Rudi la fureur

Reynaldo est parti mais le Cercle a su trouver avec le Portugais un brillant dribbleur et un passeur de classe.

Il y a un an et demi, Carlos Wilson Cachicote Da Rocha (22 ans), surnommé Rudi, évoluait encore dans l’anonymat de la D3 portugaise, dans un club des Açores, à 1.600 kilomètres du continent. Après un arrêt à Lisbonne, il a atterri à Bruges et devient le quatrième Portugais du Cercle, après Nuno Reis, Renato Neto et Amido Baldé.

Deux s£urs, sept frères

Rudi est né en janvier 1989, dans une banlieue de Lisbonne. Il s’appelle Carlos Wilson mais on le surnomme rapidement Rudi, car il ressemble beaucoup à son grand-père. Fils d’une Angolaise et d’un Portugais, il a eu une jeunesse chaleureuse mais pas toujours facile. Ses parents ont en effet élevé dix enfants : deux filles et huit garçons, dont Rudi et son jumeau Aires.  » Notre famille était très vivante. Tous les enfants étaient dotés d’un fameux caractère « , raconte Rudi.  » Mon frère aîné a émigré en Angleterre au terme de ses études. C’est à mon tour de m’expatrier pour réaliser mon rêve.  »

Rudi a compris que son avenir résidait dans le football dès sa tendre enfance.  » J’ai le football dans le sang. Mon père avait six frères, qui ont tous joué, en amateurs.  » Bien que les académies de Benfica et du Sporting Lisbonne se soient renseignées à son sujet, le talentueux Portugais est resté dans les équipes d’âge de l’Atlético CP, un club semi-pro de D3 de la capitale portugaise.  » J’ai effectué mes débuts en équipe-fanion à 16 ans, au c£ur de l’entrejeu. Ensuite, j’ai occupé un poste plus offensif, derrière les attaquants ou sur le flanc. « 

Depuis 2005, Rudi a changé d’équipe chaque saison. Son odyssée en D3 l’a conduit des environs de Lisbonne à l’intérieur du pays et même aux Açores.  » Faute d’argent, la plupart des clubs de D3 de mon pays ne peuvent offrir de contrats professionnels. J’obtenais chaque fois un contrat amateur d’une saison. L’année dernière, je suis retourné à l’Atletico, mon tout premier club, et j’y ai trouvé mes marques. J’ai retrouvé mon frère jumeau, qui évolue en défense. « 

Sous l’impulsion d’un brillant Rudi, l’Atletico Lisbonne a été promu en Liga de Honra, la D2 portugaise, l’année dernière.  » Il émergeait de la tête et des épaules « , relève Luis Evilas, le journaliste qui couvre tous les matches de l’Atletico pour le compte du quotidien sportif Record.  » Les actions rapides de Rudi donnaient des maux de tête à tous ses adversaires. L’entraîneur l’alignait parfois à droite, parfois à gauche mais il est meilleur à droite. Il a inscrit un des buts décisifs pour la promotion d’une superbe bicyclette contre União Madeire.  »

Une décision surprenante

Quelques semaines après ce but, Rudi reçoit un coup de téléphone qui va tout changer. A l’autre bout du fil, Renato Neto, ex-joueur du Sporting Lisbonne :  » Il m’a expliqué que le Cercle s’intéressait à moi et que tant l’équipe que la ville étaient chouettes. « 

C’est un manager qui collabore de temps à autre avec le Cercle qui a renseigné Rudi. Vérifications faites, le Cercle est séduit. Rapide, créatif, fin dribbleur, le joueur possède les qualités qui ont fait le succès de Reynaldo, retourné à Anderlecht pendant l’intersaison. La D3 portugaise n’est pas le terrain habituel de recrutement d’un club moyen de Belgique mais Rudi peut s’intégrer plus aisément grâce à la présence des joueurs loués par le Sporting Lisbonne.

 » D’autres clubs s’intéressaient à Rudi, dont quelques portugais de D1 « , explique Yvan Vandamme, le managing director du Cercle.  » Nous avons laissé Neto prendre le premier contact. Nous jugions préférable qu’un collègue footballeur explique à Rudi pourquoi le Cercle constituait une bonne étape pour lui.  »

Le premier mois de Rudi en Belgique a été rassurant, de même que sa préparation et ses premiers matches. Le Cercle et le joueur ont réalisé qu’ils avaient vraiment un avenir commun.  » Rudi s’intègre bien « , confirme son coéquipier Lukas Van Eenoo, qui ajoute :  » Il apporte un surplus de qualité. Son passing est le meilleur du groupe. Il mystifie aussi très facilement son adversaire. Sa mentalité et son sens du travail m’ont frappé. Les dribbleurs attendent souvent le ballon mais Rudi assume sa part de travail défensif.  »

D’après Luis Evilas, Rudi a pris une décision surprenante mais positive en signant au Cercle.  » La presse portugaise va le perdre de vue mais pas les scouts. Ils visionnent régulièrement les jeunes portugais loués au Cercle et ils ne travaillent pas uniquement pour le Sporting Lisbonne. Rudi a éclos sur le tard mais il possède un tel potentiel qu’il peut faire fureur au plus haut niveau, en Belgique comme au Portugal. « 

PAR BREGT VERMEULEN – PHOTO: PHOTONEWS

 » Ses actions rapides donnent des maux de tête à l’adversaire.  » Luis Evilas

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