« Sanctions plus lourdes,svp ! »

A quoi mènent les cartes rouges ? Tout le monde a l’impression que les joueurs s’en sortent trop bien. Il faut que ça change…

Une journée de suspension avec sursis, c’est la sanction que le Comité sportif avait infligée à Karel Geraerts pour son tacle sur Ernest N’for lors de Zulte Waregem-Club Bruges. Pour lui, c’est la preuve que sa charge était réglementaire. Le raisonnement est court, évidemment, mais plus on sort de cartes rouges, moins les peines sont lourdes. Certains, comme Geraerts, pensent pouvoir en conclure que l’arbitre a été trop sévère…

La réalité est plus nuancée. Le nombre de coups de coude et de tacles non-corrects impunis qu’on aperçoit semaine après semaine sur les terrains démontre qu’on pourrait exclure encore plus de joueurs. Pourtant, on a l’impression que les arbitres interviennent plus vite depuis qu’ Axel Witsel a fracturé la jambe de Marcin Wasilewski. Ils agiraient par peur d’être relégués en D2, comme c’est arrivé à Johan Verbist fin 2009 pour n’avoir pas vu un coup brutal de Réginal Goreux sur la cheville de Wim Mennes. Les caméras, elles, ont capté la scène et le joueur du Standard a été sanctionné,… comme l’arbitre.

Dès lors, on a l’impression que les peines sont plus clémentes, à mesure que le joueur passe devant les trois niveaux (voir cadre : parquet fédéral, Comité sportif et Comité d’appel) et que les arbitres se sentent déjugés…

Jacques De Ketelaere, le président du Comité sportif, comprend la grogne du corps arbitral :  » Mais nous n’en sommes pas responsables ! Il ne faut pas se moquer du Comité sportif. Les joueurs ne s’en tirent pas comme ça ! Geraerts est bel et bien puni, d’abord par son exclusion puis parce que son sursis d’un match de suspension court jusqu’au 30 juin. Or, il y a des playoffs et il devra donc bien se tenir.  »

 » Le parquet fédéral doit requérir des sanctions beaucoup plus lourdes « 

Le parquet fédéral avait requis une journée de suspension, que le Comité sportif a assortie d’un sursis. De Ketelaere :  » Il avait des circonstances atténuantes. Ainsi, sa jambe n’était pas tendue contrairement à ce qu’affirmait le rapport de l’arbitre. Mais dans nos motivations, nous avons insisté sur le fait que l’arbitre ClaudeBourdouxhe avait correctement jaugé le danger que le geste représentait pour l’intégrité physique de l’adversaire. Nous pensions que l’exclusion était tout à fait pertinente.  »

De Ketelaere démolit ainsi le raisonnement de Geraerts qui juge son tacle réglementaire. Si cela dépendait du juge suppléant du tribunal de police de Louvain, le joueur du Club aurait même été puni plus lourdement. Mais le manque de conséquence du parquet fédéral dans ses transactions a rendu l’exercice difficile :  » Le parquet fédéral doit requérir des peines beaucoup plus lourdes. Il n’est pas sérieux de ne demander qu’une journée pour la faute de Geraerts, comme pour celle de KennyVan Hoevelen, et rien du tout pour RonaldVargas. Le Malinois a fait tomber un joueur de Lokeren qui se présentait devant le but. Entre cette poussée qui prive peut-être l’adversaire d’un but et l’action de Geraerts, il y a une différence très nette. Si Geraerts n’écope que d’un match avec sursis, je peux difficilement demander plus pour l’exclusion de Van Hoevelen.  »

On peut retourner le raisonnement. Imaginez que le Comité sportif ait suspendu Van Hoevelen pour une journée : qu’est-ce qui l’empêchait de punir plus sévèrement Geraerts ? De Ketelaere :  » Je ne dirai pas que je me suis laissé influencer par l’opinion publique, mais quand le parquet fédéral juge suffisante l’exclusion de Vargas, pour une faute que j’estime beaucoup plus grave que celle de Geraerts, où allons-nous ? Si je sanctionne Geraerts de deux matches, je ne suis pas logique. Le parquet fédéral doit requérir des suspensions plus conséquentes ou n’en proposer aucune. Dans ce cas, les dossiers arriveront automatiquement au Comité sportif… « 

Tout le Comité sportif a envisagé de démissionner

 » Le parquet est trop laxiste mais le Comité d’appel est trop léger aussi « , poursuit un De Ketelaere qui mesure ses déclarations mais est manifestement énervé. Lui aussi a entendu, dans les couloirs, qu’on surnomme ce Comité d’appel le Comité de réduction des peines :  » Les clubs savent qu’ils obtiendront une diminution de peine s’ils vont en appel. Quand nous avons prononcé une suspension de deux matches dans la dernière affaire Witsel, j’ai d’ailleurs été surpris que le joueur aille en appel. Personnellement, je trouvais la proposition du parquet trop clémente. Je l’ai acceptée pour qu’on ne dise pas qu’on visait encore le Standard. Nous avons travaillé une heure et demie à cette décision mais j’ai été blessé que le Comité d’appel n’adopte pas la même sévérité et ne motive pas convenablement sa décision, ce qui est pourtant prescrit par le règlement.  »

Le Comité d’appel avait blanchi Witsel. Et quand, récemment, le président de l’UB, De Keersmaecker, avait foulé aux pieds le règlement avant de revenir sur une série de décisions à propos de Charleroi, De Ketelaere – et avec lui tout le Comité sportif – a envisagé de démissionner.

De toutes les sanctions prises par le Comité sportif à l’encontre de Charleroi, le Comité d’appel n’en avait maintenue qu’une : la poursuite des joueurs et de l’entraîneur du Cercle Bruges jusque dans leur vestiaire par des dirigeants de Charleroi. Pour une fois, il y aurait eu du lobbying pour maintenir la sanction du Comité sportif. Des intérêts de clubs au sein du Comité d’appel auraient joué un rôle dans la sanction…

 » Naturellement, on peut attaquer nos décisions mais nous avons au moins l’honnêteté intellectuelle et la fierté de les motiver en détails « , résume De Ketelaere. Ses collègues et lui n’ont renoncé à démissionner que quand le Comité exécutif a rappelé à l’ordre le président de la fédération De Keersmaecker…

par jan hauspie

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