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Samatta de retour en Belgique pour retrouver la confiance perdue

Son départ de Genk en janvier 2020 n’a rien valu de bon à Mbwana Ally Samatta, tant ses passages à Aston Villa et Fenerbahçe ont été décevants. Le Tanzanien est-il l’homme d’une saison, comme Istanbul semble le penser, ou est-il fait pour la Belgique?

Chaque semaine, Brian Priske découvre un nouveau visage. Souvent expérimenté, ce qui facilite l’intégration, mais l’entraîneur de l’Antwerp a quand même dû gérer de nouveaux caractères, de nouvelles qualités incorporées à son noyau. Les derniers arrivés doivent apporter ce qui faisait défaut à l’équipe depuis le début de la saison: de l’efficacité dans les deux rectangles. Il a donc engagé le capitaine de Charleroi, Dorian Dessoleil, et a loué Mbwana (ou Ally) Samatta. Celui-ci a presque 29 ans et a sillonné l’Europe pendant un an et demi. L’Antwerp a perdu trois joueurs, Dieumerci Mbokani, Lior Refaelov et Didier Lamkel Zé, un trio qui avait marqué 27 des 57 buts la saison passée. Michael Frey a réussi ses débuts avec un quintuplé planté à Sclessin et sept pions au total, mais à part lui, seuls Viktor Fischer et Benson Manuel ont marqué. Un but chacun. Samatta était donc le bienvenu.

Quand Samatta a rejoint Aston Villa, la page Instagram du club a enregistré 150.000 abonnés supplémentaires en l’espace d’une journée.

Panic buy

Mais quel sens du but a-t-il conservé? En Turquie, on a tenu des propos durs à son égard. « Il a eu énormément de chance pendant une saison. Il ne faut pas le surestimer », peut-on lire sur un forum des supporters de Fenerbahçe.

Samagoal, auteur de 23 buts en 38 matches durant la saison du titre de Genk, est-il surcoté? Fuat Capa, un entraîneur limbourgeois d’origine turque qui a régulièrement travaillé en Süper Lig ces dernières années, est plus nuancé. « Aux yeux d’un public critique et d’une presse encore plus dure, il n’a pas répondu aux attentes de Fenerbahçe, mais l’équipe ne tournait pas bien. Il n’avait plus joué depuis longtemps à son arrivée et il a eu du mal à retrouver son rythme, d’autant qu’il n’était pas régulièrement aligné. En plus, il faut un peu adapter le jeu à un attaquant. Miser sur sa vitesse, son jeu de tête. Fenerbahçe n’a guère d’espaces en Turquie, à part contre trois ou quatre équipes qui ont un style de jeu identique. Les autres érigent un mur. Frey a souffert aussi, là-bas. » Mergim Berisha, un Allemand issu de l’école du RB Salzbourg, va désormais en faire l’expérience.

À Aston Villa, que Samatta a rejoint l’hiver 2020, ça ne s’est pas très bien passé non plus. A panic buy. Un achat-panique, selon la presse de Birmingham. Villa était remonté en Premier League six mois plus tôt, mais luttait contre la relégation en hiver et était en quête de renforts pour son attaque. Il n’avait pas pu obtenir ses premiers choix et s’était rabattu sur la Belgique, sur Genk et Samatta, un des footballeurs sacrés champions avec l’équipe de Philippe Clement.

Le Tanzanien a saisi cette chance des deux mains et a signé un contrat de quatre ans. Ses compatriotes ont versé dans l’euphorie la plus totale. En l’espace d’une journée, la page Instagram d’Aston Villa a enregistré 150.000 abonnés supplémentaires. Samatta était le premier Tanzanien en Premier League et Dar es Salaam, sa ville natale, était dans tous ses états. Ce n’est pas étonnant puisqu’il n’était déjà que le troisième footballeur de son pays à rejoindre l’Europe, lors de son transfert à Genk et qu’en plus, il fait profiter sa communauté de l’argent qu’il gagne grâce au football. Samatta a notamment financé une mosquée dans le quartier où il a grandi et sa fondation s’occupe de jeunes et de leur scolarité.

Sa tête est apparue dans toutes les publicités et ses compatriotes ont suivi attentivement ses premiers pas réussis en Angleterre: un but contre Bournemouth dès ses débuts et un but de la tête à Wembley en finale de la League Cup. Manchester City n’en a pas moins gagné le trophée, mais Samatta s’est fait un nom. Samagoal a continué à marquer jusqu’au début de la pandémie, mais six mois plus tard, lors de la reprise de la Premier League, il n’a plus trouvé le chemin des filets, ce qui n’a pas empêché Villa de se sauver.

Samatta ne voulait pas partir, mais le club de Birmingham ne voulait plus de lui. Il a évalué sa première saison ainsi que sa politique de transferts et sa conclusion a été dure. Aston Villa a abandonné la piste belge empruntée après sa promotion. Lovre Kalinic, transféré de Gand en janvier 2019, avait déjà rejoint Toulouse et joue maintenant à Split. Björn Engels, arrivé de Reims en été, n’a quasiment pas joué pendant un an et est maintenant à l’Antwerp. Wesley, transféré l’été 2019 pour 25 millions et remplacé par Samatta après sa grave blessure au genou, a obtenu un crédit de temps pour se rétablir, mais doit maintenant retrouver rythme et confiance à Bruges. Un seul joueur a survécu au grand nettoyage: Marvelous Nakamba, également débarqué de Bruges. De janvier 2019 à janvier 2020, Aston Villa a dépensé pas moins de 53 millions sur le marché belge, à Genk, Gand et au Club, sans guère en obtenir de succès.

Samapay

Bref, le héros de la Tanzanie rêvait de concurrencer les autres attaquants en Angleterre, mais n’en a plus eu la possibilité. Dar es Salaam est tombé des nues. Après son transfert en Angleterre, on y avait même lancé une app payante, une firme coréenne avait fait de lui son visage. Samapay. Les matches de Villa étaient retransmis en direct et suivis avec enthousiasme. Le joueur a eu beau protester – il a appris son départ pendant ses vacances -, rien n’y a fait. Villa voulait récupérer une partie de son investissement. Il a été transféré à titre définitif pour six millions, quatre de moins que ce que Villa avait versé à Genk six mois plus tôt. « Je suis heureux de pouvoir continuer à jouer », avait-il déclaré, un peu hésitant, après son transfert en Turquie. Mais c’est à l’Antwerp qu’il va devoir retrouver ses sensations, car il n’a inscrit que cinq buts en Süper Lig l’espace d’une saison.

Samatta, qui a joué en Afrique, dans son pays puis au TP Mazembe congolais, jusqu’à 24 ans, est-il l’homme d’une saison, comme le pensent les Turcs? Il doit répondre à cette question à l’Antwerp. Il y retrouve une connaissance d’outre-Manche, Engels, qui retrouve son ancienne équipe, l’Olympiacos, la semaine prochaine en Coupe d’Europe. Et Samatta peut parler d’Istanbul avec Frey. Le 21 octobre, tous deux retourneront à Fenerbahçe dans le cadre de l’Europa League. L’occasion de régler leurs comptes. Sportifs, du moins.

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