasions. En plus, le scénario a tourné en notre faveur, alors que ça aurait pu être le contraire. Nous savons que la qualification n’a tenu qu’à un fil de soie mais il en va souvent ainsi à ce niveau. Le résultat dépend de petits détails.

L’entraîneur m’a demandé si je voulais botter le premier tir au but. J’ai accepté. A chaque match, Timmy Simons et moi sommes désignés pour les penalties, donc pourquoi aurais-je fui mes responsabilités? Je n’étais absolument pas nerveux. Comme d’habitude, j’ai regardé le gardien, qui doit quand même choisir son côté, et quand j’ai vu où il allait se déporter, ça a été facile ».

La fête

Maertens : « Après quatre ans sans titre, dix ans sans Ligue des Champions, cette qualification fait plaisir à tout le monde, aux joueurs, aux supporters comme à la direction. Juste après le match, j’étais extrêmement débridé sur le terrain mais c’est dans mon tempérament. A l’âge de sept ans, je venais voir le Club avec mon père. J’assistais même aux entraînements quand je le pouvais. Je me souviens très bien de la saison 1988, avec ces matches européens héroïques contre Dortmund et Cie. J’ai toujours rêvé de jouer ici et de vivre de tels moments.

Nous avons quitté le terrain à 23h15, je crois. J’ai bu du champagne dans le vestiaire, j’ai pris ma douche et j’ai rejoint un café. Nous étions plusieurs joueurs. Je trouve que nous devons nous mêler aux supporters, rendre quelque chose aux gens qui dépensent tellement d’argent pour nous voir jouer. Mais contrairement à d’autres, j’étais à la maison à deux heures et demie. J’ai bu deux bières avant de me mettre à la Vittel. En temps normal, je me serais laissé aller, mais nous avions un match deux jours plus tard déjà.

Si j’avais été célibataire, au lieu de deux bières, j’en aurais bu 12, sans doute, mais ce n’est pas certain non plus, vous savez. Au sein d’une relation, vous écoutez automatiquement l’autre et mon amie m’a répété: – Ne bois pas trop car samedi, tu joues encore. Mais j’ai compris de moi-même qu’il était temps d’arrêter.

L’amie

Maertens : « Le soutien de mon entourage est très important pour moi. Mon amie, Nathalie Sanders, vient du milieu du football aussi et elle suit chaque match avec plaisir. C’es important pour moi. Elle est la fille de Carl Sanders, le public-relations d’Eernegem, et la nièce de Koen Sanders. Je ne me sens bien que quand je l’aperçois, dans la tribune. Je lui fais un petit signe, elle répond et me voilà apaisé. Sinon, j’observe la tribune jusqu’à ce que je l’aperçoive. Heureusement, jusqu’à présent, je l’ai toujours trouvée avant le début du match. Le contraire serait mauvais pour ma concentration, je le crains. C’est plus difficile dans les arènes de la Ligue des Champions. Il me faudrait des jumelles!

J’ai toujours été comme ça. Quand j’évoluais en Réserves du Club, mes parents et mon frère venaient me voir, à domicile comme en déplacement. éa a peut-être l’air drôle mais il fallait toujours que je les voie avant que le match ne commence. Il m’arrive d’avoir une grande gueule mais j’ai aussi un petit coeur. Je suis ainsi fait.

Jamais je n’oublierai ma rencontre avec mon amie. C’était le dimanche 17 février, après Club-Anderlecht, 1-0. Il s’agissait de ma première affiche et je n’avais pas imaginé jouer, surtout pas comme médian défensif. Comme on ne bat pas Anderlecht tous les jours, nous nous sommes rendus, à plusieurs, dans un café de la ville. Je me suis laissé aller, comme les autres. C’est là que je l’ai rencontrée, et depuis, nous ne nous sommes pas quittés. Quand nous rencontrerons à nouveau Anderlecht, je me souviendrai de ce soir-là car ce fut une fameuse fête ».

Le tirage

Maertens : « Je trouve que nous avons un mauvais tirage. J’aurais préféré des équipes de plus grand renom. J’échangerais bien l’AS Rome et le Real Madrid avec Genk, car ce sont des noms, même si, évidemment, les chances de qualification pour le tour suivant seraient moindres. J’aurais aimé le Groupe D, avec l’Inter, Lyon et l’Ajax. Les jeunes joueurs raffolent des grands clubs, ils tiennent moins compte des chances de qualification. Avant le tirage, j’avais dit que je voulais éviter les clubs moscovites et Kiev. Nous avons tiré le Lokomotiv Moscou. Plus Galatasaray, également à éviter à cause de l’ambiance hostile qui y règne. Avez-vous vu les images de Feyenoord? On a jeté des bouteilles à la tête des entraîneurs. Comme la Belgique compte beaucoup de Turcs, nous retrouverons peut-être cette ambiance hostile ici aussi, sans compter quelques problèmes. J’espère que non. Barcelone, c’est bien, évidemment, mais beaucoup de joueurs auraient préféré une autre formation car ils l’ont déjà affrontée il y a deux ans. Mais c’est ainsi, nous devons tirer notre plan. Sportivement, nous avons une chance, selon moi. Dans cette poule, tout est possible.

Il y a Kluivert, évidemment. Jouer contre un avant de cet acabit est un rêve. Tout le monde connaît sa valeur. L’entraîneur m’a dit, avant le match: -Tu dois respecter ton adversaire mais sans en avoir peur. Evidemment, ce n’est pas parce qu’il s’appelle Kluivert que je vais avoir peur de lui ».

La position

Maertens : « Actuellement, tout va très bien pour moi. Autant le dire franchement: le courant passe bien entre Spilar et moi. Son anglais n’est pas parfait mais il maîtrise les termes footballistiques. Nous n’échangeons pas beaucoup de mots: un regard suffit. Spilar, c’est l’expérience: il voit tout. On dit de moi que peu m’importe de jouer devant 10.000 ou 30.000 spectateurs. J’ai passé mon examen au Nou Camp. Jouer dans un stade pareil donne des sensations.

Je suis conscient d’avoir encore une importante marge de progression. C’est pour ça que j’écoute aussi attentivement l’entraîneur. Sollied connaît le football et m’a déjà beaucoup appris. Je pense que c’est l’essentiel: savoir écouter l’entraîneur. Ainsi que d’autres joueurs, expérimentés, comme Timmy Simons, Gert Verheyen, Philippe Clement, Dany Verlinden aussi, qui s’occupe beaucoup des jeunes joueurs.

L’entraîneur m’insuffle énormément de confiance. Vous rendez-vous compte que la saison passée, alors que je débarquais, il m’a aligné dans des affiches à Genk et contre Anderlecht! Sans doute ai-je l’avantage d’être polyvalent. Je peux aussi bien jouer à l’arrière droit que dans l’axe de la défense ou de l’entrejeu. éa peut constituer un inconvénient mais pour le moment, c’est tout profit. Je préfère évoluer dans l’axe de la défense ou alors comme médian défensif, un poste qui vous permet d’avoir souvent le ballon ».

La concurrence

« Elle est grande mais ça ne me préoccupe vraiment pas. Si c’était le cas, mieux vaudrait arrêter sur-le-champ. Le transfert de Spilar ne m’a pas causé le moindre problème. Je me connais et je me suis dit: -Je vais me donner à 200% au lieu de 100%. C’est comme ça à tous les entraînements. J’essaie de compliquer les choix de l’entraîneur. Je ne me considère pas encore comme une valeur sûre. Je n’ai encore disputé qu’une vingtaine de matches de championnat en D1. Je sais que je vais traverser des périodes plus difficiles, que je devrai surmonter. Je serai déçu le jour où je serai écarté mais ce ne sera pas un problème si c’est parce qu’un autre est meilleur. La concurrence est redoutable à chaque poste. C’est nécessaire. Nous devons nous estimer heureux d’avoir un noyau aussi étoffé car les prochains mois vont être durs ».

Christian Vandenabeele

« J’échangerais volontiers l’AS Rome et le Real Madrid avec Genk »

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