Rupture de Mbaye: pourquoi les méthodes de Leye n’ont-elles pas fonctionné au Standard ?
Maintenu à flots depuis plusieurs mois par le soutien présidentiel et de rares séries de résultats positifs, Mbaye Leye paie l’addition de neuf mois de flou tactique et de conflits internes.
Dans la panique d’un vendredi soir démesurément agité derrière les Casernes, Mbaye Leye ne semble plus trouver les mots. La parole sera aux supporters, envoyés en petit comité par le Supporter Liaison Officer du club à la rencontre des joueurs après que le coach sénégalais a achevé son engueulade de mi-temps, pointant du doigt les joueurs et se dédouanant du même coup. Des méthodes trop récurrentes quand les choses tournent mal, aux yeux d’une partie du vestiaire qui écoute les lamentations de l’entraîneur d’une oreille discrète.
L’aventure de Leye aurait même pu être plus courte, si Venanzi n’avait pas apporté un soutien appuyé à son entraîneur en fin de saison dernière.
En interne, certains surnomment ironiquement Leye » Mourinho« , moquant des consignes tactiques qui disent trop souvent tout et son contraire dans la même phrase, alors que d’autres préfèrent les surnoms de dictateurs divers pour dépeindre des méthodes à sens unique peu en phase avec la nouvelle génération. De jeunes, il est pourtant abondamment question dans la nouvelle politique du Standard, et leur intégration massive au projet liégeois n’aura sans doute pas aidé un coach qui, lui aussi, a multiplié les erreurs de jeunesse au cours des neuf mois de son mandat.
L’aventure aurait même pu être plus courte, si Bruno Venanzi n’avait pas apporté un soutien appuyé à son entraîneur en fin de saison dernière, lors du fiasco des play-offs 2 qui avait amené une partie des décideurs à appeler à une fin de collaboration. Aux yeux du président, Leye méritait une « vraie » chance pour avoir redressé une situation compromise par les dernières semaines de Philippe Montanier en qualifiant les Rouches pour le top 8 et la finale de la Coupe de Belgique. Ses détracteurs répondaient qu’une fois l’organisation défensive installée par le coach français évaporée, il ne restait plus grand-chose de cohérent dans la tactique mise en place sur la pelouse de Sclessin. Au cours de ces fameux play-offs 2, d’autres pistes sont d’ailleurs déjà envisagées en interne pour entamer la saison suivante, malgré un contrat prolongé dans la foulée de la défaite face à Genk au stade Roi Baudouin.
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LEYE VS NICAISE
Mbaye Leye conclut le printemps par des requêtes répétées, notamment après une douloureuse défaite face à Malines qui lui permettait de prendre l’exemple de Nikola Storm pour réclamer des ailiers capables de faire la différence par une action. En attendant l’arrivée d’ Aron Dønnum, Leye prépare son équipe en 3-5-2 lors de la préparation, et passe ensuite en 4-4-2 losange malgré le retour de prêt de Denis Dragus et le transfert du Norvégien, jusqu’ici décevant mais jamais vraiment mis en confiance. Le signe le plus visible d’une fracture manifeste entre Leye et Benjamin Nicaise, le directeur sportif des Rouches. La relation entre les deux hommes était rapidement devenue inexistante, malgré les tentatives récurrentes d’ Alexandre Grosjean de concilier les points de vue entre les deux trajectoires de la ligne de conduite sportive du club.
Dans la foulée de la défaite à domicile contre Saint-Trond – un club qui avait déjà sifflé la fin de l’aventure de son protégé Philippe Montanier – c’est pourtant Nicaise qui trinque. Une rencontre avec les supporters, planifiée de longue date pour faire le point sur l’évolution du club, se transforme en réunion de crise au cours de laquelle Venanzi promet à ses Ultras la tête du directeur sportif, réclamée la veille par des chants en tribunes. En vacances et donc absent lors de cette rencontre, le Français est averti à distance de la décision: une mise à l’écart pas encore officialisée à l’heure d’écrire ces lignes, et une prise de position présidentielle qui semble alors réchauffer la relation avec Mbaye Leye. Jusqu’à ce que la déconvenue malinoise passe par là, et rende impossible la poursuite de la collaboration avec un coach vraisemblablement lâché par son groupe.
ET MAINTENANT?
Avant même de connaître le verdict du déplacement derrière les anciennes Casernes, la direction semblait néanmoins avoir pris les devants. Bruno Venanzi en personne a ainsi contacté Will Still, analyste vidéo des Rouches à l’époque de Yannick Ferrera, pour le convaincre d’intégrer son staff en tant que T2 de Leye alors que le Brabançon était déjà en négociations très avancées avec l’Anderlecht de Vincent Kompany, également en quête d’adjoints. L’objectif de la manoeuvre était d’ajouter une touche tactique et moderne à un staff sportif qui ne brillait pas aux yeux des joueurs par la qualité de ses séances ou de son approche des matches, souvent perturbée par des changements de système à répétition et des consignes contradictoires. Surtout, il fallait un véritable contrepoids dans les décisions, là où Leye s’était entouré d’un staff où les remises en question de son travail étaient rares.
La décision avait beau être devenue inéluctable, le départ de l’ancien attaquant ne résoudra pas tous les problèmes d’un Standard qui semble bien englué dans sa crise. « Pour remettre tout le monde à l’endroit en une dizaine de jours, il ne faudra pas prendre n’importe qui », raconte-t-on ainsi depuis le vestiaire principautaire. Un dossier de plus sur le bureau de Bruno Venanzi, de plus en plus fortement impliqué dans une recherche d’investisseurs qui semble être entrée dans sa phase décisive au point de le faire voyager de l’autre côté de la Manche ou dîner en prestigieuse compagnie. Sans oublier, visiblement, de faire le ménage dans sa maison liégeoise.
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