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RÚNAR KRISTINSSON

LOKEREN

MON QUARTIER

Le quartier où j’ai grandi s’appelle officiellement Breidholt, mais les Islandais le surnomment le Harlem de Reykjavík. Breidholt est un quartier qui a été construit à l’époque de mon enfance. Mes parents s’y sont établis, avec mes trois frères et moi, lorsque j’avais six ans. Avant cela, ils habitaient dans le vieux centre-ville, mais l’appartement était devenu trop exigu, et comme les loyers étaient moins élevés à Breidholt, ils pouvaient s’y permettre un flat plus spacieux. D’autres ont eu la même idée : beaucoup de personnes fragilisées socialement se sont également établies à Breidholt, vu les prix plus abordables. La plupart des gens logeaient dans de grands blocs d’appartements. C’était très différent de l’endroit où nous habitions avant, où tout le monde se connaissait. A Breidholt, il fallait se battre pour se faire une place au soleil, que ce soit à l’école ou dans le voisinage, mais cela m’a endurci.

NOTRE PEUPLE

Les Islandais doivent travailler dur pour gagner leur vie, et ils n’épargnent pas leur peine, car ils rêvent tous d’une belle maison et d’une belle voiture. Mes compatriotes sont très exigeants envers eux-mêmes. C’est une source de stress car, à côté du travail, ils mènent aussi une vie familiale intense. En Islande, tout le monde est très proche l’un de l’autre. Donc, c’est une fête d’anniversaire aujourd’hui, une réunion familiale le lendemain et la visite d’amis qui viennent prendre le café le surlendemain. Il y a quelque chose tous les soirs. D’un côté, c’est agréable, d’un autre côté c’est parfois pesant.

MES LOISIRS

J’aime pêcher le saumon en Islande. Mais il faut réserver sa place longtemps à l’avance. Dans mon pays, on trouve une dizaine de rivières où le saumon est abondant. Pour prendre place le long de la berge, les prix peuvent monter jusqu’à 1.000 euros par jour. Cela s’explique par le fait que l’on ne peut admettre qu’un nombre limité de pêcheurs en même temps : quatre ou cinq, tout au plus, sur quelques kilomètres. La rivière est accessible de six heures du matin à une heure de l’après-midi, puis de 15 heures à 21 heures. Entre ces deux périodes, les poissons ont droit à un moment de répit. Généralement, la pêche au saumon est réservée aux plus nantis et aux étrangers. Le Roi de Norvège vient une fois par an, et on a déjà aperçu Peter Gabriel et Roman Abramovitch également. Il y a aussi des banques qui achètent des emplacements le long de la rivière pour leurs clients. Car après la pêche, vient le temps du business.

MA SECONDE RÉSIDENCE

J’ai une maison à Reykjavík et également une seconde résidence à Skógar, que je partage avec des amis. Elle est située tout près de l’Eyjafjallajökull (le fameux volcan qui était entré en éruption en 2010 et avait paralysé le trafic aérien, ndlr). Là-bas, à Skógar, je peux évacuer la pression, en me promenant dans les bois ou le long de la chute d’eau, la Skógafoss. De nombreux habitants de la capitale possèdent une seconde résidence, à une ou deux heures de route de Reykjavík. Lorsque j’étais enfant, mes parents m’emmenaient souvent dans ces endroits. Mon père travaillait dans une société de télécommunication, qui possédait plusieurs résidences d’été que les employés pouvaient occuper pour un loyer modique. Lorsque le trajet était trop long, nous nous arrêtions en cours de route pour faire du camping.

MON HÉROS

Le meilleur footballeur islandais de tous les temps est Eidur Gudjohnsen. Je suis admiratif devant ses exploits : il a joué à Chelsea et à Barcelone, et il a remporté la Premier League et la Ligue des Champions.

CURIEUX EN BELGIQUE

Au début, lorsque je me suis établi en Belgique alors que mon fils jouait à Lokeren, je trouvais étrange que l’on buvait déjà de la bière à 10h30 du matin à la cafétéria du stade. En Islande, jusqu’en 1989, il était interdit d’importer ou de vendre de la bière. Aujourd’hui encore, on n’en trouve pas dans les supermarchés, il faut se rendre dans un magasin spécialisé pour en acheter. Beaucoup d’Islandais approuvent cette mesure destinée à prévenir les dangers de l’alcool, mais certains regrettent que l’on ne trouve toujours pas de vin dans les supermarchés. La question fait débat. Personnellement, je trouve que c’est une bonne chose de ne pas trouver de vin à tous les coins de rue.

KRISTOF DE RYCK

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