Royal Football Club Magazine

Nous avons créé un club fictif au budget de 5.000.000 d’euros. Germain Landsheere, de la Commission des licences de l’Union Belge, nous a dit s’il tiendrait la route ou non.

Un sourire se dessine sur les lèvres de Manu Ferrera: « Votre club, je l’entraîne avec plaisir. Il y a de tout dans ce groupe: du métier, des jeunes, de la classe, de la vitesse ». Le capitaine du RFCM, Olivier Suray partage le même enthousiasme et précise: « Cette équipe devrait se mêler à la lutte pour la troisième place en D1. Mitu en est la star ».

Manu a choisi avec soin son équipe de base. Le noyau est intéressant. L’enveloppe réservée à la masse salariale (2.750.000 euros) représente 55% d’un budget de cinq millions d’euros qui ferait le bonheur de pas mal de clubs de D1. « Avec cela, on peut aller loin », avance Manu Ferrera.

Les indicateurs économiques sont généralement à la baisse et des clubs qui tournaient avec un budget de sept millions d’euros ont progressivement réduit la voilure. Ils se contenteront souvent de quatre millions d’euros, si pas moins, pour le prochain exercice qui chaque saison court du 1er juillet au 30 juin de l’année suivante. La masse salariale de ces clubs au régime ne dépassera plus les deux millions d’euros.

Sur le marché des transferts, il y a désormais une foule de joueurs libres, sans contrat, et les prétentions baissent d’autant plus qu’on trouve des joueurs gratuits en Afrique, dans les pays d’Europe orientale, en Hollande, en Scandinavie, etc. En Belgique, des clubs payent leur manque de flair dans le choix des renforts. Beaucoup de joueurs ont reçu de bons contrats à long terme. L’espoir était de les revendre. Mais le marché des transferts s’est effondré.

Derrière chaque nom du groupe confié à Manu Ferrera, nous avons noté ce que le footballeur en question coûte au cluben salaire brut, primes, voiture, logement, fonds de pension, etc. Ces montants sont actuellement d’application en D1.

Gardiens de but:

Silvio Proto 125.000 euros

Dimitri Habran 75.000 euros

Wilfried Godart 50.000 euros

Défenseurs

Onder Turaci 150.000 euros

Thierry Siquet 125.000 euros

Olivier Suray (capitaine) 125.000 euros

Ivica Dragutinovic 310.000 euros

Ngoy Filston 50.000 euros

Claude Kalisa 50.000 euros

Yanick Vervalle 50.000 euros

Edwin Ouon 60.000 euros

Médians

Grégory Dufer 125.000 euros

Marc Schaessens 150.000 euros

Yves Vanderhaeghe 310.000 euros

Marius Mitu 175.000 euros

Christophe Grégoire 125.000 euros

Christopher Fernandez 50.000 euros

Thibau Detal 50.000 euros

Yaya Touré 60.000 euros

Attaquants

Sambegou Bangoura 150.000 euros

Stein Huysegems 200.000 euros

Patrick Goots 135.000 euros

Aloïs Nong 50.000 euros

Masse salariale totale 2.750.000 euros

Manu Ferrera a un bon noyau mais la comptabilité d’un club ne se limite pas à la masse salariale de son noyau. Il y a beaucoup d’autres dépenses (personnel, infrastructures, voyages, etc.) qui font pencher la balance vers les ennuis ou un budget en équilibre. Dans le cas présent, le budget du club est de cinq millions d’euros. Les clubs cherchent des idées. Le RFCM en a trouvé une qui n’a pas encore été exploitée en Belgique: le nom du stade est cédé à un sponsor pour un an. Feu vert ou feu rouge?

Les licences d’aujourd’hui et demain

Germain Landsheere, trésorier de l’Union Belge, préside la Commission des licences qui, en plus de lui, est composée de six personnes choisies par les clubs de D1, D2 et de D3. Deux représentants ont été élus par chaque ligue mais il n’y a aucun francophone parmi eux. Les demandes de licence ont été introduites au plus tard pour le 1er mars.

« Avec le temps, c’est devenu de la routine pour les clubs », dit-il. « Ils connaissent la méthode à suivre. Une copie a été remise à chaque membre de la commission. Ils l’examinent individuellement avant la première réunion de la commission le 13 mars. Ce jour-là, les clubs ayant obtenu directement leur sésame seront avertis. Restera à régler le cas des autres. Ils prendront connaissance des éclaircissement à nous apporter dans le deux jours. Le plus souvent, il s’agit d’un simple document que les clubs peuvent même nous envoyer par fax. Si c’est fait comme prévu, pas de problèmes pour eux. Le 17 mars, la liste des clubs ayant une licence de D1 sera complétée. Cela dit, il reste, pour le ou les recalés, une possibilité de se porter en appel ou, plus tard, en évocation ou en cassation. Mais, contrairement à ce qui avait encore cours la saison passée, l’appel, et les pas supplémentaires, ne peuvent s’appuyer que sur le dossier de la demande de licence. L’année passée, il était encore possible d’introduire un nouveau dossier en appel. Pour le moment, l’examen est organisé autour de cinq axes:

1.salaires dus aux joueurs avec preuves de payement. A noter: les entraîneurs ne sont pas concernés. Un club peut avoir une dette à l’égard de son coach mais cela posera pas de problème pour l’obtention de la licence. Ce ne sera plus le cas la saison prochaine avec la licence UEFA.

2.ONSS.

3.Précompte professionnel et autres cotisations patronales.

4.TVA.

5.Dettes fédérales.

Si les clubs peuvent justifier ces postes, pas de problèmes. La donne se corsera la saison prochaine. Il s’agira alors de décrocher la licence UEFA. Au départ, selon les directives de l’organisme continental, il était possible de n’imposer cette obligation qu’aux clubs qualifiés pour une Coupe d’Europe. Mais, comme elle en avait le droit, la Ligue Pro a étendu la règle à tous les clubs de D1. Il s’agira alors de passer le bilan (actif, passif) et les comptes d’exploitation au crible. Le budget devra absolument être sous contrôle. Si la licence UEFA avait été imposée tout de suite, la moitiédes clubs de l’élite seraient passés de vie à trépas. La transition actuelle est donc une bonne chose ».

Le feu vert de l’Union Belge

Landsheere: « En ce qui concerne la demande de licence du RFCM, je dois dire que la qualité du dossier m’épate vraiment (il rit). Le RFCM dévoile déjà sa comptabilité, c’est bien. Je constate que le budget (5 millions d’euros) est relativement élevé. La moitié des clubs de D1 tourneront avec un budget de trois millions d’euros, ce qui est suffisant si on contrôle bien les dépenses, surtout les remboursements de dettes. Or, je constate que le RFCM a prévu 500.00 euros dans ses dépenses pour des remboursements de dettes. Enorme et à éviter si possible. Quand j’étais à la tête de Waregem, je ne voulais pas de dettes qui m’empêchent de dormir. J’avais même une 18ème recette par championnat: les intérêts de l’argent que je plaçais à la banque. Actuellement, beaucoup de clubs ont trop de joueurs. J’estime qu’il y a 180 joueurs non utilisés mais payés par les clubs: cela représente un montant énorme qui ne peut pas être investi ailleurs en D1.

Le RFCM bénéficie gratuitement d’un stade communal. C’est bien et cela devrait être le cas de tous les clubs qui le désirent car une présence en D1, c’est la garantie d’un taux de notoriétépour la ville de l’équipe.

Au rayon des recettes, je découvre une nouveauté: un sponsor peut donner son nom au stade. C’est évidemment une excellente idée mais je ne sais pas si c’est envisageable dans le cas où le stade, comme c’est le cas du RFCM, appartient à la ville. A mon avis, une cité qui soutient un club à fond s’accroche à l’appellation historique du stade ou y glisse le nom de la ville. C’est normal mais je sais aussi que l’argent est le nerf de la guerre et que tout change vite dans la société actuelle. Alors, s’il est possible d’offrir le nom d’un stade, ou des tribunes, à un sponsor, pourquoi pas? Le RFCM a certainement dévoilé une piste à suivre.

Pour le reste, cette comptabilité est tout à fait parfaite, bien tenue avec une foule de détails. Tout est prévu et prouvé. Vous savez, si j’étais encore dirigeant de club, j’aimerais être le manager du RFCM. C’est tout dire, non? Pas de problème pour le RFCM: c’est O.Kpour la licence de D1″.

Pierre Bilic

« Il y a actuellement 180 joueurs pros payés et non utilisés en D1 » (Germain Landsheere)

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