Salut Bart!

Le médian anderlechtois a pris congé des terrains belges : sa dernière semaine.

Lundi : Footballeur Pro

« Nous avions entraînement le matin. Après des emplettes avec ma femme, j’ai été manger avec Yves Vanderhaeghe avant d’aller au Footballeur Pro de l’Année. J’étais chez moi à deux heures du matin. C’est honnête, car samedi, nous avions fait la fête tard et nous devons nous lever tôt pour le premier biberon de Robbe« .

Quatrième au Soulier d’Or, troisième au Footballeur Pro, que préfère-t-il? « Le premier prix est décerné par les journalistes, l’autre par les joueurs. Ils sont tous deux importants. Le Soulier d’Or est un rien plus médiatique, il est peut-être plus important pour votre aura, mais un footballeur apprécie un rien plus le second. J’étais surpris d’être parmi les trois premiers. Je pensais à Radzinski, à Yves, à Koller, à Baseggio, pas à moi ».

Mardi : déménagement

« Entraînement le matin, avant de régler tous les problèmes. C’est fou ce qu’un transfert à l’étranger en entraîne. Je suis en stage avec l’équipe nationale juste avant mon départ en vacances. Tout doit donc être réglé avant le 23 mai. La veille, je serai à Berlin pour la conférence de presse. Je dois trouver une maison. Le club a sélectionné quelques maisons, j’ai surfé sur Internet mais ce n’est pas évident: on y montre peu de photos et elles ne sont pas terribles. Il faut un GSM, un téléphone, une maison, des nouveaux meubles, il y a encore la paperasse. Je veux quelque chose de beau. Pas d’appartement. Eventuellement un penthouse mais ils sont rares. J’aimerais habiter dans la nature, au bord d’un lac. Notre deuxième enfant naîtra fin novembre. Il paraît que les maternités allemandes sont nettement meilleures que les belges mais l’essentiel est que ma femme se sente bien. Je préfère qu’elle accouche à Berlin mais c’est elle qui décidera ».

Il ne parle pas allemand. « Je m’exprimerai en anglais. Je ne parlerai allemand qu’une fois sûr de bien le manier. Je ne veux pas avoir l’air bête. Ici non plus, je ne donne jamais d’interview en français, alors que je le comprends. Ah si, une fois. La cata et… on ne l’a pas passée ».

Mercredi : relations publiques

« La matinée est consacrée au golf. Je dois encore passer mon brevet d’aptitude. Jusqu’à présent, je me suis entraîné sur le practice. C’est à deux minutes de chez moi. J’en trouverai certainement un à Berlin. Le golf m’offre une détente incroyable, dans un beau cadre. C’est pour ça que j’aime tant ce sport. Je dois passer à la banque avant de me présenter au Sporting. Nous disputons un match à Tongres. Une pure obligation de relations publiques. En plus, nous avons joué à l’heure de la finale UEFA. Nous n’en avons vu que le golden goal. Vers minuit, j’étais à la maison ».

Transféré de Geel à Genk pour 5 millions, puis à Anderlecht pour 55, Goor en vaut maintenant 250. Ça ne l’effraie pas : « Libre et donc gratuit, Sven Vermant est autant que moi sous pression. Ça n’a rien à voir avec le montant du transfert. Il faut faire ses preuves quand on débarque dans un club ». Au début de la saison, il a prolongé son bail à Anderlecht jusqu’en 2005: « J’ai obtenu un contrat digne de mes prestations. Je l’ai signé parce que je me sentais bien au Sporting mais je n’ai jamais dit que je n’envisagerai plus d’autre transfert ».

Geert De Vlieger, son coéquipier en équipe nationale, a déclaré que le nombre de gens qui tentaient de réaliser un transfert était effrayant. Goor réfléchit un bref instant : « Non, ça n’arrive qu’une fois. Ensuite, on devient plus sceptique. J’ai connu ça une fois cette année, avec un autre club que Hertha. Tout devait être réglé en cinq jours. Mais rien n’était décidé. Je pense que Gert Verheyen est dans ce cas ».

Fin décembre, il a quitté son manager. Combien d’autres l’ont-ils appelé? « Vraiment beaucoup. J’ai choisi l’homme du moment: Didier Frenay. Je voulais aller à Berlin. Le joueur est libre de son choix. Même si Verschueren est d’accord avec Fulham, Jan Koller n’est pas obligé de signer, par exemple ».

Jeudi : tour final

« Entraînement le matin. Cette semaine, ce ne sont plus que des séances d’entretien: beaucoup de petits matches, de détente, pas de travail physique. Notre victoire à Bruges nous a délestés de toute pression. Nous avons beaucoup joué, tout le monde pense aux vacances mais nous rechargeons quand même les accus pour les matches contre la Lettonie et St-Marin. Aujourd’hui, j’ai réglé pas mal d’affaires personnelles. Berlin m’a envoyé quelques fax. Le soir, j’assiste à Geel-Turnhout. Turnhout est meilleur à la finition. C’est étrange. Un tel match me mettrait en difficulté. Un joueur comme moi s’appuie sur l’équipe. Il ne s’agit pas de fausse modestie car je sais ce que je vaux, c’est la réalité. Mon expérience m’a appris qu’évoluer au top était plus facile ».

Vendredi : examen de golf

Bart doit annuler une interview avec Vermant car il n’a pas le temps. « Nous l’avons faite par téléphone ». La suite du programme: réception à l’hôtel de ville, entraînement, examen de golf. Réussi. Il doit encore passer le théorique, sur les règles du jeu et l’étiquette. « Ce que j’apprécie également en golf, c’est que c’est un sport individuel. En football, je dépends toujours des autres. Déterminer moi-même un résultat est chouette. Ma femme sait que j’ai besoin de cette détente. Il faut avoir des centres d’intérêt en dehors du foot et je ne peux pas rester tout le temps à la maison. Beaucoup d’hommes d’affaires sont souvent absents et pratiquent le golf. Ça revient au même ».

Veut-il améliorer rapidement son handicap? « Oui, mais pour cela, il faut disputer des compétitions. Ce n’est pas mon objectif. Evidemment, un sportif veut toujours gagner ».

Constant Vanden Stock prononcera un discours d’adieu en son honneur. « Je trouve ça formidable qu’une telle personnalité vous remercie. Je ne peux rêver plus bel adieu: deux titres, la campagne européenne et cette marque de respect… sans oublier les supporters ».

Samedi : demandes de supporters

Le dernier entraînement de la semaine draine du monde. Les supporters veulent un dernier autographe des joueurs qui vont partir. Beaucoup lui souhaitent bonne chance en Allemagne. Une dernière photo, une corbeille de bière, cadeau du club de supporters de Denderleeuw. Un supporter a une demande particulière: ne voudrait-il pas dire quelques mots pour son oncle, face à une caméra amateur? Il s’exécute avec professionnalisme. Quelle a été la demande la plus incongrue? « D’apparaître à un mariage, en guise de surprise. Je n’ai pas accepté parce que si on commence, ça n’arrête plus ». Bart Goor passe chez ses parents et règle quelques formalités. Mais il n’a pas envie de laver sa voiture. Par contre, il va regarder le télétexte, pour avoir des nouvelles de Berlin. Il jouera en Coupe UEFA l’an prochain.

Dimanche : souvenirs à Alost

Il est au club à dix heures. « C’est tôt mais bon. Après le match, nous irons boire un verre, je suppose ». Lundi soir, les joueurs ont rendez-vous au Comme Chez Soi. C’est là qu’auront lieu ses adieux. C’est le moment des bilans. Se souvient-il de ses débuts? « Je ne les oublierai jamais! C’était avec Genk, à Lokeren. J’étais arrière gauche. On m’a remplacé à la mi-temps. Je n’avais pas été bon. Par nervosité? Je ne pense pas. Mon début à Anderlecht n’a pas été brillant non plus. Notre match contre l’Antwerp a été remis et nous avons été battus par le RWDM. Nous avons connu une période épouvantable sous Vandereycken. Deux débuts désastreux, ça promettait! »

Son plus beau match en D1? « A Genk, la victoire contre Anderlecht: menés 0-2, nous sommes revenus et nous avons marqué le but de la victoire à la dernière minute. C’est mon plus beau souvenir en championnat. En Coupe d’Europe, c’est le match à Madrid. Je l’ai savouré, même s’il fut difficile. Nous n’avons pas mal joué mais c’est dans ce genre de matches qu’on comprend qu’un Belge a intérêt à rester les deux pieds sur terre. On saisit pourquoi le Real a disputé autant de finales de Ligue des Champions, que sa vitrine est remplie de trophées. Il recèle tant de talents… C’est terrible ».

Son pire souvenir? « Deux matches à Westerlo: un 6-0 et un 5-0. Et le mauvais début d’Anderlecht, quand on remettait tout en question: la direction, l’entraîneur, les transferts, la valeur de l’équipe. On juge trop vite. J’ai vécu la même situation en équipe nationale. Une équipe quasi identique a connu des résultats radicalement différents. En football, un brin de confiance peut tout changer. J’en ai tiré une leçon: conserver ma confiance en moi-même. Ne jamais douter, même si ce sentiment est normal quand ça ne va pas. On est trop sévère à l’égard du football belge. Nous sommes capables de tenir la dragée haute à n’importe qui, à condition de changer notre mentalité. Quand je vois la façon dont certains galvaudent leur talent faute de travail… Les clubs étrangers convoitent les joueurs belges. Ça veut dire quelque chose, quand même? Anderlecht est champion avec un nombre incroyable de points parce qu’il aligne une belle brochette de talents. Le niveau d’autres formations a baissé, en revanche, mais que pouvons-nous y faire? Il y a trop d’équipes pour qu’elles puissent toutes aligner un très bon onze. Mais cinq, six, sept équipes atteignent un niveau élevé ».

Son plus beau but? « Celui que j’ai inscrit en Ligue des Champions. C’était mon premier but, lors du dernier match, contre le Real. Mais chaque but est beau ». Alost-Anderlecht s’est achevé sur le score de 1-5. Bart Goor a marqué. Il quitte le championnat de Belgique en beauté.

Peter T’Kint

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire