SAMPDORIA – GENOA

La descente sur Gênes, par l’autoroute du nord, est sinueuse et vertigineuse. Gênes s’accroche à ses collines et s’échoue dans la mer de Ligurie. La route se jette sur ce port immense (le premier d’Italie, le deuxième de Méditerranée), autrefois scène des exploits des plus grands navigateurs puis, bien plus tard, des hommes d’affaires britanniques.

Ce sont eux qui, à la fin du 19e siècle, importèrent le football et créèrent le premier club italien, le Genoa Cricket and football Club, en 1893. A cette époque, ils ne se doutaient pas qu’ils venaient d’allumer le brasier sur lequel allait se construire une des plus grandes rivalités italiennes. Celle entre le Genoa et la Sampdoria, fusion en 1946 de deux clubs, la Sampierdarenese et l’Andrea Doria, club de foot qui tirait son nom du grand condottiere du 16e siècle.

Cela fait donc 67 ans que le derby de la lanterne, appelée de la sorte en hommage au symbole de la ville, la torredelalanterna, le phare du port, haut de 76 mètres, illumine la cité ligure.  » Aucun derby n’a le parfum de la lanterna. Il est moins venimeux que les autres, c’est peut-être ce qui le rend plus beau.  » Lorsque Marcelo Lippi prononça ses mots, il ne savait pas que quelques années plus tard, les deux clubs allaient se déchirer. En 2011, le derby est capital. Si le Genoa gagne, la Sampdoria file en Serie B.

Un partage sanctionne le match. La Samp’ peut encore se sauver lorsqu’à la dernière minute, l’attaquant argentin, Boselli, donne la victoire aux Grifoni. La Samp’ descend et le lendemain, 30.000 supporters rossoblu défilent en ville pour fêter  » l’enterrement des Doriani « . Depuis lors, la tension entre les deux clubs, l’un tirant son public de la périphérie (Sampdoria), l’autre du centre-ville (Genoa), est vive.

Pour les deux équipes, les belles années sont donc bien loin. Cela fait près de 90 ans que le Genoa attend son dixième titre, celui qui lui permettrait d’apposer l’étoile sur son maillot. Dans les années 90, ils vivaient encore dans l’ombre de la Sampdoria, qui connut sa période de gloire sous la houlette du duo d’attaque magique, Gianluca Vialli-Roberto Mancini. A l’époque, le Genoa se consolait uniquement par son titre d’Old Great.

 » Nous étions là avant, ils sont irrémédiablement arrivés après. Et nous, nous nous sentons comme l’équipe de la ville quand eux, ne sont que l’équipe d’un quartier « , n’hésitait pas à dire Andrea d’Angelo, vice-président de la Genoa dans les années 80. Depuis lors, les deux clubs ont rééquilibré les échanges et se contentent de vivre dans le ventre mou de la Serie A. C’est au moins la preuve qu’ils sont encore en vie…

PAR STÉPHANE VANDE VELDE

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