Samuel Eto’o

Voici pourquoi, à 28 ans, le centre-avant du Cameroun devrait – sauf accident – briller à la CAN.

Positif

Très adroit dans les 16 mètres, le Camerounais est un véritable buteur toujours à l’affût. Il se comporte typiquement comme un renard des surfaces. Il possède l’art d’anticiper le centre ou la passe et de couper les trajectoires pour devancer l’intervention de son adversaire direct. De plus, il est doté d’une très grande maîtrise dans le face à face devant le gardien. Avec 16 buts, il est le meilleur buteur en phase finale de la CAN et sa série est loin d’être terminée.

Bien qu’il ne mesure qu’1m79, le joueur de l’Inter est très performant dans le trafic aérien. Il compense son relatif manque de taille par une détente et un timing hors du commun. Son sens du placement lui permet souvent d’éviter la confrontation directe et de prendre le meilleur sur son opposant. Sa spontanéité et son sens du but font le reste.

Bien que n’appartenant pas à la catégorie des petits joueurs explosifs style Lionel Messi, il est très vif sur les premiers mètres et il possède une fréquence de très haut niveau, faite d’appuis brefs, Sa vitesse de course, sur plus longues distances, avec ou sans ballon, est également excellente.

Il est capable de réaliser des enchaînements techniques lui permettant d’éliminer un ou plusieurs adversaires dans des espaces réduits. Crochets courts et dribbles, tout est réalisé avec une très grande finesse et des deux pieds, même si le droit est son meilleur atout.

La frappe de balle est également une de ses grandes qualités : ses tirs sont d’une précision diabolique. Ses frappes ne sont pas lourdes comme celles des meilleurs artificiers car il s’appuie plus sur sa technique et sur sa spontanéité que sur sa puissance. Le travail de la cheville et des hanches est quasiment parfait et cela donne de la consistance à ses shoots.

Un véritable régal pour les yeux des puristes. Non seulement, il fait preuve de beaucoup d’élégance dans tous les gestes qu’il réalise, mais, de plus, il a un comportement sur le terrain qui respire la joie de jouer et le plaisir qu’il a, à pratiquer son métier. Il fait preuve d’un très grand fair-play et il subit généralement les contacts de ses adversaires avec le sourire aux lèvres.

Il est très adroit dans les combinaisons courtes. D’une petite déviation géniale, il est capable de prendre en défaut les défenses les mieux organisées. Son jeu en décrochage est d’excellent niveau. Il maîtrise aussi bien la remise en un temps suivi d’un appel dans le dos de son opposant que le fait de conserver le ballon, dos au but, en attendant le soutien d’un ou plusieurs équipiers et la remontée du bloc-équipe. Cela permet à ses partenaires de prendre possession du terrain et de mettre la pression sur l’adversaire.

Négatif

C’est un pur attaquant de pointe central et donc, il manqueclairement de polyvalence. Le fait de le faire évoluer sur un côté le rend inefficace et il est donc obligé d’être continuellement performant au risque de perdre sa place de centre-avant spécifique. Année après année, il parvient cependant à rester au top sans trop de problèmes malgré la concurrence énorme régnant à chaque fois dans le club où il évolue.

C’est un joueur qui connaît encore des moments de flottements pendant certaines périodes de matches. Il se fait oublier par un comportement passif mais cela ne l’empêche pas d’être dangereux à tout moment et de surgir quand on ne l’attend pas. Il est parfois trop statique, se reposant derrière le fait qu’il peut faire la différence en finition.

Quand il est en possession du ballon, sa vision du jeu pour trouver un partenaire d’une longue ouverture est quelque peu déficiente. Et en tout cas, moins performante que dans les échanges courts. Le fait d’évoluer dans l’axe le met dans une situation où il ne doit pas souvent chercher des renversements de jeu et donc de masquer ce petit défaut.

En tant qu’attaquant de pointe, il fait preuve – de façon logique – d’un brin d’individualisme qui, chez lui, tombe rarement dans l’excès. On peut quand même assimiler cela à un défaut même si par moments, un avant de pointe doit faire preuve d’égoïsme.

Le jeu en perte de balleest insuffisant mais il faut connaître les consignes de son entraîneur pour juger réellement son comportement en récupération du ballon. Même s’il est plus réactif qu’actif, il met toutefois souvent plusieurs secondes avant de se repositionner en reconversion défensive. Le jeu en recul-frein et en coupure d’angles face aux deux défenseurs centraux adverses n’est pas réfléchi mais est plutôt instinctif.

Sa force en duel pourrait être plus grande mais il est tellement vite démarqué qu’il contourne souvent la charge de son opposant direct. Quand le ballon se trouve au sol, il sort souvent vainqueur de son duel, mais, dans les airs, il éprouve beaucoup plus de difficultés face à des adversaires robustes.

Son tacle manque manifestement de technique. Et s’il parvient, en glissant, à couper la trajectoire du ballon devant le but, son geste n’est pas du tout naturel. Que dire alors de cette spécificité en perte de balle ? Il ne l’utilise pratiquement jamais et quand c’est le cas, son intervention est plutôt maladroite.

Né en 1963, Etienne Delangre joua comme défenseur au Standard de 1981 à 1992 (267m en D1 et 6b, champion en 82 et 83). Ex-chargé de cours à l’Ecole du Heysel, il coacha de la P1 à la D1 (Charleroi).

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