S’entendre comme larrons en Foire du Livre

Ceux qui souffrent d’une brique dans le ventre sont à Batibouw, mais ceux chez qui la lecture noue les tripes seront à la Foire du Livre, ouverte de demain à lundi sur le site de Tour & Taxis. Allez-y, sur des milliers de livres présentés, vous trouverez forcément du ballon rond en bouquins : si, si, le foot se lit, et le papier doit demeurer notre ami,… à commencer par Foot Mag ! Et puisque  » lire, c’est boire et manger  » ( Victor Hugo), voici ce que fut ma pitance de ces derniers mois…

F.C. Delius, Le dimanche où je suis devenu champion du monde, Fayard 2008. C’est le récit d’une enfance. Un dimanche de 1954, au fin fond de la Hesse rurale, le gamin d’un pasteur protestant trépigne à l’idée de pouvoir suivre à la radio la finale de la Coupe du Monde, opposant son Allemagne renaissante à la grande Hongrie favorite. Dans son âme de gosse, toute la puissance libératrice du football fait contrepoids à l’incompréhensible rigidité de son éducation religieuse. Livre-régal, mais aussi témoignage de ce que fut au foot, avant la télé, l’apport mythique de la radiodiffusion.

P. Van Himst, Confidences, Luc Pire, 2010. Pour ceux qui, comme moi, étaient gamins admirateurs de Polleke sur terrain, c’est retomber en enfance, en madeleine, en paradis perdu. Pour les plus jeunes, la bio est instructive d’une époque où un footballeur belge pouvait être à la fois grand d’Europe, fidèle à son club belge, adulé mais humble, star discrète à mille lieues de la pipolisation 2010…

P. Boniface, Pourquoi tant de haines ? Editions du moment, 2010. L’auteur n’excuse pas ici la désormais célébrissime main d’ Henry, mais stigmatise le tsunami médiatique qui en résulta en France, où toute l’intelligentsia se découvrit soudain des compétences en foot pour condamner le foot : lequel ne mérite ni cet excès d’honneur, ni cette indignité !

Ph. Schaffhauser, Football et philosophie, L’Harmattan, 2008. Cela m’est apparu à côté de la plaque, je n’y ai pas vu beaucoup de philosophie, faut croire qu’elle et moi ne jouons pas dans la même division… L’intérêt est davantage historique, et réside dans les nombreuses notes en bas de page, qui refilent de précieuses précisions sur les circonstances de création, parfois insolites, des clubs de foot à travers le monde.

B.S. Johnson, Les malchanceux, Quidam, 2009. Pour les plus littéraires d’entre les footeux… qui cherchent un bol d’air en s’éloignant du foot ! Comme le narrateur-journaliste, un peu blasé, qui débarque à Nottingham pour couvrir son match, mais s’en désintéresse vite pour se rappeler un pote décédé ayant jadis vécu dans la ville (pêle-mêle, les chapitres sont des feuillets lisibles dans n’importe quel ordre). Réédition de 1969 d’un auteur alors novateur, le livre restitue le climat général de l’Angleterre des sixties, plus que celui du foot en particulier : mais il peut secouer tout qui rentre dans le personnage…

D. Müller, Le football, ses dieux et ses démons. Menaces et atouts d’un jeu déréglé, Labor et Fides, 2008. Erudit et complet. Faut pas tout lire d’une traite mais butiner lentement, en prenant même des notes, parmi tous ces chapitres consacrés aux multiples facettes du foot : l’histoire, les règles, la violence, le foot féminin, l’éthique, le chauvinisme, la mondialisation du business, l’arbitre, la triche… Une somme. Une bible du foot pour l’aimer malin.

F. Paronuzzi, Terrains minés, Thierry Magnier, 2010. Dix nouvelles qui parcourent le monde, ses cultures ou ses régimes politiques, avec le foot pour dénominateur commun. Dix courtes histoires en principe écrites pour sensibiliser de grands ados à l’injustice, l’intolérance ou la violence,… mais nous sommes tous de grands ados si nous aimons le foot !

C. Montaignac, Petit traité de la connerie des sportifs et autres concernés, Prolongations, 2009. L’auteur fut durant plus de trente ans grand reporter du journal L’Equipe et chroniqueur talentueux. Via quelque 100 mots-clés sous forme d’abécédaire, il offre ici et par le biais du sport sa définition de la connerie : Montaignac s’affiche en vieux râleur ricanant des excès d’aujourd’hui, les opposant à ce que fut pour lui l’Age d’Or du sport… du temps qu’il était jeune et beau ! Mais c’est bourré de dérision, et écrit avec une telle plume que le pépé ronchon ne cesse jamais d’être passionnant. Un bonheur.l

par bernard jeunejean

« Si, si, le foot se lit, et le papier doit demeurer notre ami,… à commencer par Foot Mag ! »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire