SALUT LIEUTENANT

Il n’a commencé à jouer au basket organisé qu’à l’âge de 16 ans mais les Chicago Bulls ont décidé de ne plus attribuer le maillot 33.

Ne dites plus 33… Le célèbre maillot de ScottiePippen vient d’être retiré de la circulation par les Chicago Bulls. Il est désormais suspendu aux chevrons de l’United Center aux côtés de ceux de MichaelJordan (numéro 23), BobLove (10) et JerrySloan (4) et des bannières portant les noms des deux pièces maîtresses des Bulls de la grande époque : Phil Jackson (entraîneur) et Jerry Krause (manager). Personne ne portera jamais plus le numéro 33.

En s’adressant aux 22.000 spectateurs qui ont assisté à la cérémonie vendredi dernier à la mi-temps du match contre Los Angeles, le Pip a pour une fois laissé transparaître de l’émotion en confiant d’une voix tremblante :  » Vous avez toutes et tous fait partie intégrante de ma vie et de ma carrière et je vous en remercie. Sachez que vous resterez toujours dans mes pensées et dans mon c£ur « .

De nombreux coéquipiers s’étaient déplacés : Horace Grant, DennisRodman, ToniKukoc… de même que plusieurs anciens entraîneurs dont par la force des choses Phil Jackson, mentor des Lakers. Ce dernier en a profité pour mettre en exergue la mentalité exemplaire de son joueur et son sens de l’altruisme avant de passer le micro à la divinité locale, Michael Jordan, qui a partagé 10 saisons avec Pippen.  » C’est mon pote et je l’aime comme un frère « , a-t-il ponctué après l’avoir remercié pour son aide et son soutien. D’autres personnalités se sont exprimées par le biais de la vidéo. Des témoignages émouvants. Parfois humoristiques aussi comme celui de CharlesBarkley qui, après avoir mis en exergue les qualités sportives de Pippen, a osé cette suggestion à Michael Jordan :  » Si j’étais toi, je me mettrais à quatre pattes et j’embrasserais le parquet foulé par Pip !  » Une référence claire aux immenses services rendus par l’équipier modèle, le fidèle lieutenant.

Un chat en compagnie d’un tigre

Un rôle que le jubilaire n’a jamais contesté. Quatre jours plus tôt, avant le match contre Dallas, Pippen s’était adressé aux journalistes pour dresser le bilan de sa carrière :  » J’aimerais qu’on se souvienne de moi comme d’un grand basketteur qui joua aux côtés du meilleur joueur de l’histoire. J’étais un chat en compagnie d’un tigre, mais je pense qu’au fil du temps, j’ai moi aussi montré mes griffes. Je pense avoir été un joueur complet, intense et généreux « .

L’auto-analyse est bonne, mais trop modeste. Selon ScottSkiles, l’actuel entraîneur des Bulls, Scottie Pippen (qui fut sa voix de la raison au cours de la saison 2003-2004) n’a rien fait de moins que de révolutionner la position de small forward grâce à ses qualités de manieur de ballon, de marqueur et de défenseur.  » Je pense qu’il y a désormais un rôle sur le terrain qui devrait porter son nom. Scottie savait tout faire d’un bout à l’autre du terrain « .

Rien pourtant ne destinait le joueur à devenir un des 50 meilleurs basketteurs de la NBA de tous les temps, un honneur qui lui fut décerné en 96. Né à Hamburg… dans l’Arkansas, Pippen n’a commencé à jouer au basket organisé qu’à l’âge de 16 ans. Au contraire de la grande majorité de ses collègues, il n’a pas profité d’une bourse d’études pour intégrer l’université. Lors de la première année à l’University of Central Arkansas, il ne figure même pas dans l’équipe dont il devint le manager. Trois ans plus tard par contre, il termine son année senior avec une moyenne par match de 23,6 points et 10 rebonds. Enrôlé par les Seattle Supersonics en 87 (5e choix du premier tour), il est immédiatement acquis par Chicago. Sa première saison chez les Bulls, il la passe sur le banc. Ce n’est qu’au milieu du deuxième exercice qu’il se révèle.

Le reste n’est plus qu’une longue accumulation de chiffres mirobolants, une collection de records, une succession de titres et d’honneurs : 17 saisons en NBA (11 à Chicago, 1 à Houston, 4 à Portland et 1 de nouveau à Chicago), 6 titres nationaux avec les Bulls (91, 92, 93, 96, 97 et 98), 18.940 points inscrits (40e en NBA – 2e à Chicago) en 1.178 matches, soit une moyenne de 16,07 points (6,4 rebonds, 5,2 assists), 7 sélections dans l’équipe All-Star (MVP en 94), deux fois médaillé d’or avec la sélection olympique…

Sportivement, les chiffres et les distinctions sont certes importants mais, d’un point de vue humain, ils ne représentent pas grand-chose. Pippen s’est dit plus touché encore par l’avis de ses pairs qui, à une grande majorité, l’ont élu meilleur équipier qu’il leur ait été donné de côtoyer. C’est beau.

BERNARD GEENEN

SES PAIRS L’ONT ÉLU MEILLEUR ÉQUIPIER QU’IL LEUR AIT ÉTÉ DONNÉ DE CôTOYER. C’EST BEAU

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