Sa grand-mère a souffert dans les goulags, son grand-père a été tué par les communistes

A Târgu Mures, deux peuples, les Roumains et les Hongrois, se croisent et se complètent comme cela peut se voir dans l’architecture de certaines grandes réalisations. Les beaux bâtiments ne se comptent pas. Mais on ne peut pas comprendre l’âme de la Transylvanie, vaste région de la Roumanie centrale bordée par les montagnes Carpates orientales et méridionales, sans plonger son nez dans un livre d’histoire. Les événements orchestrés par les hommes, les dominations et les régimes politiques y ont souvent marqué les mentalités et les destins.

Ce pan important de l’Europe orientale a régulièrement été victime de marchandages entre les grandes puissances. La fierté de Laszlo Bölöni pour ses racines hongroises donne une idée de la complexité, des richesses et des motivations d’un personnage marqué par ses racines.

La Transylvanie a longtemps été attachée à l’Autriche-Hongrie. En 1918, suite à la défaite de l’empire des Habsbourg et de leurs alliés lors du Premier conflit mondial, les Roumains de Transylvanie réclament le rattachement de leur région à la Roumanie et l’obtiennent officiellement à l’issue du Traité de Trianon signé en 1920. D’autres pans austro-hongrois furent offerts à l’ex-Tchécoslovaquie ou à l’ancienne Yougoslavie. Plus tard, après la Deuxième Guerre mondiale, la Roumanie se retrouve dans la zone d’influence de l’Union soviétique, derrière le Rideau de fer, et de larges couches de la population magyare quittent la Transylvanie. Elles se fixent en Hongrie ou subissent de plein fouet les sévices du pouvoir communiste en place à Bucarest.

L’équilibre entre les deux grandes populations de Transylvanie est rompu et les Hongrois deviennent une minorité.  » Ma grand-mère était très solide et a eu une longue vie malgré les quelques années passées dans les goulags « , a dit un jour Bölöni.

Des amis du coach du Standard nous ont affirmé que son grand-père avait dû quitter Târgu Mures pour se fixer à une trentaine de kilomètres de là, à Târnâveni, où la famille avait une maison :  » Un jour, on l’a retrouvé mort. Les communistes étaient passés par là. « 

Ce récit fait penser au grand livre d’un romancier roumain : La 25ème heure. Virgil Gheorghiu raconte l’histoire de Iohann Moritz, un paysan roumain, qui est arrêté car on le croit juif. Une série de malentendus le mène de camp en camp, pendant treize ans. Il est successivement arrêté en tant que Roumain, Allemand, Hongrois, et même SS. La déshumanisation de l’individu est totale : Moritz n’est plus qu’un numéro parmi tant d’autres. Ce chef d’£uvre met en évidence l’absurdité de la guerre et de ses mécanismes implacables.

Bölöni n’est pas Moritz, car il a toujours été plus fort que la machine communiste à broyer les caractères. Mais les épreuves vécues par ses proches et le poids de l’histoire ont probablement façonné son caractère et son humour. Les conditions de vie étaient éprouvantes, à l’image de celles décrites par Gheorghiu dans un autre de ses romans écrits en 1956 après la révolution hongroise noyée dans le sang par les tanks du Pacte de Varsovie : Les sacrifiés du Danube.

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