Sans BOUEE

Pierre Bilic

Perdus dans l’océan de la D1, les Dragons veulent remonter au plus vite vers des eaux tranquilles.

Après s’être gondolés comme des baleines durant leur première campagne de pêche dans les fonds marins de l’élite belge, les Montois n’ont plus eu beaucoup de krill à se mettre sous la dent cette saison. Leurs filets étaient quasiment vides en décembredernier : 13 points, 2 victoires, 8 défaites, 7 matches nuls, 14 buts inscrits, 27 buts encaissés.

 » L’opération sauvetage est en cours « , souligne Michel Wintacq, l’adjoint de SergioBrio.  » Pour nous, tout recommencera face au Germinal Beerschot. Il faut tirer un trait sur le passé, en retenir les leçons, certes, tout en agissant tous dans le même sens afin d’atteindre notre unique objectif : rester en D1 « .

Pour cela, l’Albert ne pourra plus se permettre de marcher en crabe car le temps presse. La plupart des clubs qui vivent dans l’inquiétude se sont renforcés à des degrés divers. Lokeren a fait revenir Filip De Wilde au pays. L’Antwerp a remplacé son deuxième coach de la saison, le fantasque Doy Perazic, par Marc Grosjean, tiens, tiens, tiens… Même si ce n’est pas toujours spectaculaire, cela ne bouge pas qu’à Mons.

 » C’est le cas aussi des équipes du ventre mou qui espèrent encore décrocher un billet en Coupe de l’UEFA « , lance Michel Wintacq.  » Rien ne sera facile, tout le monde veut s’en sortir, se requinquer ou décrocher un prix. Nous mesurons parfaitement la difficulté de ce qui nous attend mais ce groupe a envie de réaliser son ambition. En Italie, les conditions de travail, lors de notre stage hivernal, étaient impeccables. J’ai directement senti que les hommes étaient frais dans leurs têtes « .

Les rebondissements vécus face à Charleroi, lors de la clôture de décembre, avec le but gag de BertrandLaquait, le 0-2 au marquoir et la réaction orchestrée par Jean-Pierre La Placa qui s’est payé deux buts, ont-ils marqué les esprits ? En un match, toutes les facettes, positives et négatives, de Mons étaient apparues à la surface : manque de concentration, ligne médiane sans idées, peu de présence à la finition mais réaction salvatrice alors que la messe était quasiment dite.

 » La confirmation passe souvent par une crise de croissance  »

 » Tout le monde a reconnu ses erreurs dans notre situation qui ne résume pas à un match « , affirme Michel Wintacq.  » Quand on a un joueur comme Cédric Roussel sous la main, un départ se prépare, s’anticipe. Et cela vaut autant pour Mons que pour d’autres équipes. Or, cela n’a pas été fait chez nous et des erreurs ont été commises durant la campagne des transferts en été. On n’a pas mesuré que la première saison en D1 n’est pas nécessairement la plus difficile. Un an plus tard, la confirmation passe souvent par une crise de croissance. Elle a été aggravée par une politique de transferts, qui n’était pas adéquate. Le président l’a reconnu et il £uvre afin de redresser le tir. Ce n’est pas facile mais nous assumons tous. Si Mons est à la hauteur de ses ambitions en fin de saison, et reste en D1, ce sera pour très longtemps. Ce club sera alors bel et bien installé en D1. On verra alors de belles choses dont toute la région de Mons-Borinage sera fière. L’Albert n’a pas parcouru tout ce chemin pour ne rester que deux ans au plus haut niveau du football belge. C’est dur mais il faut savoir profiter de ses erreurs, ne pas se laisser emporter, mais en tirer un profit positif « .

N’empêche en moins de deux ans, l’Albert est passé du statut de club régional à celui d’un cercle ayant désormais des obligations nationales. Est-ce que cela n’a pas secoué un groupe d’amis, d’abord, mais aussi des supporters qui ne peuvent plus s’identifier uniquement à des gars du cru ? Puis, il y eut plusieurs vagues de transferts, dont une durant le mercato de Noël, chacun trouva ses marques en cours de saison : pas idéal…  » Ce sont désormais des obligations si nous voulons garder la tête hors de l’eau « , avance Michel Wintacq. Hésitants dans un premier temps, les Montois se sont adaptés à cette concurrence. A un point tel que Moustapha Douai et Eric Joly ont déclaré ne pas craindre les nouveaux venus. Au contraire, cela les incitera à se dépasser et cela ne peut qu’être positif pour le groupe.

 » C’est la bonne attitude d’un sportif de haut niveau « , dit-il.  » Plusieurs doivent encore affirmer leur nom en D1. D’autres arrivent en fin de contrat et doivent séduire. Un des plus gros problèmes de Mons se situait ailleurs. Avec Sergio Brio, nous avons hérité d’une fameuse personnalité. Or, j’ai l’impression que certains ont joué l’homme en tentant de démolir le coach. Ce n’était pas admissible. Je n’ai pas bien compris. Sergio Brio mérite le respect. Ses exigences sur le plan du travail quotidien ont fait couler beaucoup d’encre. Mais de là à parler de 55 heures de boulot par semaine et de travaux forcés, il y a des limites. A son niveau de compétence, on ne fait pas n’importe quoi. Sergio Brio savait où il voulait en venir. On ne sort pas du trou en accordant des jours de congé. Il faut travailler ses gammes. Le changement de rythme de travail s’est fait en cours de saison. Même le staff technique a dû s’adapter, alors que les choses se précipitaient en championnat : c’est fait maintenant. Les choses sont en place : pour nous, le championnat commence vraiment maintenant. On verra bientôt un tout autre Mons. J’en ai l’intime certitude « .

Germinal Beerschot, Mouscron, Standard

Nouveaux joueurs ou pas, Mons n’aura pas le temps de musarder en cours de route. Le ton sera vite donné. Les Montois entameront leur deuxième tour en recevant le Germinal Beerschot au Tondreau. Un match à six points, le début d’un triptyque à ne pas rater. C’est ce que l’Albert avait pourtant fait en recevant St-Trond, Heusden Zolder et Charleroi. Ces trois matches ne lui rapportèrent qu’un petit point.

 » Nous connaissons le Germinal Beerschot « , certifie Michel Wintacq.  » Cette équipe avait entamé le championnat sur un mode mineur avant de changer son fusil d’épaule. Marc Brys a alors opté pour la sécurité, le jeu bien organisé et la patience. Cela leur a valu une belle neuvième place à mi-championnat. Nous nous méfierons de sa ruse, de son capital technique et de son réalisme. Après cela, Mons se rendra à Mouscron qui a suscité mon admiration en début de saison. Il faut voir si ce groupe sera capable de continuer sur sa lancée. Je suppose quelques joueurs tenteront de démonter que Mouscron n’est pas que le synonyme de Mbo Mpenza « .

Puis, huit jours plus tard, l’Albert déroulera le tapis rouge pour la venue du Standard dans son stade en construction. Ce sera un moment très spécial pour Michel Wintacq. Le Borain (47 ans) a joué durant cinq ans à Sclessin après avoir évolué à La Louvière et surtout sur les hauteurs de Rocourt, au FC Liégeois. Il n’a pas perdu son accent borain en portant la livrée du Standard et de Liège. L’histoire retiendra qu’il était arrivé au Standard au mauvais moment, en 1983-84, peu avant que n’éclate l’affaire de corruption qui plongea les Rouches dans une suite de galères. Les souvenirs s’effaceront vite devant les obligations montoises du moment.

 » Mais le Standard a retrouvé un magnifique rythme de croisière « , commente Michel Wintacq.  » Il est capable de mener la vie difficile à Anderlecht et Bruges se remettra de son passage à vide. Quand cette équipe maîtrise bien ses atouts, elle est redoutable avec son pressing haut. Le danger peut surgir de partout. Mais cela ne veut pas dire pour autant que Mons ne sera pas capable de secouer les Liégeois. Pour se libérer, notre équipe a besoin de quelques victoires. Quand une équipe met de bons points de côté, elle entreprend, ose, ne craint pas de donner libre cours à son imagination « .

Pierre Bilic

 » ON NE SORT PAS DU TROU en accordant des jours de CONGé  »

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