Une congratulation non pas en guise de bonjour, comme nous en avons toujours eu l’habitude, mon cher Pierre, mais, cette fois, synonyme d’au-revoir puisqu’après 35 ans passés au service du magazine, l’heure est venue, pour toi, de faire valoir tes droits à la retraite. Quoique ce terme soit plutôt mal choisi, dans ton chef, puisque tu vas à présent t’investir à Sportspress, la coupole journalistique à laquelle appartient notre magazine.

Toi et moi avons travaillé pour la première fois de concert au printemps 1981. A l’époque, je venais tout juste d’entrer dans le métier, alors que toi, de ton côté, tu excipais déjà d’un long vécu dans notre profession. Avec le recul, je me suis souvent fait la réflexion que je n’aurais pu rêver de meilleur instructeur. Car je ne compte plus les précieux conseils dont tu m’as abreuvé.

Je me souviendrai à jamais de ton premier article pour notre magazine. Il s’intitulait Peur sur la ville, référence à la fois à l’objet de ton reportage, le Sporting Charleroi, qui filait alors du très mauvais coton en D2, et clin d’oeil aussi à un film dont JeanPaulBelmondo était la vedette.  » Untitre, çadoitinterpellerd’embléeetl’introdonnerl’enviedepoursuivrelalecture  » m’avais-tu dit comme première leçon. Et crois bien que tout au long de ces années communes, je me suis souvent régalé de ton inspiration sans bornes en la matière.

Indépendamment de ta plume, ce qui m’a également toujours marqué, chez toi, c’est ton extraordinaire ardeur au travail. Tu es même allé, un jour, jusqu’à sacrifier carrément ton réveillon du Nouvel An, histoire de passer la Saint-Sylvestre avec les joueurs anderlechtois, mis au vert dans leur lieu de retraite par leur entraîneur, TomislavIvic, avant un match de coupe de Belgique face à Waterschei, programmé le 3 janvier 1982. Une initiative qui n’avait pas vraiment eu l’effet escompté puisque les Mauves avaient été battus 3-1 au stade André Dumont.

Impossible est un mot, aussi, qui n’a jamais été répertorié dans ton dictionnaire personnel. Comme cette fois où tu t’étais rendu à l’improviste aux Etats-Unis avec l’espoir d’y rencontrer GregLeMond, victime d’un terrible accident de chasse le 25 avril 1987 et qui vivait reclus chez lui dans le Nevada. Un voyage dont tu n’étais pas rentré bredouille, obtenant une nouvelle exclusivité parmi tant d’autres.

Mais ce que je retiens par-dessus tout, Pierre, c’est ton sens de l’amitié et ta générosité. La preuve par ce maillot de l’un de tes Standardmen préférés, SimonTahamata, que tu m’as remis un jour, simplement pour me faire plaisir, sachant que je lui réserverais une place de choix dans mon armoire aux souvenirs. C’est le genre d’attention qu’on n’oublie jamais, bien sûr.

Désormais, Pierre, il faudra composer sans toi. Mais dis-toi bien que tu ne seras jamais très loin dans les pensées. Il m’incombe à présent d’assurer la pérennité de la présente rubrique, qui te tenait tant à coeur, puisqu’elle te donnait la possibilité de causer football avec l’un ou l’autre ancien. Gageons qu’en rencontrant ceux-là, ton nom tombera encore souvent dans la conversation. Car la trace que tu as laissée est et restera à tout jamais indélébile… ?

PAR BRUNO GOVERS

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