SALUT Raymond

Mon billet de cette semaine ne pouvait qu’être un hommage à RaymondGoethals, et ceci pour différentes raisons. Tout d’abord, il fut l’entraîneur belge le plus titré, reconnu à l’étranger, seul compatriote en tant que coach à avoir remporté la Ligue des Champions ; ensuite, il était encore à son âge régulièrement consulté pour donner son avis sur les événements du football actuel et ses propos étaient généralement pertinents ; et pour terminer, il restera toujours l’homme qui m’a lancé en D1 en 1981.

Raymond-la-Science est certainement la personne dans le football qui m’a le plus influencé tactiquement aussi bien en tant que joueur qu’en tant qu’entraîneur. Son approche de l’adversaire et ses explications m’ont interpellé dès l’aube de ma carrière et m’ont certainement influencé quant à l’envie de goûter au stress du coaching. Je ne vais pas faire l’injure au Sorcier de ressasser son palmarès qui, ces derniers jours, a déjà fait la Une de tous les journaux. J’avais juste envie de rendre hommage à Raymond en racontant quelques anecdotes que j’ai personnellement vécues et qui font partie du personnage avec un grand P.

Tout le monde savait que notre Raymond était un grand distrait et les joueurs du Standard en ont quelques fois profité pour lui faire quelques blagues toujours très gentilles. Tout simplement parce qu’ils aimaient bien leur coach. La première qui me vient à l’esprit, c’est Simon Tahamata qui l’avait imaginée. Il avait décidé d’aller chez le coiffeur à Boncelles pendant le cross prévu au programme. Quand il est revenu au vestiaire, au sein du groupe qu’il avait rejoint sur le chemin du retour, l’entraîneur a eu cette réflexion : ûGoed gelopen kleine ! (Bien couru, petit !).

Lors de mon premier déplacement à l’étranger avec le Standard, à Copenhague en Coupe d’été, Raymond avait oublié, par distraction, son sac à main sur le tapis roulant au contrôle d’embarquement. Obligé de faire demi-tour, afin de le récupérer, il rata le décollage et dut se résoudre à prendre l’avion du lendemain.

La troisième anecdote est peut-être la plus cocasse. Elle concerne encore une fois le petit Moluquois, certainement un des joueurs préférés de Raymond tout au long de sa carrière. Après le titre de 1982 et la finale de Barcelone, nous devions nous rendre à Casablanca afin de servir de sparring-partner à l’équipe nationale du Koweït qui préparait le Mondial en Espagne. Jos Daerden arriva à Zaventem sans son compère Simon qui, en réalité, était déguisé en cheik avec des lunettes noires. Les joueurs s’arrangèrent pour délivrer à Tahamata le siège voisin de Raymond qui appela l’hôtesse pour lui signifier que l’avion ne pouvait décoller car il manquait un joueur.

La demoiselle, qui avait été mise au parfum, refusa, et une demi-heure plus tard, Simon enleva ses lunettes et fixa son coach dans les yeux. Celui-ci le reconnut et tout l’avion éclata de rire ! Tout le monde connaissait la facilité avec laquelle Raymond écorchait les patronymes de tous les joueurs du monde entier. Contre Tbilissi, en demi-finale de la Coupe d’Europe, il se contenta de donner les numéros des adversaires tant leurs noms étaient imprononçables ! Tout cela faisait aussi son charme et c’est aussi pour cela qu’on l’aimait bien Raymond ! Salut l’artiste !

Étienne Delangre

Pas question que l’avion décolle SANS TAHAMATA

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