SANS concession

A côté du terrain comme dessus, le médian portugais se livre corps et âme.

Samedi 12, 16 heures 30 soit une heure et demie avant le coup d’envoi, l’arbitre, M. Johny Ver Eecke monte sur la pelouse de Sclessin pour l’inspecter. Sur les côtés et devant les buts, le ballon flotte. Dans ces conditions, il ne pourra qu’appliquer le règlement : match remis. Les supporters s’y attendaient ; cela faisait deux jours que la pluie et les tornades avaient élu domicile sur la province de Liège. Question : n’aurait-il pas été plus logique d’annoncer la remise plus tôt ; soit avant que les supporters ne prennent inutilement le chemin du stade ?

Les ultras, qui avaient fait comprendre aux amateurs de spectacle de se présenter au stade une bonne heure à l’avance, histoire de profiter de leur talent scénique, n’étaient pas heureux. Au travail depuis 11 heures, leurs efforts n’auront servi à rien. Pas de match, pas de tifo…

Sergio Conceiçao : Il est logique que le match soit remis. Il n’était pas possible de jouer au football sur un terrain pareil. Les flancs sur lesquels j’étais appelé à évoluer étaient carrément sous eau. Si on avait débuté la rencontre, après maximum dix minutes, on aurait tout stoppé : cela n’aurait pas été du water-polo mais carrément des bains de boue. Il n’aurait jamais été question de football sur une pelouse pareille. Cela aurait engendré une grande frustration chez des supporters qui s’attendaient à assister à un match décisif pour la troisième place. Au lieu de quoi, ils auraient vu 22 joueurs patauger. Pour les joueurs, ce n’est pas une bonne chose, surtout que nous sommes allés au vert la veille pour rien. Personnellement, cela ne me fait pas plaisir parce que je vis pour mon métier et que j’ai du mal à concevoir un samedi ou un dimanche sans football. Je suis fait ainsi : j’éprouve un manque, j’ai l’impression que l’on m’a enlevé quelque chose. Sur un plan familial, cette remise a quand même son bon côté puisque j’ai pu passer la journée avec mes quatre enfants. En temps normal, seul le plus jeune vit avec mon épouse et moi ici à Liège. Les autres vont à l’école au Portugal et, ils ont profité des vacances scolaires pour venir passer quelques jours ici. Il n’y a pas à dire, je les entends et les voisins aussi (il rit) « .

Comment jugez-vous votre évolution depuis votre arrivée en août ?

Je suis venu au Standard avec l’intention de retrouver mon niveau de jeu et je pense que je peux m’estimer heureux. Physiquement, j’ai bien progressé malgré des blessures qui ont coupé mon élan. Quand on reste trois semaines sur le flanc, il n’est pas facile de revenir dans le rythme et on a vite perdu un mois. J’ai marqué des buts importants et signé quelques bonnes prestations. Evidemment, comme pour tout le monde, une saison est faite de moments heureux et d’autres moins mais je ne trahirai pas la vérité en affirmant que, globalement, j’ai fait preuve de continuité. Bien sûr, on peut rétorquer que l’on aurait pu faire mieux en coupes, par exemple. C’est exact. Je le pense aussi car tout compétiteur veut toujours plus et par conséquent repousser ses propres limites. C’est également une obligation quand on s’est fixé pour objectif de terminer la saison de belle façon.

 » Je ne me souvenais pas d’une défaite par 1-7  »

De belle façon, cela signifie au moins la troisième place.

C’est un minimum. La deuxième place est accessible : Anderlecht ne marche pas à fond et s’est laissé surprendre à domicile par Ostende et Genk ne nous est pas supérieur. C’est un bel ensemble mais nous ne devons pas nourrir de complexes. D’ailleurs, à l’aller, nous avons réussi un partage alors que l’arbitrage a été favorable aux Genkois. Ils ont pu commettre un tas de fautes, notamment celle qui a valu quatre mois de revalidation à Wamberto, sans le moindre avertissement. Et puis, tant que mathématiquement tout n’est pas joué, on ne doit pas baisser les bras pour le titre. C’est clair que Bruges possède une sérieuse avance et qu’il ne sera pas facile de rattraper cette équipe qui constitue un bloc solide. Mais je me souviens qu’avec la Lazio, nous avons compté aux environs de la mi-compétition 11 points d’avance sur le deuxième et que nous n’avons pas été sacrés champions. Le football est imprévisible et c’est ce qui fait sa beauté.

Le Standard est aussi imprévisible, contre Bilbao par exemple.

Franchement, je ne me souviens pas d’avoir été battu sur un tel score. Personne ne s’y attendait. Une défaite est possible mais un résultat comme celui-là, 1-7, ne reflète pas la valeur des équipes en présence. Il n’y a pas une telle différence entre Bilbao et le Standard. Je crois que dans les matches où il faut faire le petit truc en plus, nous calons. Nous nourrissons une certaine appréhension. Un blocage intervient dès que nous nous disons que si nous gagnons le match, nous nous qualifions pour le tour suivant. Certains diront que notre noyau comporte plusieurs joueurs routiniers mais, dans ces cas-là, l’expérience seule ne suffit pas. Il faut être bien dans sa tête et avoir confiance en soi. Ce qui ne devait pas être notre cas quand on voit comment on a encaissé le troisième but alors que l’on venait de revenir à 1-2 et que Runje avait arrêté un penalty. Je ne parlerai pas de motivation car tout le monde est habité par l’envie de gagner.

L’envie de vous battre ne vous fait jamais défaut.

A ce propos, je n’ai pas beaucoup apprécié que dans sa distribution des prix de fin d’année, Sport/Foot Magazine m’ait décerné celui de joueur le moins sympa. J’ai eu l’impression que l’on faisait un amalgame, que l’on sous-entendait que l’homme était comme le joueur, hargneux. Ce que je conteste car je suis une personne tranquille. Maintenant, sur un terrain, j’en veux toujours plus. C’est laid une défaite et la nuit je n’en dors pas. C’est tout le travail d’une semaine, d’une saison qui tombe à l’eau. Enfin, avec l’âge, je me suis amélioré un peu (il rit).

 » Je ne voulais pas partir en janvier  »

On a parlé de votre départ en janvier.

Je l’ai lu mais ce n’étaient que des rumeurs ; même s’il est probable que certains clubs étaient vraiment intéressés par mes services. J’ai immédiatement rencontré la direction pour lui dire que je n’avais pas l’intention de m’en aller. Primo, parce que le Standard m’a tendu la main à un moment où j’étais dans l’expectative. Personne ne me voulait. On croyait que j’étais blessé, fini. Le Standard m’a fait confiance et pour cela je tiens à l’aider à atteindre son objectif européen. Deuzio, je n’avais pas envie de recommencer tout à zéro avec un nouveau groupe dans une nouvelle ville. Je l’ai fait l’année dernière en quittant l’Italie et la Lazio pour rentrer à Porto et je me suis rendu compte que j’avais commis une erreur. Je n’avais donc pas envie de connaître la même mésaventure, à moins que l’offre ne soit du genre impossible à refuser.

On vous a surnommé Monsieur Grinta (M. la Hargne) quand vous avez avancé que vous espériez communiquer à vos équipiers cette rage de vaincre qui vous anime. Etes-vous en train d’atteindre cet objectif ?

A moi seul ? C’est une mission qui incombe au staff technique tout entier. Ceci dit, je pense que l’envie de gagner n’a jamais fait défaut mais que l’on n’a pas toujours fait preuve de continuité. Cela marche mieux depuis le début de l’année puisque nous n’avons pas perdu. Nous avons joué de manière plus collective et c’est une des raisons qui explique le fait que nous avons pris moins de buts.

A propos d’engagement, les supporters font inévitablement la comparaison entre le vôtre et celui de Rapaic, qu’ils trouvent moins soutenu.

Ce n’est pas à moi de dire à un joueur qui a évolué à un haut niveau ce qu’il doit faire ou ne pas faire. C’est un professionnel. Il est capable d’analyser, seul, la situation. Je crois toutefois que certaines critiques émises à son sujet ont été injustes. Il a joué de bons matches et marqué mais on l’oublie.

La carte rouge qu’il a prise au Brussels n’a pas arrangé les choses.

Moi aussi j’ai pris une carte rouge lors de mon premier match. Cela peut arriver.

Vous aviez écarté sans violence un adversaire pour botter immédiatement un coup franc alors qu’il a brutalement poussé Emeran et l’a pris à la gorge.

Je crois que les arbitres feraient mieux de se montrer plus tranquilles dans leur manière de procéder et de discuter un peu plus avec les joueurs. J’ai l’impression qu’en Belgique il est interdit de parler avec les arbitres. Je ne veux pas engager de polémique parce que nous commettons tous des erreurs. Mais le dialogue sur le terrain est important. Il existe en Italie où la façon de diriger la rencontre est moins répressive et pourtant on peut dire qu’au c£ur de l’action, il fait chaud.

Au début, vous couriez partout pendant nonante minutes. Depuis plusieurs semaines, vous êtes toujours aussi remuant mais vous restez cantonné sur le flanc droit.

Le fait de pouvoir évoluer dans un rôle d’électron libre sur tout le terrain est très agréable puisqu’on touche beaucoup plus de ballons. C’est une lapalissade comme celle qui consiste à dire que de la sorte on complique la tâche de l’adversaire qui doit vous marquer.

Si je reste la majeure partie de la rencontre sur le flanc droit, c’est parce que c’est un choix tactique. Je fais ce que l’entraîneur et le staff me demandent dans la mesure où l’on pense que c’est dans ce rôle que je suis le plus utile à mon équipe. Et pour le moment, j’évolue à droite et Rapaic fait la même chose de l’autre côté. Maintenant, si en l’absence de Milan, on me demande de me poster à gauche, pourquoi pas ?

 » Je ne veux pas prendre la place de Wambi  »

Et comme deuxième attaquant ?

Bien entendu, puisque je l’ai déjà fait à plusieurs reprises dans ma carrière, notamment à Parme. C’est un rôle que j’apprécie énormément mais prendre la place de Wamberto ne serait pas une bonne idée dans l’immédiat. Que du contraire, c’est normal que Wambi ne soit pas encore au top de sa condition après quatre mois d’absence mais je constate qu’il monte dans les tours à chaque sortie.

Ne pensez-vous pas que vous êtes plus facile à contrer quand vous restez dans votre zone et que, du coup, le Standard perd une bonne partie de sa force de frappe ?

Je ne suis pas d’accord. Cette théorie est venue au jour après notre élimination en Coupe de Belgique. On a déplacé un joueur évoluant généralement dans l’axe pour me marquer. Mais que je sache, j’ai fait le centre qui nous a permis de mener. Si nous n’avions pas été sortis aux penalties, on n’aurait jamais parlé de ce marquage par Kargbo. Si c’est vrai que précédemment, je voyageais plus sur le terrain c’est aussi parce que nous n’avions pas les mêmes joueurs.

Les centres, c’est un de vos atouts et Bangoura doit être ravi d’en profiter, lui qui n’aime pas beaucoup les combinaisons.

Pour moi, c’est une bonne chose de jouer avec un garçon comme Bangoura. Il est très fort dans le rectangle, il possède un bon jeu de tête et il est très vif, ce qui lui permet de frapper un maximum de ballons passant dans ses parages.

On n’a pas beaucoup vu Walasiak cette saison. Ne croyez-vous pas qu’en voyant débarquer un nom, il ait marqué le coup ? Bref, que vous lui faites de l’ombre parce que vous évoluez tous deux dans un registre identique ?

Je n’avais certainement pas l’intention de lui faire de l’ombre. Wali a d’énormes possibilités. Je lui ai déjà dit de nombreuses fois qu’il peut espérer faire une grande carrière. S’il n’a pas beaucoup joué, c’est parce qu’il a eu des problèmes personnels et quelques blessures. Il n’était pas bien dans sa tête et c’est là que se trouve l’explication de sa saison en demi-teintes. Dans ce cas-là, je lui ai répété qu’il n’y avait qu’une seule solution pour s’en sortir, c’est de travailler, de travailler encore. Nous ne sommes pas des doublons. Nous pouvons jouer ensemble. Ce n’est pas parce que nous évoluons actuellement selon un système que celui-ci est immuable. Notre coach ne manque pas de solutions de rechange. Il peut envisager différentes formules avec moi à gauche ou comme deuxième attaquant avec Walasiak sur le flanc droit ou dans une position lui permettant de venir de plus loin et de profiter de sa force de frappe.

Rapaic suspendu, le cas se serait présenté contre Genk puisque vous auriez joué à gauche et Walasiak à droite.

C’est une des possibilités que possède notre coach. Cette disposition pourrait être celle de la semaine prochaine à Lokeren car, si j’ai bien compris, étant donné que le match est remis, la suspension de Rapaic est reportée à la rencontre suivante. De toute façon, nous n’avons pas le choix, nous devons justifier nos prétentions quels que soient les choix tactiques opéré par notre entraîneur.

Nicolas Ribaudo

 » Nous calons dans les matches où IL FAUT FAIRE LE PETIT TRUC EN PLUS  »

 » C’EST LAID UNE DéFAITE et la nuit je n’en dors pas  »

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