S’ADAPTER ou mourir

Le Camerounais du Club n’a pas oublié un certain derby à Salonique en 2005.

S’il purge toujours une suspension en championnat, consécutive à un coup de boule administré à Hans Cornelis lors du derby brugeois, Dorege (avec un e au milieu, contrairement à ce qu’on voit partout) Kouemaha (27 ans) sera opérationnel ce jeudi, face au PAOK Salonique. Un concours d’autant plus précieux qu’ Adrie Koster, n’a pas l’embarras du choix à la pointe de l’attaque suite au départ de Wesley Sonck au Lierse et à l’indisponibilité sur blessure de Joseph Akpala.

Le retour aux affaires du buteur camerounais (16 goals pour sa première saison en Jupiler Pro League en 2009-2010) présente une dimension particulière : il a un vieil £uf à peler avec cette équipe. Un contentieux qui remonte à cinq ans, époque où, pour ses débuts en Europe, il avait enfilé la casaque de l’Aris, l’ennemi juré du PAOK. Lors de son premier et seul derby, il subit des injures racistes sur le terrain et sa voiture incendiée au dehors. Il ne fit pas long feu là-bas : six mois et puis basta.

Il avait tapé dans l’£il du club hellène suite à son statut de meilleur réalisateur de la compétition camerounaise, 24 buts inscrits pour le Victoria Utd de Limbé sur l’ensemble de l’année 2004. Particularité : défenseur central de formation à Loum, il est passé milieu récupérateur à Lumière de Banka, en D2, avant d’officier comme avant-centre au Diap Banja. Chemin faisant, il a aussi travaillé tant et plus son gauche alors qu’au départ il était un pur droitier. Son jeu de tête, devenu une autre arme redoutable chez lui, a été développé pour se remettre d’une sale blessure au tendon d’Achille, héritage d’un coup de… machette malencontreux d’un copain ! Les médecins lui avaient préconisé des sauts… et le football fut mis un temps de côté au profit du volley !

Fondation Kouemaha

Dorege Kouemaha a de qui tenir. Son paternel, Ngalio Boniface, fut pendant des années le meneur de jeu de l’Unisport Bafang, l’un des tout grands noms du football camerounais au côté du Canon et du Tonnerre de Yaoundé, du Coton Sport de Garoua ou des clubs-phares de Douala, l’Union et le Caïman. Une carrière qu’il mena de pair avec un emploi municipal. De ses sept fils, deux ont marché sur ses traces : Dorege, le numéro quatre dans la lignée, et l’avant-dernier, Tchientcheu Tonton. Médian, âgé de 20 ans, il joue au sein de l’école de foot de la Fondation Kouemaha, créée par le joueur brugeois à Bafang. Tous les autres, en revanche, ont fait des études car à la maison, les parents étaient très stricts à cet égard. Le second prénom de Dorege, Rostand, est d’ailleurs une référence à l’auteur français qu’il fallait avoir lu dans la famille !

Dorege aurait aimé laisser tomber l’école en pleine adolescence, pour répondre à l’appel de la Gadji Sports Academy où avait été formé, entre autres, un certain Samuel Eto’o. Mais jusqu’au bout, à la demande du père, il combina le foot à une formation de menuisier-ébéniste. Ce n’est qu’après son passage au Victoria Utd Limbé qu’il fit du ballon rond son métier avec un salaire de 700.000 francs CFA à la clé par mois (environ 1.000 euros).

Après la Grèce, Dorege mit le cap sur la Hongrie avec des piges à Tatabanya et Debrecen (où en 2007-08 il eut comme coéquipier Ibrahima Sidibe, aujourd’hui à Saint-Trond). Si le Sénégalais aboutit immédiatement chez les Hesbignons, le Camerounais fit une halte supplémentaire avant de rallier la Belgique l’an passé : le MSV Duisbourg, en D2 allemande. Les Flandriens n’avaient pas de vues particulières sur lui : c’était surtout l’autre attaquant du MSV, Sandro Wagner, qui les intéressait. Mais son prix était hors de portée : 3 millions d’euros. Dorege, lui, pouvait être acquis pour trois fois moins et c’est ce qui fit pencher la balance.

L’attaquant dut s’adapter comme partout ailleurs. Avec des temps forts et des temps faibles. Jusqu’à son premier but, contre Westerlo, suivi d’un autre face à Zulte Waregem, etc. Au total, il allait marquer dans sept rencontres d’affilée en championnat. Idem, au demeurant, en Europe League avec 2 buts lors de la victoire (2-4) au Partizan Belgrade.

Dès ce moment, les dithyrambes fusent. Le stoppeur du FC Malinois, Jonas Ivens, le compare à… Emmanuel Adebayor. Le défenseur du Cercle, DenisViane, parle de lui en termes d’une ligne d’attaque à lui seul et enfin son compatriote Eric Matoukou, du Racing Genk, le définit comme le meilleur contre qui il a joué. L’ex-sélectionneur des Lions Indomptables, Paul Le Guen, l’incluait dans son noyau élargi en prévision de la Coupe d’Afrique des Nations, en Angola, et de la Coupe du Monde 2010. Par deux fois, les deux Achille ( Emana du Betis Séville et Webo du Real Majorque) eurent la priorité pour épauler Eto’o et Kouemaha. Mais vu les piètres prestations de l’équipe nationale du Cameroun lors des deux phases finales, le puncheur du Club peut toujours rêver d’un avenir à ce niveau.

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