Saint-Denis et déco

Vous venez d’acheter une villa à Embourg. Comptez-vous rester en Belgique après votre carrière?

Liviu Ciobotariu (31 ans, Mons): On verra! Je suis lié à Mons pour deux saisons et j’espère jouer encore quatre ans au moins. Au libéro, c’est possible, surtout que jusqu’à présent, je n’ai jamais eu de blessure grave. Nous n’avons eu qu’un mois pour déménager. Nous habitons ici depuis trois ans et je ne voulais pas désorienter mes enfants. Cosmin (neuf ans) a commencé l’école primaire ici. Denis (quatre ans et demi) est tellement petit qu’il considère la Belgique comme son pays. Ensemble, quand ils jouent, ils parlent même français! Carmen et moi en rions. Et une fois, en Roumanie, Denis a demandé quand on rentrait chez nous: alors que nous étions dans notre famille. éa, c’était plus gênant. Ceci dit, j’aime la tranquillité d’Embourget la qualité de ses écoles.

Votre français est impeccable. Le parliez-vous avant votre arrivée au Standard?

(Il sourit) Merci! Non, Carmen et moi l’avons appris à notre arrivée. N’est-ce pas la moindre des choses?

Quels sont vos loisirs?

Ma femme et mes enfants sont toute ma vie. Je préfère rester en famille. Je ne sors guère. Parfois avec l’équipe, c’est tout. Le sport est mon second truc, après la famille: même si la télé propose cinq matches, je les regarde tous et Carmen râle. Pendant la Coupe du Monde, j’étais vissé à mon écran de sept heures du matin jusqu’à l’ultime minute du troisième match. Je surfe sur Internet, pour lire les journaux roumains. Le foot, pas la politique! J’ai aussi toute la collection de Sport/Foot Magazine.

Denis n’est pas un prénom roumain…

Non. Carmen a accouché pendant le Mondial 1998, le jour d’un match de la Roumanie, que nous disputions au stade de France qui est à St-Denis. Voilà…

Quelle éducation souhaitez-vous donner à vos fils?

Je suis un gagneur et j’essaie de faire passer le message, même si, en fin de compte, tout dépendra de leur personnalité. Nous avons nous-mêmes reçu une éducation stricte. Le système scolaire belge est intéressant. Je suis heureux qu’ils soient bilingues. Cosmin a peiné, durant sa première année, mais il a réussi. C’est bon signe: il a du caractère. Nous essayons d’entreprendre beaucoup de choses avec les enfants. En été, nous les emmenons au parc, à Spa, où des espaces de jeux leur sont réservés aux terrasses. Nous sommes allés à la Reid, à Six Flags…

Etes-vous croyant?

Carmen et moi sommes orthodoxes, comme nos enfants. Notre religion n’est pas très différente du catholicisme et il nous arrive d’aller à la messe ici aussi. En fait, il y a juste plus de rites, de cérémoniaux chez nous,notamment lors des mariages. Et les jeunes restent debout pendant l’office: il n’y a de chaises que pour les personnes âgées.

Comment évolue la Roumanie?

Certains n’ont pas bien compris la démocratie. Nous sommes passés de la dictature de Ceaucescu à la liberté totale et au chaos. Avant, il n’y avait pas de chômage. Il est difficile de parler du passé aux enfants. Ils demandent parfois: -Ceaucescu, c’était un méchant? C’est difficile à expliquer. Nous sommes heureux que cette époque soit révolue, même si nous faisons partie d’une génération sacrifiée. La Roumanie est un pays magnifique. Elle a la mer et la montagne, de belles églises, mais elle reste méconnue sur le plan touristique.

Y passez-vous vos vacances?

Nous y retournons à la Noël. éa fera un an. C’est long, surtout pour nos parents: nous leur racontons l’évolution des enfants mais ils aimeraient la vivre de plus près. Cet été, je n’ai pas osé m’éloigner avant que mon transfert ne soit entériné. Et puis, Deauville n’est qu’à quatre heures de route: dès que j’ai signé, nous sommes partis, pour une petite semaine, juste avant le début du stage. Le temps n’était pas au beau fixe, malheureusement…

Comment avez-vous fait la connaissance de Carmen?

Au Progressul, il y a 11 ans. Elle faisait partie de l’équipe de handball.

Comment la décririez-vous?

Elle est dynamique. Du signe du Lion, vous voyez… Moi, je suis Bélier. Apparemment, les deux signes vont bien ensemble. Je suis amoureux d’elle et fier de nos enfants. Quand ça ne va pas au foot, je puise ma consolation dans ma famille.

Avez-vous fait des études?

Dix ans de lycée avant de me tourner vers le football. Je n’étais pas un élève très brillant. Le football me laissait peu de temps et me fatiguait.

A quel niveau avez-vous joué handball?

Carmen Mogaldea (32 ans): En D1 mais j’ai dû effectuer un choix: le handball, ce n’est pas le foot! J’ai préféré achever mes études. Les examens étaient très difficiles: après la médecine et les maths, l’option commerce-comptabilité est la plus forte. Malheureusement, je n’ai pas poursuivi au collège -votre université-, ce qui m’aurait permis d’être avocate: il fallait apprendre les lois, les discours de Ceaucescu par coeur… Je reste toutefois sportive: vous voyez le vélo, dans la véranda, et je fréquente le centre de fitness deux ou trois fois par semaine. J’ai besoin de mouvement.

Vous intéressez-vous au football?

Depuis mon mariage. Gamine, je jouais dans la rue. En Roumanie, Liviu gagnait presque toujours quand j’assistais aux matches et il a gagné un derby le jour de notre mariage civil: je lui porte chance! Le suivre est pour le moment plus difficile, à cause des enfants, et ça me manque.

Sans famille pour vous épauler, ça ne doit pas être évident?

Non. Un exemple: Cosmin a été atteint d’un grave mal de gorge et a été hospitalisé trois jours. Je suis restée avec lui. Heureusement, mes beaux-parents nous rendaient justement visite. Sinon, qu’aurais-je fait? Sortir est difficile: nos garçons sont plutôt… dynamiques. Regardez dans quel état ils reviennent de l’école: Cosmin emmène toujours son ballon. Heureusement, nous avons nos adresses de restaurants sympathiques, car nous serions gênés qu’ils importunent les autres convives. J’attends Cosmin à la sortie de l’école: quand je pense à ce bébé de dix jours violé, au petit Jakob tué en Allemagne… Les enfants ne peuvent plus vivre leur jeunesse.

Quels sont vos loisirs?

Le shopping… comme toutes les femmes, non? Liviu en attrape des frissons. Pourtant, de toutes les femmes interrogées, je pense que deux seulement n’aimaient pas le shopping. Il aime aussi être bien habillé mais il n’a pas la patience de chercher: je lui achète même ses pantalons et ses chaussures. J’ai mes habitudes dans certains magasins et on accepte de me prêter une chaussure pour qu’il l’essaie. Pour son anniversaire, je lui offre un ensemble. Il m’a fait un superbe cadeau: un cabriolet Peugeot 206! J’aime aussi le cinéma mais j’y vais avec les enfants. Je peux vous raconter tous les dessins animés récemment sortis! Seule, j’écoute de la musique. Le genre dépend de mon humeur: quand je ne suis pas bien éveillée, je mets quelque chose de calme.

Parlez-nous de Liviu

Il est magnifique! Compréhensif, chaleureux, très fort. J’ai admiré sa force de caractère lorsqu’il a traversé tous ces moments difficiles. Il ne ramène pas ses problèmes à la maison. Il me répétait: -Je me prépare, c’est pour moi. Je veux prouver que je suis toujours le même. Il est très sérieux. C’est l’homme idéal. Je remercie Dieu d’être tombée sur lui. Il aime la stabilité. Il ne m’adresse jamais de reproches, je fais ce que je veux. Il a peut-être été macho dans sa jeunesse mais il ne l’est certainement pas avec moi. En fait, c’est comme si nous étions toujours dans notre première année de mariage!

Vous aménagez la maison seule?

Liviu a détapissé deux chambres, pendant ses congés. Nous avions dit que nous ne changerions pas grand-chose mais en fin de compte… (Liviu: Avec elle, ça n’arrête jamais, c’est une vraie décoratrice…) Nous n’avons que le strict minimum, pour l’instant. J’aime le moderne: le rez-de-chaussée est dans la même gamme: rouge, noir, blanc avec des pavés d’un beige chaud. Des couleurs différentes d’une pièce à l’autre choqueraient l’oeil, surtout qu’il n’y a pas de porte entre la cuisine et le living. En revanche, chaque chambre a son style. C’est moi qui choisis: si je dois attendre Liviu… Il n’a pas le temps. C’était la même chose en Roumanie: notre maison y est plus vaste. C’est une nouvelle construction, à Bucarest. Elle était à peine achevée que Liviu a été transféré au Standard. Il reste du travail là aussi, donc.

Pascale Piérard

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire