RV en Australie

L’ancien champion analyse la fin de la saison.

17 millions d’habitants, une audience potentielle de 300 millions de personnes. Ces chiffres, ajoutés au paquet de dollars offerts par la ville portuaire chinoise, a convaincu l’ATP et la fédération internationale de faire disputer la Tennis Masters Cup à Shangaï. On a présenté l’épreuve comme le plus grand événement sportif professionnel jamais organisé en Chine et comme un test de plus en prévision des Jeux Olympiques de Pékin, en 2008.

Enthousiaste, le public a répondu présent, de même que les plus grands sponsors. Pourtant, le Masters retournera en Amérique pour la prochaine édition. Un lobbying intensif permet à Houston d’accueillir le tournoi, qui rassemble les huit meilleurs joueurs de la saison, pour deux années.

Après un passage à vide de cinq ans, le marché asiatique du tennis reprend cependant vigueur en République populaire de Chine. La fédération internationale de tennis y a mis sur pied un programme d’aide pour les entraîneurs et les juniors, afin d’assurer la promotion de son sport.

Toutefois, c’est sans doute le Thaïlandais Paradorn Srichaphan qui a le plus contribué à la popularité du tennis sur son continent. Paradorn, puisque c’est son véritable nom de famille, a gravi 110 échelons au classement mondial, cette année. Il a terminé sa saison en remportant deux tournois. Il est numéro 16. Le sympathique Thaïlandais a déjà obtenu une récompense: un joli geste des Thai Airways, grâce auquel son père et entraîneur et lui-même peuvent voyager gratuitement. Un vent de panique s’est levé quand on a suggéré que Paradorn devrait remplir ses obligations militaires l’année prochaine, mais une rapide intervention, en haut lieu, l’a fait bénéficier d’une clause d’exception.

Les performances d’une autre star en devenir, Fernando Gonzalez, ont également marqué l’année. Le nouveau numéro un du Chili a progressé de plus de 100 places à l’échelle mondiale. Son tennis dévastateur a fait belle impression. Le protégé de Horacio de la Pena, qui a pourtant été un styliste, dans le passé, a ajouté une nouvelle graduation au tennis en puissance. Il s’appuie sur un jeu de jambes exceptionnel pour bombarder ses adversaires de coups droits. Bilan: une 18e place au classement mondial, deux victoires en tournoi et le respect unanime du circuit.

Jiri Novak, une vieille connaissance, obtient également sa reconnaissance. Agé de 27 ans et père de trois enfants, il est parvenu à se qualifier pour le Masters, pour la première fois de sa carrière. Auparavant, il oscillait entre la 30e et la 80e place. Un nouvel entraîneur lui a rendu un second souffle. Un brillant début de saison, avec à la clef les demi-finales de l’Open d’Australie, a fait le reste. Le Tchèque, toujours paisible, n’a pas le rayonnement d’une vedette, mais il n’a pas de faiblesse non plus. Très solide mentalement, résolu, il est un formidable joueur de contre, très résistant. Un os.

Lleyton Hewitt n’a pas dû attendre longtemps pour reconduire son titre. Dans une finale meurtrière, sa volonté surhumaine n’a pas connu de limites, une fois de plus. Toutefois, il n’a pas été dépourvu de chance dans les poules.

Carlos Moya a bien joué le jeu, dans un match épuisant contre Albert Costa, renvoyant dans leur patrie ibérique un concurrent direct de Hewitt pour une place dans les quatre meilleurs. Moya a sans doute été le joueur le plus marquant de ces dernières semaines, si ce n’est de toute l’année. Il a gagné quatre tournois, s’est qualifié pour d’autres finales et a battu à quatre reprises le numéro un mondial. Il estime mieux jouer qu’en 1999, la saison durant laquelle il a momentanément été numéro un. L’Espagnol originaire de Majorque est revenu dans le top dix et a été repris par People Magazine dans le top-50 des hommes les plus sexy du monde. Il a dû surmonter de nombreux problèmes au dos et semble maintenant au faîte de ses aptitudes physiques. Adulé par les Chinoises, le blond joueur réside actuellement à Genève, où il rencontre de temps en temps Roger Federer.

Federer Express a obtenu la sixième place mondiale cette année. On ne peut toutefois se défaire de l’impression qu’il pouvait mieux encore. Le Suisse, bourré de talent, a brandi trois trophées cette saison mais il a accusé le coup en été, se faisant éliminer au premier tour de Roland Garros puis de Wimbledon. L’élève de Peter Lundgren, partisan d’un tennis classique, doit gommer ces irrégularités de son jeu pour viser le top trois. Les performances de son club favori de football, le FC Bâle, semblent l’avoir quand même inspiré: il a placé sa marque sur la fin de la saison, produisant un tennis brillant aux Masters, comme on l’a vu dans sa finale, à couper le souffle, face à Hewitt.

Ferrero, un garçon très modeste qui reste à l’arrière-plan malgré deux victoires et une finale à Roland Garros, a créé la surprise en battant son ami Moya. El Mosquito avait un avantage, il est vrai: il avait répété son tour de force six semaines auparavant. En finale, à Hong-Kong, il avait vaincu Moya avec brio. Il a réédité cet exploit, à la force du poignet, comme c’est souvent le cas dans ces matches entre Espagnols. La surface de jeu, très lente, et la bizarrerie des balles -Hewitt les a comparées à des melons- ont donné lieu à des échanges très longs, dont a raffolé le patient public chinois.

Andre Agassi, opposé à Nowak, a rapidement pu enterrer son ambition de terminer l’année en numéro un. Après son deuxième revers, contre Ferrero, il a invoqué comme excuse une blessure, invisible, à la hanche, avant de s’éclipser. Seule une vedette comme Agassi peut se permettre un tel comportement, qui entache quand même une saison fantastique. Jusqu’à la fin, l’Américain s’est battu pour la première place, avec une belle régularité. Il a allié un tennis éblouissant à des résultats convaincants, avec cinq titres et la finale à l’US Open. Agassi ne laisse planer aucun doute: la saison prochaine, il tentera une nouvelle fois de s’approprier le Masters. Il n’a plus triomphé dans ce championnat du monde officieux depuis 13 ans!

Le retour de Rafter et, dans une moindre mesure, d’ Ivanisevic, procure au tennis masculin une injection de jeu offensif et de personnalité, même si on assiste à un renouvellement des générations: la finale des Masters s’est jouée entre deux joueurs d’une vingtaine d’années. Mais le tennis manque de caractères, sur le court comme en dehors.

« Moya, le plus marquant en 2002 »

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