SANS ÉMOTION

Le tirage au sort des groupes de qualification pour l’EURO 2004 n’a recelé aucune émotion. Pas de Belguique-Pays-Bas, pas d’Angleterre-Allemagne ou de Turquie-Grèce. La République d’Irlande évite même une confrontation avec l’Ulster. La seule chose qu’on peut retenir de l’événement qui a eu lieu au superbe Europarque de Santa Maria da Feira, c’est que le Portugal n’a pas lésiné sur l’argent pour priver l’Espagne, sa grande rivale, de l’EURO 2004. On sait que l’attribution de l’EURO aux Lusitaniens a été une affaire de prestige national. Les hommes politiques portugais sont donc obligés de faire de l’EURO 2004 un succès. Il a reçu un fameux coup de pouce du gouvernement, avec une dizaine de stades flambant neufs.

La rencontre de deux entraîneurs qui vivent une période de haute conjoncture, Morten Olsen (Danemark) et Allan Simonsen (Luxembourg) et le fait que Berti Vogts, à la tête de l’Ecosse, va affronter son ancienne sélection nationale, ont fait apparaître quelques sourires, mais dans l’ensemble, on faisait plutôt grise mine. Y compris côté belge, d’ailleurs: Stéphane Verhulst, de la firme du même nom, rêvait d’un groupe qui comprenait au moins les Pays-Bas ou l’Angleterre. Au lieu de ça, il va devoir négocier des matches contre des nations pauvres de l’ancien bloc de l’Est: la Croatie, la Bulgarie et l’Estonie, sans oublier Andorre, nain du football. Non, les droits TV ne seront pas élevés pour cette première phase de l’EURO 2004…

De fait, la décision la plus intéressante prise à Porto est celle du Comité Exécutif de l’UEFA, qui va prolonger sa collaboration avec TEAM AG, la société lucernoise, jusqu’en 2006 pour la Ligue des Champions. Notre compatriote Eric Drossart, vice-président d’IMG et homme de confiance du patron, Mark Mc Cormack, se doutait que sa société devrait faire une croix sur le contrat quand, il y a un mois, l’UEFA a repoussé sa décision à Porto. Pourtant, un article de Die Welt, un quotidien allemand de qualité, a suscité un certain émoi la veille de la réunion en révélant que Klaus Helbet, un patron allemand du film porno, détenait 80% des parts de TEAM AG, via Highlights Com, sa société Internet. Les 16 membres du Comité allaient-ils accepter pareille révélation? D’autant qu’IMG était prêt à allonger 700 millions d’euros pour reprendre la Ligue des Champions. L’argent n’a pas d’odeur: l’UEFA poursuit sa collaboration avec TEAM.

Cette décision se fonde essentiellement sur des raisons pratiques. Les personnes qui travaillent quotidiennement à l’organisation des matches savent ce qu’elles doivent au partenariat de l’UEFA avec l’entreprise de marketing. Tous les clubs qui ont déjà participé à la Ligue des Champions connaissent aussi l’excellence de l’organisation de TEAM. Drossart s’est donc incliné. Tôt, le matin du tirage, il a déjeuné avec Gerd Aigner, le directeur général de l’UEFA. Celui-ci a spontanément admis que l’offre d’IMG était au moins aussi intéressante que celle de TEAM et a suggéré à Drossart de chercher d’autres moyens de collaboration. L’EURO 2004 pourrait constituer une belle occasion, même si l’UEFA a déjà une cellule de marketing, fondée après la faillite d’ISL, le partenaire de la fédération européenne durant l’EURO 2000. Quoi qu’il en soit, Aigner et Drossart se reverront à Pâques.

IMG a un besoin urgent d’activités durables dans le monde du football, car ses chevaux de bataille, le tennis et le golf, sont en déclin. Il convoite également une grande compétition interclubs panaméricaine. Julio Grondona, le président de la fédération argentine, également vice-président de la FIFA, n’apprécie plus la Copa Libertadores. Une Ligue des Champions panaméricaine mettrait en valeur le football sud-américain mais aussi le soccer US.

Mick Michels

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire