Samir Nasri

A 23 ans, le soutien d’attaque français d’Arsenal fait partie des monstres de la planète foot sur le plan technique et sa carrière ne fait que commencer.

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Samir maîtrise tous les gestes de base mais, qui plus est, il est capable de réaliser des enchaînements que seuls les meilleurs peuvent reproduire. Et tout cela des deux pieds. Sa conduite de balle est tout simplement exceptionnelle. Il utilise fréquemment l’extérieur de son pied droit, ce qui lui permet de prendre son opposant à contre-pied, en tentant souvent le petit pont.

La frappe de balle fait également partie de ses grandes qualités. Laurent Blanc lui donne des responsabilités sur phases arrêtées principalement sur le flanc gauche où il peut imprimer des trajectoires rentrantes avec énormément de force. Il parvient également à décocher des tirs à 25 mètres plein axe du cou de pied, du gauche comme du droit. Néanmoins, c’est sur les frappes enroulées qu’il est le plus performant.

Contre l’Angleterre à Wembley, le coach l’avait placé dans un rôle de soutien d’attaque légèrement décalé à gauche, probablement sa meilleure position. Elle lui consent non seulement de distribuer le jeu mais également de produire des actions individuelles en rentrant vers l’axe, pour se retrouver sur son meilleur pied.

Le Minot possède une capacité aérobie de très haut niveau. Dans une équipe de France avec cinq joueurs tournés vers l’avant au coup d’envoi (Karim Benzema, Florent Malouda, Mathieu Valbuena, Yoann Gourcuff et lui-même), il est primordial que les offensifs aient un volume de jeu très élevé. On peut dire que c’est son cas : il est continuellement en mouvement et il ne rechigne jamais à effectuer sa tâche défensive.

Il possède une vitesse d’excellent niveau. S’appuyant sur un démarrage fulgurant et pivotant très rapidement, il se montre performant sur 30-40 mètres. En conduite de balle, sa vitesse d’exécution est phénoménale et grâce à celle-ci et ses qualités de dribbles, il élimine très facilement ses adversaires dans les 1 contre 1.

La vision du jeu est également une de ses grandes qualités. Il conduit le ballon tête levée et alterne jeu court-jeu long avec beaucoup d’aisance. Il maîtrise aussi très bien le jeu en déviation et les combinaisons courtes. Il a l’art également de chercher le 1-2 que ce soit en possession de balle ou en le proposant au porteur du ballon.

L’international français possède une force de pénétration au-dessus de la moyenne. Que ce soit avec le ballon ou en situation d’appel de balle, il recherche très souvent la profondeur. Sa vitesse le place très vite en position avancée dans le bloc-équipe. Il crée ainsi des brèches dans la défense adverse et il est compliqué pour l’opposant de le prendre en charge et le contrer.

On peut le qualifier de joueur râblé avec son mètre 78 et ses 75 kilos. Il se montre très solide sur ses jambes et costaud dans les duels au sol.

A 23 ans seulement, Samir a encore une belle marge de progression. Il gravit les échelons de manière linéaire et la confiance d’Arsène Wenger et Laurent Blanc ne peut que l’aider dans son évolution. Le jeu, tout en construction et en combinaisons, prôné par Arsenal et par l’équipe de France à Wembley lui convient parfaitement.

Avec son mètre 78, le jeu de tête ne fait pas partie de ses spécificités. Il essaie au maximum d’éviter les duels aériens. Il préfère rôder pour jouer les deuxièmes ballons. Quand il reçoit une passe à hauteur de la tête, il tente généralement, en sautant, de contrôler la sphère de la poitrine.

Avec 34 buts inscrits en près de 300 matches au top niveau (un goal tous les 8-9 matches), que ce soit en club ou en sélection, le numéro 8 de l’Emirates Stadium est loin d’être un vrai buteur. Avec sa frappe et sa force de pénétration, il devrait se montrer beaucoup plus prolifique devant le but adverse. Il se présente donc plus comme un passeur qu’un finisseur.

Sûr de ses qualités techniques, il a parfois tendance à en faire trop. Il pourrait servir son partenaire bien plus tôt ou rechercher l’appui mais il use et abuse du dribble, de la conservation du ballon et de la recherche de LA passe décisive. Ce qui implique que son efficacité n’est pas toujours au top.

Samir est quelqu’un qui manque encore de régularité et de constance dans les prestations de haut niveau. Même si les choix de Raymond Domenech pour la Coupe du Monde pouvaient être discutables, son rendement en club ne lui a pas permis de se rendre incontournable pour faire partie des 23.

Le rôle que lui attribue le sélectionneur français doit l’amener à devenir le vrai dépositaire du jeu des Bleus. Toutefois, il n’est pas certain qu’il possède le mental pour endosser la casquette de patron. L’avenir nous apprendra beaucoup sur ses aptitudes mentales à gérer cette situation.

Bien que son repositionnement défensif se fasse correctement pour un meneur de jeu et que sa mentalité pour travailler à la récupération du ballon est bonne, il manque de jeu défensif pur. Il perd pas mal de duels quand le cuir est en possession de l’adversaire. Il utilise mal son corps pour attaquer le porteur du ballon et il ne temporise pas bien pour amener le joueur adverse à s’engouffrer dans la voie qu’il souhaite lui voir emprunter.

Comme on a encore pu s’en apercevoir face à la sélection de Fabio Capello, il ne parvient pas toujours à doser ses efforts sur 90 minutes. Les Anglais se sont réveillés dans le dernier quart d’heure et le fait que Nasri se soit éteint à ce moment du match est peut-être l’élément déclencheur du réveil des coéquipiers du buteur Peter Crouch.

né en 1963, étienne delangre joua comme défenseur au standard de 1981 à 1992 (267m en d1 et 6b, champion en 82 et 83). ex-chargé de cours à l’école du heysel, il coacha de la P1 à la d1 (charleroi).

PAR ÉTIENNE DELANGRE

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