Sang-froid scandinave

Hushovd premier Norvégien champion du monde.

par benedict vanclooster

Thor Hushovd (32 ans) a usé de la recette dont Oscar Freire a détenu la licence pendant des années pour devenir, à Geelong, le premier Norvégien à enfiler le maillot arc-en-ciel en professionnel. L’ours de Grimstad a passé la journée dans la roue des autres, s’en tenant strictement à sa tactique, sans jamais paniquer, même s’il ne disposait que de deux coéquipiers.

La preuve en est encore faite : durant un Mondial, il faut faire preuve de patience. Philippe Gilbert, le grandissime favori, disposait d’une équipe méritante, il a attaqué de manière convaincante mais il a dû se satisfaire de la 18e place. L’Ardennais habituellement si calme aurait eu besoin d’une touche de sang-froid norvégien. Les Belges devaient-ils vraiment s’acharner à poursuivre cinq échappés aussi tôt dans la course ? Pourquoi Gilbert a-t-il réagi à une attaque de Bjorn Leukemans dans l’avant-dernier tour et pourquoi a-t-il attaqué dans l’avant-dernière côte alors qu’avant la course, il avait déclaré que l’ultime ascension constituerait le meilleur tremplin ?

La réponse se situe sans doute dans la pression quasi insoutenable qui va de pair avec le rôle de favori. Ce statut est un cadeau empoisonné, dans un Mondial plus qu’ailleurs. Sans ce poids, Gilbert aurait pu rassembler ses forces dans un seul effort décisif, comme Hushovd et tant d’autres champions du monde. C’est une loi du cyclisme : celui qui fait du Mondial son principal objectif doit éviter de se distinguer à la Vuelta.

Pourtant, Gilbert a fait taire quelques critiques à Down Under. Ceux qui craignaient que le leader d’Omega Pharma-Lotto ne puisse conserver la forme affichée en Espagne ont eu tort. Il a eu raison de ne pas participer au Tour, publicitairement attractif. Cela lui a permis de disposer de réserves suffisantes en automne et d’être au rendez-vous australien.

Dimanche, la fraîcheur mentale et physique de Hushovd a été décisive. En 1998, il avait été champion du monde Espoirs contre le chrono. Une maladie puis une fracture de la clavicule au printemps ont restreint le programme du champion norvégien, qui n’a donc jamais été en mesure de vraiment revendiquer un troisième maillot vert au Tour mais qui a pu prolonger sa saison.

Hushovd se produira pour Garmin, qui a absorbé Cervélo, son équipe actuelle, en 2011. Le puissant sprinter y deviendra le coéquipier de Tyler Farrar, un autre homme rapide. Il y a peu de chances pour que les deux hommes se marchent sur les pieds. Hushovd, vainqueur du Circuit Het Nieuwsblad et de Gand-Wevelgem, rêve davantage des classiques printanières que d’un nouveau maillot vert. Il vise Paris-Roubaix, la course durant laquelle il a étalé sa polyvalence en Espoirs. Il a toujours été bien plus qu’un sprinter.

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