Saga d’Islande

Arrivé en novembre, aligné en janvier, l’attaquant s’inscrit dans la tradition islandaise de Lokeren.

Son nom claque comme un patronyme de polar islandais à la mode, type Indridason ou Thorarison. A moins qu’il ne réveille les souvenirs de ces sagas inventées au 10e siècle par Snorri Sturluson. Il fait naître des images de froid polaire, de geyser, d’elfes et d’aurores boréales. Son nom : Alfred Finnbogason. A Lokeren, il s’inscrit également dans une vieille tradition de footballeurs islandais, ces îliens inconnus qui ont écrit les belles pages du club waeslandien. Pour marcher dans les pas de ses aînés, Runar Kristinsson, Arnar Vidarsson, Arnar Gretarsson ou Marel Baldvinsson, Alfred Finnbogason a pris des conseils auprès d’eux. Ayant joué avec Gretarsson et Baldvinsson à Breidablik, il s’est donc renseigné à la source.  » Quand ils ont su que j’étais suivi par Lokeren, ils se sont montrés très enthousiastes. En Islande, je n’ai entendu que des louanges sur ce club « , explique le nouveau buteur waeslandien.

L’histoire commence dans un club de sports de la cité de Kopavogur, à Breidablik qui, en islandais, signifie  » maison de Baldr « , dieu fameux de la mythologie locale. C’est là que Finnbogason, issu de l’école des jeunes, débuta en D1. Sa passion du football date de sa jeunesse en Ecosse, lorsque son père étudia deux ans à l’université d’Edimbourg. De cette époque, il a ramené un amour immodéré pour Hibernian, le club de la ville, et une première expérience footballistique dans la meilleure école de jeunes de la région, à Hutchison Vale.

En 2009, sa première saison réussie le conduit au titre d’Espoir de l’année, grâce à ses 13 buts. Cela lui vaut une première touche avec la Belgique puisqu’il passe un test à Genk avant d’en faire autant au Viking Stavanger en Norvège et à Blackpool en Angleterre. Résultat : trop léger et retour au pays. Mais il n’y restera juste une saison… le temps de marquer le football islandais et d’offrir le premier titre de son histoire à Breidablik.  » Personne ne s’attendait à ce qu’on gagne le championnat mais on a surpris la nation entière.  » En février, il est repris pour la première fois en équipe nationale contre les Iles Féroé et en octobre, il fête sa première sélection et son premier but contre Israël.

C’est donc avec une couronne de champion, le titre de meilleur buteur de la compétition (14 buts) et celui de joueur de l’année qu’il décroche enfin son transfert. Ce sera Lokeren.  » C’est Kristinsson qui nous l’a conseillé. Lorsque nous lui avons demandé quelques noms, il a directement parlé de Finnbogason. Nous l’avons suivi plusieurs fois « , explique le directeur technique, Willy Reynders.

 » Numéro dix moderne mais en plus dangereux « 

En novembre, le deal est conclu. A 21 ans, Finnbogason peut découvrir le football professionnel.  » Le niveau est bien meilleur qu’en Islande mais j’ai le temps de m’adapter « , lâcha-t-il lors de sa première interview. Car, Lokeren avait prévu de ne pas brusquer les choses. Attiré au Daknam fin novembre, Finnbogason, qui n’était pas sélectionnable avant la trêve, reçut un mois et demi pour parfaire son rythme et s’adapter à son nouveau port d’attache.  » Au début, il a éprouvé certaines difficultés à suivre le rythme « , raconte Rudy Cossey, entraîneur adjoint à Lokeren,  » Il a surtout regardé les autres et s’est distingué par une énorme volonté d’apprendre. Un peu comme tous les Islandais, il dispose d’une excellente mentalité. Il veut retenir les conseils qu’on lui donne et essaie de les appliquer. En un mois, il avait énormément progressé. Lorsqu’il est arrivé, il n’aurait pas pu prétendre à une place dans le onze mais après la trêve, il s’agissait déjà d’un autre joueur. Il faut dire qu’on a connu cela avec pratiquement tous nos Islandais. Ils s’adaptent à une vitesse folle ! En deux mois, Finnbogason parlait déjà le néerlandais.  »

Profitant des blessures et suspensions, Finnbogason entrait au jeu contre La Gantoise (8 minutes), Eupen (12), Germinal Beerschot (25 minutes et un raid de 60 mètres échouant face à Thomas Kaminski) avant de fêter sa première titularisation face à Charleroi. Premier but et rebelote une semaine plus tard à Bruges.  » On peut déjà dire qu’il apporte beaucoup « , analyse Cossey.  » Peter Maes l’a d’abord lancé sur le flanc gauche mais il avait tendance à trop s’attacher à son travail défensif. Finalement, c’est en soutien de l’attaquant qu’il est plus productif. Il a le sens du but et il cherche les espaces libres. Cette position lui convient parfaitement.  »

A 21 ans, l’Islandais dispose d’un beau bagage : vista, technique, jeu propre et soigné. Cossey :  » C’est un numéro dix moderne mais en plus dangereux. Il a besoin de se libérer mais quand il reçoit de l’espace, il est capable de faire mal. « 

PAR STÉPHANE VANDE VELDE – PHOTO: IMAGEGLOBE

 » En deux mois,il parlait déjà le néerlandais.  » (Rudy Cossey)

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