Samba azzurra

L’Italo-Brésilien a fait son trou sur le tard. Il pèse aujourd’hui 22,8 millions d’euros, joue pour la Juve et intéresse fortement Marcello Lippi.

Le 30 décembre 2007, à l’heure des v£ux pour la nouvelle année, Amauri (de son nom complet AmauriCarvalhoDeOliveira) avançait :  » J’aimerais jouer avec AlessandroDelPiero et DavidTrezeguet. Ce sont des joueurs hors-pair. Mais mon objectif premier est d’amener Palerme en Ligue des Champions « . Si l’avant n’est pas parvenu à qualifier le club sicilien pour une coupe d’Europe, il a pourtant vécu la phase la plus belle de sa carrière. Ce n’est donc pas un hasard si la Juventus -il en était conscient au moment d’exprimer son souhait pour 2008- s’intéressait effectivement à lui. Les premiers contacts ont été noués début janvier mais ce ne fut que le 30 mai, et après plusieurs rebondissements, que le Brésilien paraphait un contrat de quatre ans avec un salaire de 3,5 millions euros et quelque 250.000 euros de primes éventuelles par saison. En contrepartie, Palerme recevait 22,8 millions d’euros, 12,5 millions cash plus deux joueurs, le milieu international olympique AntonioNocerino à titre définitif et l’attaquant DavideLanzafame en copropriété.

Né le 3 juin 1980 à Carapicuíba, dans l’Etat de Sao Paulo au Brésil, Amauri a fait ses classes à Santa Caterina, club avec lequel il a participé en février 2000 au célèbre tournoi italien pour Espoirs de Viareggio. Il s’y mettra en évidence et une belle carrière s’ouvre devant lui. Pourtant, en mars, il se retrouvera à Bellinzona, en D2 suisse. Là, il connaîtra le premier gros pépin de sa trajectoire : à cause d’une blessure au genou, il ne disputera que cinq rencontres avec un but à la clé. Les dirigeants helvètes s’en débarrassent et il reste sur le carreau plusieurs mois. Le manager MarianoGrimaldi(NDLR- c’est suite à sa dispute avec la direction de Palerme que le transfert à la Juventus a traîné en longueur) saute sur l’occasion et le place à Parme, qui le prête directement à Naples en janvier 2001. Le bonheur d’évoluer dans le même club que son idole Edmundo ne le comblera pas vraiment : il ne fêtera sa première apparition que le 14 avril à Bari (victoire 0-1). Il marquera certes son premier but en Série A contre Vérone mais au cours de ses six apparitions, l’avant aura surtout démontré un gros problème d’adaptation.

Toni aux oubliettes

Rétrogradé en fin de saison, Naples est en proie à de graves ennuis financiers et abandonne le joueur à son triste sort. On ne verra pas le vrai Amauri à Piacenza, (7 m, aucun but en 2001-2002), ni à Empoli où il ne restera que jusque fin septembre ni même encore à Messine, en D2 (4 b en 23 m). En 2003, l’attaquant retrouve la D1 à Chievo où BepiPillon, arrivé en juillet 2005, se révélera le coach le plus important de sa carrière. La renaissance du buteur est effective (11 buts lors de sa troisième saison) à tel point que Palerme l’engage pour remplacer LucaToni.

Deuxième attaquant à Chievo, Amauri n’éprouve aucune difficulté à évoluer seul en pointe. Fin octobre 2006, il plante deux buts superbes à la Fiorentina. Palerme s’impose (2-3) et le phénomène Amauri est en marche. Le 23 décembre, il est en passe d’envoyer carrément Toni aux oubliettes quand, suite à un choc avec le gardien autrichien de Sienne, AlexanderManninger, il s’occasionne une torsion du genou gauche avec une rupture partielle du ligament croisé postérieur et une élongation du collatéral moyen. Au revoir et à la saison prochaine !

Depuis son retour parmi l’élite en 2004, Palerme n’a pas connu un plus mauvais championnat : 11e, il ne parviendra même pas à se qualifier pour la Coupe Intertoto. La saison 2007-2008 a connu pas mal de points noirs : éliminations précoces en Coupe de l’UEFA et en Coupe d’Italie, renvoi en novembre de StefanoColantuono après un sévère 0-5 face à la Juventus et retour en mars de ce même coach après un intérim encore moins brillant de FrancescoGuidolin. Tous les ténors du noyau ont déçu mais un seul joueur est allé au-delà de toute espérance : Amauri. Auteur de 15 buts, il a surtout démontré qu’il possédait un registre technique plus complet que celui de Toni, auquel les supporters reprochaient de trop attendre les centres et de ne pas savoir dribbler un adversaire. Pas de doute, Amauri a pris la place de Toni dans le c£ur des fans rosaneri : ils avaient déjà été plus de 5.000 à lui envoyer une lettre d’encouragement lors de sa blessure et certains avaient même fait la file à l’hôpital à Rome.

En larmes, pour la deuxième fois

Le 6 avril, lorsqu’il plante deux splendides buts à la Juventus, Amauri sait qu’il quittera Palerme en fin de saison. Mais les supporters ne lui en tiendront pas rigueur comme ce fut le cas avec Toni qui avait eu la franchise de déclarer qu’il rejoindrait la Fiorentina parce qu’elle lui offrait 4 millions de salaire alors qu’il n’en percevait que 2,3 à Palerme. Les adieux d’Amauri furent poignants. A la fin du dernier match à domicile contre la Sampdoria, il tomba en larmes pour la deuxième fois depuis son arrivée dans la capitale sicilienne.  » Comme je l’ai dit plusieurs fois, Palerme restera toujours dans mon c£ur. Les gens y ont un sens de l’amitié que je n’ai rencontré nulle part ailleurs. Je sais que la nostalgie sera grande et je ne pense pas que j’exulterai le jour où je marquerai un goal à Palerme « .

Tout cela avant de dédier  » au club qui lui a fait confiance « , son prix de meilleur joueur de la saison au Grand Gala du Golden Goal le 2 juin à Sorrente

En attendant, il est parti à Turin en compagnie de son épouse Cinzia et de ses enfants Cindy (5 ans) et Hugo (1 an). A la Juventus, il aura pour but de faire oublier ZlatanIbrahimovic auquel on l’avait déjà comparé à l’époque où il évoluait à Chievo. Parmi les personnes qui suivront attentivement son parcours, figure MarcelloLippi, qui est prêt à l’intégrer dans le noyau de l’équipe d’Italie. Jusqu’à présent, Amauri soutenait qu’il voulait avant tout porter le maillot de la Seleçao mais Dunga, le coach du Brésil, lui a fermé la porte. Du coup, le passeport italien qu’il va recevoir grâce au grand-père de son épouse, n’en revêt que plus d’importance.

par nicolas ribaudo

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